Pagan / Folk Metal >> Hávamál
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Samedi 30 Juillet 2011 - 15:15:02
Oki
J'avais dût mal comprendre Ton premier post alors désolée.

Samedi 30 Juillet 2011 - 17:09:28
Je vais parler des deux derniers textes puisque personne ne l'a encore fait.

Quatrième strophe : Les festins étaient très prisés des anciens scandinaves. On faisait la fête pour n'importe quoi, parfois pour célébrer le beau temps, des massacres, des naissances etc... Le banquet était le moment propice aux nouvelles rencontres et les invités venaient parfois de loin, il fallait donner une bonne image de celui qui recevait les invités. L'hôte doit pourvoir à tous les besoins de ses invités, et se taire lorsqu'il parle.

Pourquoi se taire ? Déjà car c'est la moindre des politesses, mais également car les invités avaient souvent des histoires à raconter. Le génie conteur du Nord, comme le nomme ainsi bien le professeur Régis Boyer, était un maître dans son art de raconter les histoires. Ce devait être, à l'époque, bien plus intéressant d'écouter les histoires que de regarder les conneries qui passent à la télévision.

Cinquième strophe : les scandinaves sont de grands voyageurs, les plus grands qui aient existé à l'époque. Quitter son foyer était le meilleur moyen de découvrir le monde. Óðinn nous montre que la sagesse ne s'aquiert pas facilement, et qu'il faut parcourir le monde pour enrichir ses connaissances.


Samedi 30 Juillet 2011 - 19:25:36
Ah cela fait plaisir de voir quelqu'un s'y interesser, l'edda poétique représente un fabuleux témoignage de l'histoire du peuple viking! Je te remercie NerZhul tu as l'air bien calé sur le sujet, ne voulant tomber dans un monologue pathétique je me suis abstenue de commentaire et j'ai enchainé! Je trouvais surprenant que le forum réservé aux vikings ne mentionne pas cet ouvrage.

Ce qui peut être sympathique c'est également d'en tirer des interprétations valables pour notre quotidien...

Le premier nous rappelle de rester sur nos gardes et qu'il est dangereux de se croire en terrain conquis lorsqu'on arrive quelque part...
Le second qu'il faut faire bon accueil au nouveau venu qui a probablement beaucoup à nous apprendre...
Le troisième que se montrer hospitalier est la moindre des choses.
Le 4ème symboliserait le fait de s'avoir s'effacer pour permettre au nouveau venu de se faire un place et de se sentir bien.
Quand au 5eme qu'il faut se montrer vigilent face à la nouveauté que l'inverse ne pourrait que montrer notre sottise face aux personnes ayant déja de l'expérience...

Bref ce ne sont que mes interprétations. Donc n'hésitez pas à vous lancer dans vos ressentis même hasardeux nous en débattrons, quand aux plus cultivés sur le sujet (comme NerZhul vient de nous le montrer) c'est un grand plaisir d'en apprendre plus sur ce fabuleux peuple qui en si peu de temps à laissé tant de traces.

Pour ma part ma bibliographie se limite à l'edda poétique et au livre "les vikings" de Regis Boyer, mais je compte bien me rattraper notamment sur la mythologie nordique et la pratique des runes.

6. De sa sagesse
On ne devrait pas se vanter,
Mais être sur ses gardes :
Quand on est sage et taciturne,
On revient chez soi,
Rarement malheur advient au sage
Car on ne trouve jamais
Ami plus constant
Qu'une grande intelligence.



Samedi 30 Juillet 2011 - 19:36:30
Je vais surveiller ce sujet, c'est intéressant et cela m'évitera d'aller poster des messages inutiles sur d'autres sujets !

Je suis tout à fait d'accord avec tes interprétations. Les Hávamál sont très complexes mais on peut toutefois y discerner une simplicité qui s'applique parfaitement avec nos habitudes au quotidien.

En ce qui concerne ta bibliographie Bloodymarylin, n'hésite jamais à te procurer d'autres ouvrages. As-tu déjà lu la littérature caractéristique des nordiques : les Sagas ? Si non, je te conseille fortement d'en lire au moins une. C'est écrit dans un style très différent de la littérature que l'on peut lire aujourd'hui (ou même ailleurs à la même époque). J'ai commencé avec la Gísla Saga Súrssonar (La Saga de Gísli Súrsson) et j'ai tout de suite accroché au style.

En ce qui concerne les runes, je les ai un peu étudiées mais, hélas, le programme que je suivais ne permettait pas d'approfondir le sujet.

Je vais relire vite-fait les Hávamál pour me remettre dans le bain. Il serait préférable d'attendre quelques autres réponses avant de continuer notre périple.


Samedi 30 Juillet 2011 - 19:45:07
Oui on va laisser le sujet prendre, merci pour les infos je venait justement de t'envoyer un mp dans ce but!


Lundi 01 Août 2011 - 13:39:35
Juste une petite parenthèse :

( Merci Bloody c'est vraiment une bonne initiative. Une très bonne idée ! )

Lundi 01 Août 2011 - 22:58:47
Merci c'est dommage que peu s'y intéressent...

7. Que l'hôte prenne encore garde
Qui vient au festin.
Ouïe fine et silencieux,
Ses oreilles écoutent
Et ses yeux examinent
C'est ainsi que tout sage s'enquiert.


Lundi 01 Août 2011 - 23:02:37
Ce n'est pas dans notre culture aussi, donc forcément ça restreint un peu le publique. Personnellement je vais laisser notre amis NerZhul analyser ces textes car il le fait très bien..mieux que moi en tout cas

Mardi 02 Août 2011 - 10:53:35
Il est vrai que NerZhul suit des études universitaires d'Islandais, et je suis vraiment contente qu'il suive le sujet! Toutefois du moment qu'on s'interesse à la culture des anciens pas besoin de maitriser le vieux norrois ou d'écrire une thèse vu que des personnes très compétentes l'on fait pour nous! ^^

 Vu que j'ai publié le 7 (au début je pensait en mettre 1 par jour) je vais parler un peu du 6 afin qu'il ne soit pas délaissé...

J'ai trouvé des analyses très sérieuses, il est vrai que tout n'est pas accessible pour les pauvres profanes que nous sommes, toutefois c'est super intéressant de voir tout ce que les chercheurs ont pu tirer de ces quelques lignes, et quel cheminement ils ont utilisé:

(Si je vous met cela c'est pour vous montrer qu'une analyse poussée n'est surement pas à notre portée, que de plus on peut les trouver sur le net ou dans des livres, mais  ce que j'aimerai c'est vos ressentis, et que vous exprimiez ce que vous pourriez en tirer a travers votre propre expérience. J'affiche cette analyse mais c'est uniquement à titre d'exemple, je ne vais pas copier coller ce que d'autres ont étudié à chaque fois, je n'en vois pas forcément l’intérêt.

Voilà pour le coté "thèse"


**Hávamál 6. **
 
Commentaires préalables sur cette strophe:
 
Voici la première des strophes dont la traduction n’est pas aussi évidente qu’on puisse le croire. En particulier, les trois derniers vers ne sont pas dans toutes les versions (p. ex. absents de l’édition de Rask, 1818, et introduits dans l’édition de Bugge, 1863).
De plus, certaines versions ne donnent pas le því at du début de ces vers – il me semble donc possible que ce því at soit un ajout pour ‘faire sens’ en intégrant ces trois derniers vers à la strophe. Les anciens manuscrits portent souvent des ajouts qu’on appelle une glose, faite par un copiste lettré qui cherche à expliquer le sens caché des vers qu’il vient de transcrire. Il est alors normal que leur
sens paraisse étrange à une personne qui tient à ne pas voir de sens caché, comme le font l’immense majorité des traducteurs ‘sérieux’. Je pense que ces trois derniers vers sont en effet une sorte de glose. 

Traduction la plus proche possible du mot à mot 
 
De sa prudence (ou En pensant à son entourage), l’humain ne devrait pas se vanter,
(mais) plutôt (garder) un esprit attentif, quand le sage et silencieux
s'approche des cours des maisons, rarement une punition sera (infligée) au prudent.
(C’est parce que) au non-changeant ami l’humain apporte toujours
quand il (a) beaucoup de bon sens.
 
 Explication en prose
 
 [Avec le sens « de sa prudence » du premier vers et le sens ‘procurer à un autre’ de fá ou ‘apporter’ de færa]  L’humain ne devrait pas se vanter de sa prudence. Il doit plutôt garder un esprit attentif et rester à l’écoute quand une personne ‘sage et silencieuse’ lui rend visite, (car) il arrive rarement malheur aux personnes prudentes (qui vous donnent de sages avis de prudence). 

En effet, l’humain de bon sens apporte toujours beaucoup à son ami fidèle.
 
[Avec le sens « en pensant à son entourage » du premier vers et le sens ‘obtenir pour soi’ de fá] 
L’humain ne devrait pas se vanter de son entourage car cela est imprudent. Il devrait
plutôt, quand cet entourage est rejoint par un ‘sage et silencieux’, être attentif à l’exemple de la prudence de ce sage. 
En effet, quand il a beaucoup de bon sens, l’humain se procure toujours un ami fidèle.
 
Ainsi, en combinant les deux phrases à double sens, cette strophe peut être lue comme:
 
Il ne faut se vanter ni de sa sagesse ni de ses alliés. 
Il faut écouter le sage qui est votre allié car il sait comment éviter le
malheur.
Le sage ‘apporte beaucoup’ à son ami fidèle mais il sait aussi juger de qui
est son ami fidèle.
 
  Texte et traduction mot à mot en pseudo-français:
 

At hyggjandi sinni   De prudence sienne ( ou En pensant à sa compagnie)
skyli-t maðr hræsinn vera,  ne devrait pas l’humain vantard être,
heldur gætinn at geði,    plutôt attentif en esprit, 
þá er horskur ok þögull  quand le sage et silencieux 
kemr heimisgarða til,   vient ‘cours de la maison’ jusqu’aux, [(il) vient jusqu’aux cours de la  maison = (il) s’approche de l’habitation]
sjaldan verðr víti vörum.  rarement devient (=arrive) amende (=punition) au prudent.
[trois vers discutés :]
[(því at) óbrigðra vin   [(parce que) au non-changeant (=fidèle) ami
fær maðr aldregi   apporte (ou obtient) l’humain toujours (OU jamais !)
en mannvit mikit.]  quand (il a) humain-bon-sens beaucoup]
 

 Traduction de Bellows (et Boyer)

 

Un homme ne devrait pas se vanter | de l’acuité de son esprit,
Mais le garder dans sa poitrine;
Au sage silencieux | il arrive rarement du mal 
Quand il est invité dans une maison;
(La traduction de Bellows des trois derniers vers est incompréhensible, voici celle de Boyer) :
Car on ne trouve jamais / Ami plus constant / Qu'une grande intelligence.
 
Commentaires sur le vocabulaire
 
Vers 1.
sinni est le datif féminin singulier du pronom réflexif sinn. 
hyggjandi peut être un mot féminin (contrairement à l’usage moderne) qui signifie
‘prudence, sagesse’ et qui alors ne se décline pas. Son datif peut donc parfaitement être aussi hyggjandi.
Ceci explique la traduction habituelle du premier vers. 

Mais hyggjandi peut aussi être un participe présent et il signifie alors ‘en pensant, en
croyant’ et sinni peut être un nom neutre dont le datif singulier fait aussi sinni, signifiant
‘compagnon, compagnie’. Il n’y pas de raison grammaticale de refuser le sens ‘en pensant à la compagnie’. Cela sonne un peu étrange mais constitue un jeu de mot qui permet de comprendre la glose ambigüe des 3 derniers vers.

Vers 5.
Le mot heimisgarðr désigne le garðr (cour ou jardin) de la heimr (maison). Le ‘sage’ s’approche de l’habitation de son ami.

Vers 7 et 8
Deux verbes semblables peuvent donner fær à la troisième personne du singulier de
l’indicatif. Ce sont les verbes fá (= ‘obtenir, procurer’) ou færa (= ‘apporter’).
En remettant les mots Vieux Norrois dans l’ordre que nous aurions en Français, on lit : « maðr fær vin óbrigðra» (l’humain procure-à/obtient-de l’ami non-changeant). En effet, le sujet du verbeou færa (= ‘obtenir, procurer’) est évidemment maðr (l’humain) et son complément d’objet indirect (un datif) est vin (vinr = ‘ami’ est irrégulier et fait vin au datif et à l’accusatif singulier). Il est de même de la forme óbrigðra de l’adjectif ó-brigðr (non-changeant). Ceci explique ma double interprétation de la traduction mot à mot. 
Nous retrouverons l’adjectif brigðr dans la strophe 84, où Ódhinn dit que les femmes sont naturellement brigðr, et dans la strophe 91 où Ódhinn dit que les hommes sont brigðr avec les femmes. Dans ces deux derniers cas, je vais préférer garder le sens normal de brigðr,
‘cassant, protestataire’. Sous la forme négative, cela donnerait, dans la strophe 6, ‘non-cassant = agréable à fréquenter’, ou ‘non-contestataire = qui acquiesce facilement’. Ceci ne serait pas absurde mais donnerait un sens trivial à cette strophe.


Commentaires d’Evans (résumé)

 1-2 hræsinn at hyggjandi sinni est habituellement rendu par ‘vantard de son intelligence’, mais la préposition at semble étrange; on attendrait plutôt af, qu’on trouve dans des vers virtuellement identiques du in Hugsvinnsmál (Skj. II 197): Af hyggjandi sinni skyldit maðr hræsinn vera. FJ rend at par ‘relativement à’. … hyggjandi signifie normalement ‘intellect, sagesse’ mais on le rencontre
aussi avec le sens de anima ‘âme’. … le mieux est sans doute d’émender à af.
 6 Le sens usuel de víti … est ‘punition, pénalité, amende’. Mais le sens ‘mal, malchance’ semble présent dans Reginsmál 1 (kannat sér við víti varask) … Ceci donne un sens valide à ce vers (‘malchance arrive rarement à qui est attentif’) … il est aussi possible que víti ‘pénalité’ dénote le délit lui-même … ce sens est encore vivant en Islandais moderne. Ainsi : ‘celui qui est sur ses gardes rarement commet une erreur qui soit un délit’. Ce vers est maintenant proverbial …
 7-9 sont entre parenthèses chez de nombreux éditeurs; leur sens est inapproprié, car ils n’expliquent rien de ce qui précède.


Alors voilà sur un plan intelligible tout est dit mais personne n'a envie d'exprimer un ressenti? De l'appliquer à sa propre expérience? De dire comment lui l'interprèterai et comment il pourrait l'appliquer dans sa vie de tous les jours?

Je pense que c'est ce qui est intéressant à faire et de plus c'est accessible, peu importe sa culture.

Pour ma part je commenterai de dire de ce vers qu'il faut savoir s'entourer de personnes sages (positives) et que pour avoir cette chance il faut l’être un minimum soi même!

 


Mardi 02 Août 2011 - 11:21:48

citation :
Bloodymarylin dit :

Traduction la plus proche possible du mot à mot 
 
De sa prudence (ou En pensant à son entourage), l’humain ne devrait pas se vanter,
(mais) plutôt (garder) un esprit attentif, quand le sage et silencieux
s'approche des cours des maisons, rarement une punition sera (infligée) au prudent.
(C’est parce que) au non-changeant ami l’humain apporte toujours
quand il (a) beaucoup de bon sens.

 


J'ai jamais aimé le mot à mot ^^

Je ne dois pas avoir la même sensibilité que ceux qui ont rédigé cette "thèse". Pour moi, cet Hàvamàl est une mise en garde pour les orgueilleux. L'homme ne doit pas se vanter de ces connaissances, de sa culture, de sa "sagesse".  Justement, la sagesse disparaît, en quelques sortes, quand l'homme vient à s'en vanter.

"Au sage silencieux | il arrive rarement du mal 
Quand il est invité dans une maison
"

L'homme qui se vante, se croyant par là même supérieur,  s'expose à la critique d'autrui.

"Car on ne trouve jamais / Ami plus constant / Qu'une grande intelligence"

Cette traduction colle plus avec le sens que je veux donner à cet Hàvamàl. La comparaison entre l'intelligence et un ami révèle, pour moi, tout le sens de ces vers.

Je ne sais pas si je suis très clair. Je passe peut-être complètement à côté du sens mais c'est mon ressenti.