Débat libre, interrogations sur le DM

Second cercle
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Le terme Grindcore vient des lèvres de Mick Harris himself, alors batteur au sein des terribles Napalm Death et Extreme Noise Terror, qui appelait son mitraillage sur la caisse claire des blast-beats ou parties grind, imposant alors le terme Grindcore pour définir le Hardcore punk extrême de ses formations en 1985/86.

Dans sa forme initiale, le Grindcore est donc une simple évolution extrême de la scène Hardcore punk britannique vers plus de brutalité, gardant sa fougue et son côté contestataire, mais en mêlant des vocaux gras ou gutturaux, des guitares possédant la lourdeur du metal, et des rythmes de batterie souvent effrénés. A l’origine du mouvement Hardcore grind british, Napalm Death, Extreme Noise Terror, Doom, Intense Degree et Electro Hippies, restent à mon sens les meilleurs représentants. Tous ne pratiquaient pas exactement le même style, mais allaient en tous cas dans la même direction.

Mais parallèlement, les parties blastées continuèrent d’être surnommées des parties grind, d’où l’appellation inévitable death / grind à tort dans ce cas présent, représentant textuellement du deathmetal avec des parties de batteries grind, pourtant issu de formations de deathmetal ou brutaldeath, d’où toute l’ambiguïté.

Mais le quiproquo ne s’arrête pas là, puisque les formations fleuretant véritablement de près avec les deux styles sont également surnommée death / grind, cette fois-ci à raison. En effet, à la vue de ses nombreux points communs avec le deathmetal (vocaux gutturaux, son lourd et maîtrise de la double pédale), le grind fusionne rapidement & inévitablement avec le deathmetal, entrainant la formation de groupes passerelles comme les incontournables Defecation et Terrorizer, et un peu plus tard l’essentiel Brutal Truth, plus purement grind depuis ses derniers albums. Defecation reste par exemple un pont idéal entre le Grindcore UK de Napalm Death et le deathmetal US de Master durant les eighties.

Mais ce n’est pas tout, puisque les scène US ou nippone peuvent se permettre également de revendiquer dès 1984 /1986 l’étiquette Grind, avec d’un côté Siege et son terrible Drop Dead, et de l’autre SOB, deux formations Hardcore déjantées, d’une brutalité inédite pour l’époque, ayant directement influencé la scène Hardcore grind anglaise des eighties (comme Napalm Death). En revanche, certains associent à tort le terrible Slaughter Of The Innocents -1986- (Horrified) de Repulsion dans la genèse grindcore, alors qu’il s’agit de deathmetal pur jus avec de belles histoire de zombies et de démembrements. Le bordel apparent ou la sauvagerie de la musique ne sont pas forcément synonymes de grindcore. Aujourd’hui encore, des missiles comme Freakery ou World End Carnage de Cretin et Jigsore Terror pérennisent le côté cradingue de Repulsion, avec leur approche crade et terriblement désinvolte, mais restent avant tout ancré dans ce vieux deathmetal.

Pour couronner le tout, Carcass sophistique aussi le mouvement en 1988/89, en rompant sensiblement avec ses origines hardcore et proposant un style hybride que l’on pourrait qualifier de “goregrind carcassien” sur Reek of Putrefaction. Si Symphonies Of Sickness représente l’oeuvre ultime de cette époque, il appartient en revanche quant à lui intégralement au mouvement deathmetal. Dans la voie unique de Carcass, General Surgery, The County Medical Examiners et Regurgitate proposent encore aujourd’hui des réalisations remarquables… et terriblement crades.

Sophistication ? Oui ! Cephalic Carnage figure ainsi parmi les chefs de file du grindcore actuel, synthétisant cette scène tout en explosant ses limites. Sur un concept et des paroles intelligentes, son style est brutal mais aussi diversifié, le groupe US ne se fixant délibérément aucune frontière, mais proposant pourtant des albums de grand équilibre, peut-être moins fous depuis le départ de Zac Joe.

En parallèle du grindcore, la scène grind-crust est également importante, bien que plus méconnue. Ici, la lourdeur du metal et les vocaux gras restent de mise, mais l’influence punk, de Discharge ou plus purement crust d'Amebix par exemple, est encore plus évidente. Depuis ses initiateurs, les britanniques de Doom et d’Extreme Noise Terror, beaucoup de formations ont brillamment emboité le pas, à l’image des anglais de Disgust, des américains de Disrupt, ou encore des suédois de Disfear. Un mouvement aussi désinvolte que rafraîchissant et percutant.

Comment ne pas penser également à la scène grind suédoise, initiée en 1990 par Filthy Christians, et brillamment reprise par les redoutables Nasum, Regurgitate et Gadget, parmi les groupes les plus brutaux et les plus subtils évoluant à ce jour (excepté Nasum (RIP Miescko)) dans le style, ou encore aux finlandais de Rotten Sound, chevauchant quant à eux plus nettement entre deathmetal et grindcore.

Bref, le grindcore est une scène incroyablement prolifique, subtile et diversifiée, ne méritant pas le dénigrement ou l’ignorance qu’elle affonte depuis plus de deux décénnies. Son appelation a de toute façon toujours été galvaudée par des amalgames erronés.

Et voici quelques oeuvres hardcore, grind, crust, death/grind (une par groupe) juste pour illustrer le truc, sans exhaustivité. Hear Nothing, voire Drop Dead, restent du pur hardcore punk mais expliquent la génèse du mouvement. Ah oui, il manque des trucs purement crust comme Amebix ou encore un disque des papys d’Agathocles, mais j’avoue être perdu entre tous les albums du groupe belge...

1982 DISCHARGE – hear nothing
1984 SIEGE – Drop Dead
1987 NAPALM DEATH – scum
1987 ELECTRO HIPPIES – the only good punk
1987 UNSEEN TERROR – human error
1988 DOOM – war crimes
1988 CARCASS – reek of putrefaction
1989 DEFECATION – purity dilution
1989 EXTREME NOISE TERROR – a holocaust in your head
1989 TERRORIZER – world downfall
1990 FILTHY CHRISTIANS – mean
1990 SOB – what’s the truth ?
1991 NAUSEA – crime against humanity
1993 DISGUST – brutality of war
1993 BRUJERIA – Matando gueros
1994 BRUTAL TRUTH – need to control
1994 DISRUPT – unrest
1997 DISFEAR – everyday slaughter
1998 NASUM – inhale exhale
1999 LOCK UP – pleasures pave sewers
2001 PHOBIA – serenity through pain
2005 ROTTEN SOUND – exit
2005 CEPHALIC CARNAGE – anomalies
2006 BLOCKHEADS – shapes of misery
2006 GADGET – the funeral march (le plus brutal)
2006 GENERAL SURGERY – left hand pathology
2006 REGURGITATE – sickening bliss
2007 INSECT WARFARE – world extermination
2008 VENOMOUS CONCEPT – poisoned Apple

In grind we crust.
Fabien.

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