Pirates des Caraïbes - La malédiction du Black Pearl (2003)
Un excellent retour en force du film d'aventures en 2003, et plus précisément du film traitant de la piraterie. C'est exotique, assez déjanté tout en restant réaliste (la plupart du temps), et muni d'une BO qui fait merveille et qui restera culte. Les effets spéciaux restent majoritairement irréprochables, exception faite de certains plans qui m'avaient déjà paru moins bons lors de la sortie du film (le moment où le pirate aux rastas, version squelette, chope Sparrow par le cou : on voit bien que la prise réelle et les fx ne sont pas parfaitement synchro...).
Sinon, outre le choix de Depp pour incarner Sparrow et la BO imperfectible, j'admire la chorégraphie (même si parfois too much) des scènes de combat à l'épée, et également l'idée d'ajouter une dimension fantastique au film avec ces pirates maudits qui se révèlent tels qu'ils sont à la pleine lune. La piraterie étant immanquablement liée aux trésors, les trésors aux malédictions, et les malédictions à la perte (voire la mort) de l'être humain, la synthèse finement dosée qu'offre ce film se savoure avec délice.
J'émettrai juste un bémol sur la fin, trop facile, et où les réactions des personnages sont complètement schizophréniques (on tue Jack Sparrow, puis non il s'échappe alors on tente de le stopper sans le tuer, puis on le tient, puis en trois mots on décide non seulement de le laisser vivre mais de lui laisser de l'avance...).
Bref, un excellent film légèrement desservi par sa légèreté. N'empêche, j'admire la manière dont le capitaine Jack Sparrow est introduit (sur une musique tonitruante, héroïque, tranchant de manière humoristique avec sa situation de départ minable et désespérée), et la scène où il pique une pièce du trésor aztèque pour affronter Barbossa d'égal à égal, dans un combat d'immortels, sur les meilleurs passages de la BO.
Pirates des Caraïbes - Le secret du coffre maudit
Beaucoup aimé cet épisode, malgré un côté bien plus gentil (le premier film étant déjà fortement tourné vers la dérision, malgré un ou deux passages plus durs). Sparrow reste le centre de l'attention et un
Clown de service. Mais le spectaculaire est porté au pinacle à la fois au niveau de fx sans faille, ne laissant aucun doute sur leur qualité lors des gros plans sur le personnage de Davy Jones, et également au niveau de la mise en scène. Cette dernière prend toute son ampleur lors d'un combat au sabre entre trois adversaires, chacun guidé par un objectif, combat qui atteint son apogée sur un moulin à eau en "roue" libre, qui se met à dévaler la forêt alors que les belligérants continuent de s'affronter sur lui-même ou en son sein. La caméra, elle, en profite pour s'autoriser quelques folies que le spectateur amoureux de beau cinéma ne peut qu'acclamer.
Restent les bémols, qui commencent à apparaître et qui sont les prémisses d'un troisième film sacrément malmené... L'humour, déjà une composante essentielle du premier film, prend ici les devants. Les cascades tendent parfois à devenir des gags de Looney Toons, et le comportement des personnages devient étrange.
Cela ne faisait qu'annoncer le chapitre prétendument final, fichtrement loupé.
Pirates des Caraïbes - Jusqu'au bout du monde
Aïe aïe aïe, celui-là a tout foiré... Bon, on va mentionner le positif, d'abord parce que c'est toujours à signaler, ensuite parce que ça va aller vite. Le film joue la carte de l'épique : tous les personnages sont réunis, et on nous annonce une explication finale qui risque, à tous les coups, de faire office de feu d'artifice final. Ensuite, je dois bien dire que, parfois, l'humour fait mouche, et on profite de scènes loufoques mais bien senties.
Passons à ce qui merde. Et là, il y a du dossier...
En premier lieu, je ne peux pas citer autre chose que le traitement des personnages. On en est au troisième film, merde, et on ne peut pas avoir un Sparrow quelque peu décidé ? Jusqu'à la fin, c'est autant un héros qu'un pourri, plus un pourri d'ailleurs. Et, tiens, en parlant de ce qui est pourri, et d'attitudes qui choquent, je voudrais qu'on m'explique à quoi sert la scène d'introduction où des pirates (ou affiliés) et notamment un gamin meurent pendus ? À nul moment, je n'ai eu la sensation que cette scène était utile, ou que les morts étaient vengés... Pour les autres personnages, j'ai détesté le sort de Norrington, moyennement aimé la manière dont Davy Jones, tortionnaire et teigne du film précédent, est traité, détesté le traitement du Kraken, détesté le traitement de Jack Sparrow (tour à tour fou à lier, honnête marin, flibustier sans âme, fin stratège...), etc.
Et c'est d'ailleurs bien le problème de ce troisième film : il ignore où il va. Il introduit de nouveaux personnages qui ne servent à rien, résout ses énigmes sans en appeler à la réflexion du spectateur, et traite ses personnages comme du bétail sacrifiable (je pense à Norrington, dont la fin est indigne, et dont le bourreau est affreusement mal choisi, tout ça n'a pas le moindre sens et n'est agrémenté d'aucune suite d'ailleurs). Par ailleurs, l'inventivité visuelle du deuxième film a déserté les lieux, et la bataille finale est d'une platitude inconcevable.
Quant au ton plus humoristique/ironique, de la saga, il a manifestement atteint son paroxysme lors d'un deuxième épisode déjà parfois poussif, pour ici se perdre en vaudeville sans âme, où les personnages se croisent toujours au mauvais moment alors que le spectateur sent que tout cela est joué devant ses yeux avec une conviction toute relative...
Ceux qui retrouvaient grâce dans l'épisode 2 disparaissent sans crier gare, ceux qui étaient des héros malmènent leur honneur, et les nouveaux personnages ont trois solutions : soit ils ne servent à rien, soit ils disparaissent, soit ils passent d'un camp à l'autre, si bien que l'on ne sait plus à quel sait se vouer.
Un bien beau début pour un gâchis final, en somme... J'ai été franchement content de revoir le premier malgré un final trop édulcoré et idiot, content de revoir le second qui misait plus sur l'inventivité visuelle et l'humour, et blasé de revoir le troisième, ce concentré d'idées mal digérées, d'ironie mal placée, d'épique à la noix et de personnages maltraités.
"La fontaine de jouvence", quatrième aventure de Jack Sparrow, ne valait pas bien mieux si je me rappelle bien. J'espère que la cinquième, actuellement en chantier, bénéficiera d'un traitement valable à tous les niveaux....
Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !