Enemy
Vu la semaine dernière, j'avais oublié d'en parler et c'est en soi déjà un crime tant le film relève du chef d'oeuvre (bon, il faut bien cogiter dessus une semaine pour se faire un avis).
Dennis Villeneuve, après un "Prisoners" auréolé de succès, revient avec un film bien différent. Pour la petite histoire, Enemy avait été écrit et réalisé avant (c'est de là qu'ils se connaissent avec Jake Gyllenhall) mais face à un petit budget et aux attentes de Warner pour Prisoners, c'est ce dernier qui est sorti avant. Chose peut-être positive car il y a peu de chance que le public se serait penché sur un film aussi introspectif et expérimental qu'Enemy sans ça.
Qu'on se le dise, Enemy est loin de ce que laisse sous entendre sa BA. Ce n'est pas un
Polar ou un film d'anticipation du pauvre type affreusement normal rencontrant un jour son double et cherchant à comprendre. Ceci est la face immergée de l'iceberg et je ne pourrais malheureusement en dire plus sous peine de spoiler des éléments trop importants.
Filmé dans une ville de
Toronto monstrueusement polluée, opaque et maladive, Enemy est lent, très métaphorique et ne s'adresse pas à tous. Peu de dialogues, un personnage complètement torturé et perdu, des personnages féminins eux aussi en proie aux doutes (sublime Mélanie Laurent, qu'on a rarement vu aussi...dénudée) et un scénario qui tisse lentement sa toile.
L'utilisation des métaphores est visuelle, et pas juste symbolique, rendant la compréhension parfois ardue, notamment sur un plan final incroyable où toute la salle s'est regardé avec en tête un énorme "What the fuck ? ? ?". Difficile d'en dire plus mais après réflexion, en regardant un peu sur internet, se penchant sur le livre dont est tiré le film et en refaisant les multiples scènes clés du film, on comprend peu à peu la vérité sur le film, bien que l'interprétation personnelle soit primordiale.
Un film choc, dont on aura forcément un avis tranché. Mais surtout un film intelligent, osé et repoussant très loin le formatage Hollywood avec un pur délice. Ce type de film qui confère au génie et qui est capable, au choix, de mettre en exergue un réalisateur ou alors de le détruire complètement avec un flop en beauté. Un risque donc, et qu'est-ce que c'est bon de nos jours !
Welcome to the Desert of the Real