Ok, on s'est mal compris.
Tiens, voiçi ma chro' de cet album en prime.
Iron Butterfly
In A Gada Da Vida (1968)
Parmi tous les monstres de 33T engendrés par les si prolifiques sixties,
il en est peut-être un qui trône au dessus des autres, non seulement en
raison de l’impact irréversible qui a du être le sien à l’époque de sa
sortie (1er disque de platine de l’histoire du rock) mais aussi pour
être parvenu à fusionner, à l’image du nom de son géniteur, la plume et
le plomb. Si l’objet n’a peut-être pas parfaitement bien vieilli, il
recèle pourtant quelques charmes dont l’éclat, atténué par l’ombre d’une
seconde face écrasante, n’en demeure pas moins inégalé. Ce sera donc
sur cette première face que je vais m’attarder. Deux éléments lui
confèrent tout d’abord une saveur particulière et inhabituelle. D’une
part, la voix grave de Doug Ingle, parmi les plus puissantes (et
inquiétantes) du rock des années 60. D’autre part, un orgue aux relents
solennels voire funèbres, porté beaucoup plus en avant que sur Heavy, leur précédent opus, au détriment de la guitare qui ne se
prive pourtant pas d’égrener, au détour de plusieurs morceaux, quelques
fluides volutes de notes dans la plus pure tradition psyché. Coulant de
sources, ces morceaux se frayent un chemin entre puissance et
raffinement, au gré de mélodies parfois subtiles et de rythmes souvent
entêtants. Les modulations harmoniques, simples, associées à des
arrangements sobres et pertinents, donnent au tout des allures de
psychédélisme racé. Ce qui n’exclut pourtant pas certains
rebondissements, comme par exemple ce final planant sur Flowers and beads, où les choeurs féminins prennent
soudain la relève de ceux masculins, pour clore au son d’un orgue
d’église, une enflammée et langoureuse déclaration d’amour. Et parmi ces
5 morceaux qui évoluent tous dans une atmosphère étrange, évocatrice
d’une Californie transportée dans une brumeuse et lointaine époque
gothique, surnage l’incroyable My mirage, à la mélodie implacable et évoquant une lointaine
hallucination, ballottée par la langueur d’un lourd rythme ska ralenti
et parsemé de ruptures gracieuses. Les morceaux de cette première face, à
l’atmosphère puissante et originale, entre élans psychédéliques
ascensionnels et sombres dégringolades heavy, évoquent, quelque part, la
chute originelle, donnant bel et bien à In A Gadda Da Vidda l’allure d’un véritable
concept-album. Et le monolithique morceau de la face suivante, par le
contraste complémentaire qu’il forme avec ceux-ci, confère un côté
épique à ce disque, achevant d’en faire un des monuments incontournables
du rock de la fin des années 60, préfigurant à lui seul la naissance à
la fois du hard rock, du rock progressif voire de la musique gothique.