
Ce trio lyonnais mélange les saveurs stoner, prog, psyché et rock avec talent : il suffit de jeter une oreille à leur dernier album "L'Or des Fous", chroniqué dans nos pages. A l'occasion de leur passage au Hellfest, j'ai pû m'entretenir longuement avec Florent (guitare, chant), Enguerrand (basse), et Robin (batterie), et dans la bonne humeur !
(propos recueillis par JeanEdernDesecrator)
JeanEdernDesecrator (Spirit Of Metal) : Votre nom de groupe me fait penser à une partie de Jeu de Rôles qui s'emballe ! Il faut toujours dégommer les mages en premier... Quelle est la petite histoire en vérité ?
WIZARD MUST DIE - Florent : C'est pas directement lié aux jeux de rôles, mais ça fait référence à Terry Pratchett, l'auteur du Disque Monde, huitième couleur dans ces annales du Disque Monde. Il y a une série télé qui a été dérivée de ce bouquin, la Huitième Couleur, et à un moment donné, il y a une ville qui est gérée par des sorciers qui font de la merde, le peuple en a marre, et crie dans la rue pour les bouter hors de la ville : "false wizards must die !". Je trouvais que ça claquait bien, mais c'était un peu long, du coup on a dégagé le "false", ça a donné Wizards Must Die. Du coup ça correspondait au champ stoner, psyché,...
JeD (SOM): Votre style n'est pas fondamentalement du metal, mais vous avez une lourdeur qui va tout à fait avec le Hellfest... Comment définiriez-vous votre musique pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Florent : On fait du rock, et de temps en temps on met des riffs un peu plus lourds , avec un gros gros son histoire que ça tape bien au fond, mais fondamentalement on fait du rock, parce que si tu écoutes... Ce style, même si t'es pas fan de metal, ça sera accessible, parce que ça correspond plus à de la chanson, à quelque chose d'un peu mainstream, je veux dire, par rapport aux niches metal. On fait peut-être moins peur, je crois...
Enguerrand : ... sur les ambiances, sur la texture, ou a quelque chose de progressif, des compos qui peuvent amener à quelque chose qui va taper...
Florent : Et c'est chanté. C'est jamais growlé, c'est jamais hurlé, il y a pas de screams, c'est que du chant clean. Si c'est quelqu'un qui est pas habitué à du metal, qui cherche une porte d'entrée à ce style , et qui se dit "Tiens, j'aimerais bien me faire le Hellfest" ... Et PAF !...
Enguerrand : ...Wizard Must Die!
Florent : ...Ni trop fort, ni trop doux, comme un bon fromage, un maroilles, ... Ou un Etorki, un truc qui a du caractère, mais qui arrache pas la gueule non plus (rires )!
JED (SOM): Bah, ça tombe bien, je suis de Bayonne, comme quoi, le hasard.... (rires) Comment avez-vous trouvé la toute nouvelle scène annexe où vous avez joué, la Purple House ?
Florent : Euuuuh, ... Chaude ! (rires)...
JED (SOM): Littéralement ?
Florent : Oui, oui, c'est sous une tente... Ben, le concept est rigolo et une tente avec des animations, flippers, des bornes d'arcade,... épilation du sif... Ah ! Ah!
JeD (SOM): Ah, j'avais pas vu ce stand, rires !
Enguerrand : Si, si, il y avait une roue ! Ah! Ah ! Ah!
Florent : Non mais on l'a trouvé bien, le concept est rigolo, en termes d'animations, c'est plaisant pour le public, en tant que groupe, c'est de la contrainte de promiscuité,...
JeD (SOM) : Comme dans un petit bar...
Florent : ... mais pour le coup les gens bourrés sont derrière une cage ! Oui, t'es plus protégé, qu'un mec complètement bourré vienne prendre ton micro... "Ouaaiis, chante-moi du Johnny !". Mais là c'était vraiment marrant, on peut discuter directement avec le public, sur scène... Le son finalement ça va, à l'intérieur ça tourne un peu, il y a pas mal d'infra-basses...
Enguerrand : C'était plutôt pour le public ; on avait un ingé son ...
JeD (SOM): Vous vous entendiez bien sûr scène, les retours , tout ça ?
Florent : La contrainte principale, c'était un line-check, on a pas eu de balance. Du coup, sur le line-check, là où on peut se dire "c'est nickel", moi par exemple sur la basse, j'avais pas eu de problème sur le line-check, mais au bout de deux morceaux, par fatigue auditive ou je ne sais quel mystère, la basse, je ne l'ai plus entendue... Mais comme le set est court, resserré dans un lieu très restreint, j'allais pas dire "tiens, mets moi un peu plus de ça...", il fallait dérouler et aller à l'essentiel .
Donc, c'est un lieu qui est intéressant, je pense qu'il faut qu'ils améliorent deux trois petits trucs, mais en soi, l'idée, elle peut être gardée ...
En tant que groupe, ce qui est pas évident, c'est d'avoir des jeux d'arcade quand on commence à jouer, ou un punching ball ! C'est une scène cool, il y a moyen de développer un truc plaisant là dessus.
UNE PURPLE HOUSE... UNE NOUVELLE SCENE CHAUDE !
JeD (SOM): Jouer dans des festivals comme le Hellfest ou le Sylak change des concerts que vous faites habituellement ?
Florent : Oui, parce que tu es pas sur la même chronologie quand tu fais un concert que tu as booké dans un petit rade, un café -concert, il y a que toi qui peut jouer , ou que tu es la première partie s'il y a deux groupes, c'est pas pareil que quand tu joues dans ce genre festival. C'est pas Wizard Must Die qui vient jouer, c'est le Hellfest qui fait jouer Wizard Must Die, il faut se mettre au diapason de l'organisation et du déroulé du festival, l'orga elle est réglée aux petits oignons. Ils se débrouillent très bien...
Enguerrand : C'était super, ouais !
Florent : Toutes les conditions techniques font qu'on est obligés de donner le meilleur de nous-mêmes, parce qu'on on a pas été traités comme des cons, il y a de la bienveillance, il y a du respect, de la gentillesse...
JeD (SOM) : Vous avez été traités comme les groupes des autres scènes ?
Enguerrand : Ouais, et puis on a touché plein de gens, un festival c'est fait pour ça. Tu découvres, tu reviens,...
Florent : Oui, contrairement à un petit bar où tu vas toucher que les piliers du bar, tu vois. C'est vrai que le Hellfest c'est 40000, 50000 personnes par jour, tu vas forcément toucher des gens qui ne te connaissent pas, qui seraient pas venus pour toi, qui seraient venus pour Street Fighter (la borne d'arcade, NDLR !) "Je me souviens, j'étais champion du Cantal, allez viens, on va faire une partie... Ah mais c'est pas mal cette merde !". Donc il y a ces opportunités de toucher des gens qui nous auraient pas écouté à la base.
JeD (SOM) : Et le Sylak, ça va être encore plus gros ?
Enguerrand : C'est plus gros enfin, c'est une petite scène, on joue un vendredi, et c'est un début, je connais pas la capacité qu'il y aura exactement... Mais il y aura de la mousse, et pas pour boire, ... Le public reçoit de la mousse, rires !
Florent : On est content, car ça vient sanctionner très positivement l'album, on en est content, le travail de presse qui est fait par Klonosphere, avec qui on travaille, est démentiel. Tout se déroule bien, là, le Hellfest qui nous fait jouer, et le Sylak qui nous prend aussi, c'est des confirmations de notre évolution, en terme de qualité, et une belle reconnaissance pour l'album.

JeD (SOM) : En parlant de votre deuxième album, ça tombe bien, il s'appelle "L'Or des Fous", que veut dire ce titre énigmatique ? Est-ce que ça parle de capitalisme, où ça va plus loin que ça ?
Florent : Tiens, oui, j'avais pas pensé à ça. Pour le coup c'était vraiment pas par ce prisme-là, c'est pas un brûlot anti-capitaliste.
Robin : C'est plutôt introspectif, métaphorique, l'idée du changement...
JeD (SOM) : Du coup,... qui sont les fous ?
Florent : Les fous , c'est ceux qui cherchent à changer. Ils sont fous parce qu'ils ont raison, ils cherchent à se transformer, à s'améliorer, ils cherchent à être différents, à s'enrichir. L'or des fous, c'est cette quête-là. L'or c'est la quête, les fous, c'est ces gens qui disent, moi, je peux pas rester tel que je suis, je suis en train d'évoluer...
Ça me permettrait de partir du principe de cette pierre, la pierrite, l'or des fous, et du coup, métaphoriquement, ça permettait de dire ça, et de lier le premier album au deuxième.
Il n'y a pas de visée pas politique, ni anti-capitaliste ou quelque chose comme ça, mais le propos du groupe, il est pas sociétal ni politique, il est plutôt intimiste, poétique et cathartique. Du coup, ça vient de ça... Ça part de la pierrite, et ça va, euh nulle part, rires !
Enguerrand : Et puis ça sonnait bien, ...
Florent : ... Oui et plus, en termes d'impact pour la communication, ça claque ... Et puis c'est en français !
UN SON ENVELOPPANT
JeD (SOM) : Comment s'est passé l'enregistrement avec Christophe Hogommat ? Il a déjà fait de la batterie dans le groupe, il me semble...
Enguerrand : Christophe, il avait participé à toute la création, on avait une formation mais un batteur qui ne tenait pas du tout la route ...
Florent : ... sur le premier album ! Bien sûr ! Rires
Enguerrand : On s'était investis là dedans , et Christophe a passé la casquette de batteur, à participé à l'enregistrement...
JeD (SOM) : Il a fait toutes les prises ?
Enguerrand : Il a fait toutes les prises du premier album, on avait bossé, on avait six jours ou cinq jours, ...
Florent : Sur "In the Land of the Dead Turtles" C'est Christophe qui tient la batterie et qui enregistre. Sur "L'Or des Fous", Robin était arrivé entre-temps, en 2019, donc on a un très très bon batteur, avec de très bonnes idées, tout va bien, et on connait le travail de Christophe, la production sur le premier album, on a dit " Viens coco, on retourne chez lui, à Couëron, il a un studio d'enregistrement maintenant, nickel ... Et c'est lui qui s'est occupé de la production, de l'enregistrement du deuxième album.
Enguerrand : Il a une oreille, un travail qui nous correspond, une intuition de production, de l'enregistrement, au niveau des intentions, du choix des instruments .
JeD (SOM) : Le son qu'il vous a fait correspond bien à Wizard Must Die, ça ne ressemble pas à quelqu'un d'autre...
Florent : Oui, c'est ça, lui il a vraiment une patte sonore de producteur , il fait beaucoup de post-prod, il a bossé avec les Mad Foxes, avec Watertank, avec 20 Seconds Falling Man, il fait autant de post punk que du hardcore, il a une richesse en terme d'oreille, par rapport aux demandes, il sait rapidement ce qu'on veut faire, et il amène toujours des idées qui sont à propos, et puis c'est un amour... C'est notre gars sûr du son... Avec beaucoup de talent et un peu de gaz !
JeD (SOM): Votre personnalité s'est encore affirmée depuis votre premier album, et vous n'avez pas choisi la facilité avec des morceaux longs, des ambiances très nuancées... C'est un parti pris quand vous mettez vos morceaux en place ?
Florent : Je pense que c'est le fruit de nos écoutes et de notre culture musicale. On écoute quand même pas mal de musique complexe, chiadée, avec des structures un peu décalées. Comme ça, je peux citer The Mars Volta, Mastodon aussi, même si c'est très heavy, les structures de Mastodon. On aime vraiment toutes ces musiques-là, donc naturellement, on va avoir tendance à composer,...
Enguerrand : ...je crois que les compositions en elles-mêmes, les jams qu'on peut faire, au début, il y a déjà un traceur là dessus...
JeD (SOM): Vous composez en faisant des jams, en répète ?
Florent : Oui, Oui, souvent on a une idée de riff qui sort comme ça, ça commence à tourner "Attends, sur ce rythme-là, on met ça, et là, si tu dédoubles,...". On a toujours un petit Zoom (un enregistreur compact, ndlr) qui traine sur une table, et ça permet de reprendre un peu les idées, même six mois plus tard. Après, ce qui est rassurant, sans prétention, c'est que c'est souvent cool,...
Enguerrand : ... les premiers jets, quoi...
Florent : L'intention première est souvent très cool et très fraîche, très intelligente, très liée et c'est ce qui fait que c'est très plaisant de jouer ensemble, il y a pas de lassitude, il a toujours des moments assez étonnants,... Au moment des compositions et de la manière de jouer.

JeD (SOM) : Vous êtes que trois, mais vous remplissez vraiment l'espace sonore... Est-ce que vous faites des overdubs ou des arrangements additionnels ? Ou alors est-ce que c'est principalement vous trois en enregistrement ?
Florent : C'est plutôt de la prise live, très majoritairement de la prise live. Il a un gros travail sur les effets, les pédales d'effets, sur les textures, notamment de la basse, qui a un rôle prépondérant là-dedans , beaucoup de travail en amont par rapport à ça. Ça a été le fait de se dire trio guitare - basse - batterie, ça c'est le travail de Christophe, dans un enregistrement d'avoir une image sonore, qui va prendre l'ensemble, plus les effets de spatialisation. C'est vrai que pour le deuxième album, il y a pas eu de réenregistrement guitare, il y a des apports de programmation et de claviers, un petit peu, que Robin a amené...
Robin : ... des complément de production, en termes de synthés, de percussions, de petites choses ...
JeD (SOM): Vous avez maquetté avant ?
Florent : Oui, on a maquetté, un an avant d'enregistrer, peut-être , ... c'est une première pour nous, sur le premier album on était arrivés comme ça, au petit bonheur la chance : "tiens, quel heureux hasard ! " Rires !
... donc ouais, du rajout, un peu plus, un peu de programmation, un peu de piano, pour enrichir l'ensemble. C'est vrai que de prime abord, la version trio, elle sonne déjà large, on essaie d'avoir ce son aussi en live , de pouvoir recréer cette ambiance, cette spacialisation, ce son rond et englobant. Je crois qu'on y arrive pas trop mal d'après les retours. On a un très très bon ingé son live qui est venu, il était en tournée avec un groupe vers Nantes, qui avait un day-off hier, qui a pris le train jusqu'ici, nous a fait le son, et il est reparti ce matin...
Enguerrand : ...après avoir mangé une poutine, ah ! Ah !
JeD : En concert, quand on est trois, c'est peut-être plus facile de sonner ensemble que quand on est cinq, par exemple ...
Florent : Quand tu es cinq, il y a une partie et tu fais des strates et voilà ! Alors que quand tu est à trois, à un moment donné, si tu joues pas où que tu fais de la merde...
JeD (SOM) : Ça se casse la gueule...
Florent : Ouais, on l'a eu hier, je me suis emmêlé les pinceaux sur la dernière, ...la gratte qui est sensée guider le rythme à ce moment-là qui se pète la gueule, il y a pas de saxophoniste derrière, il y a pas une deuxième guitare qui va faire des plans... Tu vois, je prenais l'exemple d'Orange Goblin hier, à un moment, le bassiste, il s'est complètement troué, il est pas parti sur la bonne ... Bah, en tant que public, tu te dis c'est pas graaaave, de tout de façon t'es un peu vieux, tu vas mourir, profite ! C'est ce que je me disais aussi pour moi, Ah ! Ah ! C'est ton dernier concert, t'as fait une faute, c'est pas grave ! Rires !
LE NERF DE LA GUERRE
JeD (SOM): Pour la suite, qu'est ce que vous allez faire dans les prochains mois ?
Florent : Ben, là, on recommence à composer un petit peu, on aimerait bien sortir deux ou trois titres, pas attendre six ans comme on a fait entre les deux albums, pour X raisons, mais c'est long, six ans ...
JeD (SOM) : Un EP alors ?
Florent : Oui, un EP certainement, qui s'inscrirait dans la continuité de l'album. Ils sont déjà là, les titres, il faut qu'on puisse les sortir rapidement, pérenniser là dessus. L'album, il a pas encore un an, ...peut être faire une captation live, euh, et puis chercher des concerts ... Là, déjà parce qu'on aime en faire, c'est le principe aussi du groupe, et puis aussi qu'on a tout fait en autoproduction sur le deuxième album, et que ça nous a coûté un sacré billet , on a aucune major ou label qui nous épaule. Sur un album, tu as le studio, le mastering, la partie presse, la promotion, si tu veux faire des vinyles, le merchandising ,... tu peux pas galvauder un truc et dire on fait ça, mais on met pas de billet là dedans. Si tu veux être cohérent par rapport à ta sortie d'album, tu finances. Tout ça, ça fait un coût, et on a pas tout récupéré, encore. Mais donc il faut des concerts, car quand tu fais des concerts, tu vends du merch. D'ailleurs , s'il y a un message à faire passer, c'est le nerf de la guerre pour les groupes, dans un premier temps, c'est le merch, alors que le streaming, ça permet juste de nous écouter, on va rien toucher, quasiment rien, à la fin de l'année fiscale , ça va faire 2€ 28, déduction faite des impôts. Les vinyles, les t-shirts, c'est le plus important.
DES MORCEAUX DE CARTON ET DU COTON
JeD : Vous avez fait un clip superbe pour le single "The Breach", avec de l'animation filmée, comment vous vous y êtes pris ?
Robin : C'est un ami d'enfance , qui nous a fait ça très DIY, avec très peu de budget , avec beaucoup de fond vert, un peu de déguisement, beaucoup de création et un scénario qui a été réfléchi par lui et par Florent. Ça donne un truc quelque part entre Michel Gondry et ...
Florent : ... et des morceaux de carton !
JeD (SOM): Donc vous avez vraiment voulu que ce soit fait main ?
Robin : On a choisi ce côté, et que ce soit apparent, ça nous gêne pas...
Florent : C'est la théâtralité d'un Baron de Münchhausen, de Terry Gilliam, qu'on recherchait, avec une contrainte budgétaire, budget de schlag, on pouvait pas faire des miracles. Tim (Petersen, NDLR), qui est hyper inventif, on lui avait dit : on a 500 euros, et on aura pas plus... Du coup, ça découpe des cartons, on fait des maquettes, tout le monde est mis à contribution, on tire sur des fils et ça donne ça : les nuages c'est du coton , il y a de la féérie , c'est de la poésie, ça suit le propos du groupe.
On aurait fait du metalcore, on aurait pris des lance-flammes, ça aurait été une autre esthétique !

Un grand merci à Wizard Must Die pour cette interview !

500PCX.jpg)










Du mußt eingeloggt sein um einen Kommentar zu schreiben