Nightmare pourrait être un poids lourd de la scène metal française. Tous les ingrédients sont réunis. Une histoire de plusieurs décennies, des albums marquants, une expérience indéniable de la scène et un style ayant su évoluer avec son temps pour réussir à renouveler son auditoire. Mais comme nous l’explique Matt Asselberghs (guitare), les choses ne sont pas toujours si simple. Entre un line up sans cesse en mouvement au micro, une promotion qui n’est pas toujours celle escomptée et la relative tiédeur d’un public français envers ses propres groupes, Nightmare reste un éternel outsider là où le nouvel album, “Encrypted”, rivalise une fois de plus avec les cadors du genre. 

Entretien avec un loup plus si jeune, mais aux dents toujours aussi longues …

[Par Eternalis]

 

 

Salut Matt ! Comment vas-tu ? On s’était parlé en pleine pandémie, avec un troisième confinement qui pointait son nez et un album, Aeternam, que vous ne pouviez pas défendre sur scène. Quel bilan tires-tu de cette période ? 

Je vais très bien. Fatigué car je fais de la figuration en cinéma en ce moment et ce sont des journées très chargées de 12 h !Pour la période, j’en tire des choses positives. Comme les gens étaient “enfermés” et ne pouvaient pas faire grand chose, je pense que ça a permis à beaucoup de personnes d’écouter plus de musique et de se pencher sur plus de groupes qu’ils n’auraient pas eu le temps avant. On a eu plus de retours sur “Aeternam” et je suis convaincu que c’est lié. L’album a beaucoup mieux marché que “Dead Sun”, il y a plus de vues, plus de streaming sur les plateformes. Mais tu as raison que nous n’avons pas pu le défendre sur scène à part l’année dernière avec Rhapsody (of Fire), ce qui était déjà tardif. Il y a eu la séparation avec Madie qui n’a rien arrangé. C’est un album covid quoi !

 

Tu embrayes déjà le sujet de Madie donc nous allons en parler. Il n’y a pas eu beaucoup de communication à ce sujet donc que s’est-il passé et, peux-tu, par la même occasion présenter Barbara qui l’a remplace ? 

Tu n’es pas passé à côté, c’est surtout que nous attendions les interviews pour ne pas communiquer par messages interposés. 

Je vais te dire la vérité : Madie c’est beaucoup renfermé sur son propre univers musical, avec son groupe, et Nightmare n’en fait pas partie. Le soucis n’est pas qu’elle fasse du post grunge psychédélique, mais que nous fassions du heavy metal et qu’elle soit réticente à vraiment s’intégrer dans le genre. Si demain, tu intègres Arch Enemy, tu ne pointes pas en répèt avec un Ukulélé, tu vois ce que je veux dire ?!

Son univers et son groupe lui appartiennent mais elle aurait pu prendre les influences et chercher à vraiment bosser en ce sens mais ça n’a pas été le cas. L’élément majeur a été le Hellfest où on a eu la chance d’intégrer la Mainstage 2 semaines avant via un désistement et, avec un tel spot, tu te dois d’assurer. Et ça n’a pas du tout été le cas. Son attitude a ensuite été très hautaine avec nous en backstage, ça devenait de notre faute et je n’ai pas vraiment apprécié. 

Il faut savoir que “Aeternam” a été beaucoup retouché en studio, ses lignes de chant sont “vocodée” et un logiciel a réajusté sa voix qui était souvent fausse. Je me suis tourné vers elle en voulant repartir à zéro et bosser en ce sens mais elle m’a dit cash qu’elle n’avait pas envie de bosser avec moi donc ça a clôturé les débats. On ne peut pas rester avec des gens qui ne veulent pas travailler. 

Barbara est ensuite arrivée. Elle chante très bien en clean, elle growl aussi naturellement et ça nous a permis par la suite d’ouvrir des portes qu’on essayait de pousser avant, même avec les frères Amore puisque certains riffs étaient quand même très thrash. La différence est que quand ces riffs arrivent désormais et que le growl est là : la magie fonctionne. 

 

La première chose que j’ai à dire sur “Encrypted” est qu’il est monstrueux. Je trouvais déjà que Aeternam était le meilleur album depuis Insurrection et ce nouveau disque le dépasse littéralement de la tête et des épaules ! Vous avez mangé du lion ! 

Ca fait forcément plaisir d’entendre ça car c’est gentil mais tu as raison sur l’intensité ! Il faut savoir que j’ai écris 90% de l’album (9 chansons sur 10) et que le fait de pouvoir mettre du chant saturé là où tu veux, ça marche ! Le patchwork fonctionne car ça aurait pu être casse gueule de lier encore du chant clair / saturé comme du deathcore mais on a réussi un super équilibre, un compromis et quand les riffs sonnent méchants, que le chant suit … c’est con mais le résultat n’a plus rien à voir !

 

La première fois que j’ai écouté, et encore aujourd’hui, “The Blossom of your Hate”, j’ai l’impression d’écouter un nouveau Arch Enemy. Les riffs sont énormes, le chant de Barbara me fait penser à Angela Gossow, bien plus sauvage que Alyssa et tout s’imbrique parfaitement bien. Que penses-tu du parallèle ? 

Ca me fait énormément plaisir car j’ai connu Arch Enemy quand je devais avoir 13 ans avec “Doomsday Machine” et c’est pour moi une pierre angulaire de mes influences. J’avais trouvé des guitaristes qui étaient des exemples, dans lesquels je pouvais me projeter et qui étaient aussi fan de Schenker que de Sodom ou Destruction. C’était une époque où Children of Bodom et Ensiferum mais Michael Amott a apporté autre chose. Ce mec là, je me suis dis pendant des années “C’est ça que je veux faire” et je suis fier que tu parles de lui, surtout que c’est devenu avec le temps un ami. 

Alors attention, je n’ai pas envie de faire un album “type Arch Enemy”, c’est juste que … (ndlr : il hésite) attention, je ne veux pas être prétentieux du tout mais, dans le fond, j’ai juste l’impression que Michael et moi écrivons à peu de choses près avec la même sensibilité. J’ai toujours eu cette patte là, je n’avais juste jamais eu la chanteuse qui permette de faire ça. La référence semble bien plus évidente. 

Tu parles de Angela Gossow et je suis d’accord avec toi. Elle a ce caractère bien plus sauvage comme tu dis et c’est quelque chose que Barbara maîtrise parfaitement. 

Aujourd’hui, beaucoup de gens pissent à la gueule de Michael Amott alors que ce gars là est présent depuis 30 ans, qu’il a déjà tout fait et je me dis que s’il a envie d’écrire une ballade avec du chant clair, il a le droit de le faire ! Avec internet, beaucoup se permettent de tout critiquer et de tout dire. On peut reconnaître ces gars là dès la première mélodie, dès le premier riff donc pour moi, c’est qu’ils ont gagné. Quand tu lances un Motorhead, tu sais que c’est Lemmy. Quand tu écoutes Maiden, tu les reconnais. C’est ça avoir un son. 

 

 

Avec Franck, vous parvenez à un équilibre quasi parfait au niveau des guitares puisqu’elles sonnent vraiment tranchantes, belliqueuses mais qu’elles intègrent toujours de la mélodie, sans que cela vienne affadir quoique ce soit. Et les soli sont vraiment marquants ! Est-ce que vous avez travaillé différemment que d’habitude ?

C’est très simple. Franck a écrit “Voices from the Other Side” et moi tout le reste. Je n’écris pas forcément “à la demande” car j’écris finalement tout le temps, mon cerveau ne s’arrête jamais de fonctionner à ce niveau là. 

Je pense que l’unité vient du fait que c’est la même personne qui a quasiment tout écrit. J’ai enregistré les guitares, la basse et tous les instruments. Pour répondre concernant Franck, il nous a clairement dit qu’il était dans un mood beaucoup plus extrême, presque black dans la composition, donc il n’avait pas forcément la tête à écrire pour Nightmare donc moi j’ai pris l’autoroute de l’écriture (rires)
 

J’aimerais que tu me parles de la production. C’était Simone Mularoni qui s’en était chargé pour le précédent. Qui est aux manettes cette fois ? 

C’est encore lui ! D’ailleurs, avec Barbara, on a pu se désaccorder et baisser la tonalité des guitares pour coller à son timbre de voix et on se retrouve avec la même tonalité que Arch Enemy, qui fait que ça sonne encore plus comme eux. Donc avant qu’on me traite de plagiateur, ce n’était pas voulu c’est sa voix (rires).

Cette fois, le défi, si on peut dire ça comme ça, c’est qu’il fallait revoir mon son en sonnant plus bas, je voulais que ça sonne incisif et pas trop gras. Comme “Aeternam” mais en encore mieux et Simone a fait un boulot de dingue. C’est un guitariste à la base donc nous avons eu des conversations en ce sens et naturellement, il a un feeling de guitariste et il sait comment ça doit sonner. DGM a un son très particulier, il a mixé des choses de malades avec le guitariste de Symphony X par exemple. Et c’est un gars adorable en plus !

 

Ce qui est génial avec cet album, c’est qu’on ne peut pas caser “Encrypted” comme uniquement du heavy metal, ni du thrash ou du death melo. Je dirais que c’est simplement un disque de metal qui peut embraser tous les publics avec un côté presque universel …

Je trouve que c’est bien de parler avec des gens comme toi car ça change des questions habituelles. C’est très difficile pour moi de parler complètement de ma musique car tout ce que tu peux entendre dans cet album, c’est une partie de moi.
Ce n’était pas voulu mais je pense effectivement que tout le monde peut se retrouver dans cet album. Il y a encore des gens, après des festivals, même en France, qui nous disent “Je ne vous connaissais pas”. Attention, nous ne sommes pas Maiden et je n’ai aucune prétention de ce côté là mais je trouve dommage qu’après 40 ans d’existence, notre nom ne soit pas plus ancré. Je me dis qu’en France, on peut remplir des stades pour Maiden et Metallica et je suis convaincu que beaucoup de gens peuvent se retrouver dans un album comme “Encrypted”. Il faut juste aller nous voir, nous soutenir et se dire “Tiens, en plus c’est français !”. 

Mais comme tu dis, un fan de heavy va se dire qu’il y a des mélodies, un fan de death mélo se dira qu’il y a du growl et des gros riffs, etc …

 

Un peu comme un Machine Head qui ne rentre dans aucune case et qui plaît à quasiment tout le monde !

Je suis d’accord avec toi. Comme Trivium aussi, qui plaît autant aux fans des années 80 que des coreux. 

En France, on mets énormément l’accent sur Gojira, Benighted ou Loudblast dans une mouvance plus extrême mais il y a de la place pour d’autres et c’est vrai que la France et le heavy metal, ou de power, c’est un peu la mer morte. Il y a eu Heavenly a une époque … alors que le France a un public qui aime Maiden, qui aime Edguy … donc forcément, je pense qu’il y a un public avec Nightmare. 
 

8 - Tu chantes de nouveau sur “Voices from the Other Side”. Tu chantes aussi beaucoup sur ta chaine Youtube. Est-ce un exercice que tu comptes développer à l’avenir dans le groupe ? 

Il faut prendre la chose à l’envers. En fait j’ai chanté dans pas mal de groupes derrière moi, comme Fire Wizzard, mon premier groupe de heavy. J’y chante d’ailleurs très mal, c’était il y a quinze ans (rires). J’ai pris le chant parce que personne ne voulait chanter, comme beaucoup au début. J’ai aussi Dead Crows qui est du gros rock n’roll.
J’adore la guitare, mon héros était James Hetfield mais à un moment, j’aime aussi avoir autre chose. J’ai pris des cours de chant, j’ai fait des covers de rock et de pop, j’ai participé à une émission en Belgique autour de la voix qui n’est pas encore sortie .. c’est vraiment une grande partie de moi. Je ne m’estime pas comme un grand chanteur mais j’aime beaucoup ça. 

Pourquoi chanter dans Nightmare ? Yves (Campion, basse) aime bien créer des duos et des concepts dans les textes donc quand il y a des lignes à chanter, c’est toujours un plaisir de les réaliser. 

 

 

Le concept de l’album est assez sombre, comme l’était déjà Aeternam mais en évoquant l’horreur dans des personnages de fiction. Est-ce que tu peux en parler et est-ce qu’il reflète ta vision pessimiste d’une humanité visiblement perdue ? 

Il y a plusieurs facteurs à ça. Je ne veux pas dénigrer Madie mais je ne sais même plus vraiment pourquoi “Aeternam” a pris cette direction lyrique. 

J’avais écrit des titres très personnels. Je pense par exemple à “Crystal Lake”, qui évoquait des démons à l’intérieur de moi et des choses dont je ne suis pas fier. Et bien dans l’absolu, ça m’a gonflé que ça devienne l’histoire de Jason dans le lac parce que ça a perdu la puissance émotionnelle qu’il y avait.
Barbara est beaucoup plus humaine et elle voulait des textes plus viscéraux, le cercle vicieux de la vie, notre place dans la société. Elle a écrit à 50% avec Yves et c’est beaucoup moins fantasy. Je suis beaucoup plus en phase avec ces textes en tout cas. 

Et j’adore la pochette ! Ce n’est pas le plus important, un artwork de metal reste cliché par définition mais je l’adore ! Je ne sais pas si tu as déjà acheté un album juste en regardant la cover sans connaitre le son mais c’est le type de visuel où je serais capable de le faire ! Avec internet, tout ça se perd. On a créé un visuel spécial pour “Nexus Inferis” et Spotify ne l’a pas uploadé au début, alors qu’on voulait une pochette spécialement sur ce titre avant la sortie de l’album ! C’est vraiment dommage parce que les plateformes tuent le côté visuel et l’effort que font les groupes de ce côté là …

 

J’ai eu le batteur de Evergrey en interview qui me disait justement que pour leur dernier album, ils ont pensé la pochette pour qu’elle soit lisible depuis un petit écran de téléphone, sans les détails des précédentes … donc ils ont créer en fonction des gens qui ne comprennent pas des pochettes trop détaillées. Qu’en penses-tu ? 

Je ne t’apprend rien en disant que je n’aime pas ma propre génération. On est dans la consommation excessive, on ne fait plus attention à rien. En tant qu’artistes, on est obligé de se “violer” et de penser comment les choses seront vues sur Instagram car, sur un carré de 4x4, ça ne donne pas comme un backdrop de 8m sur 10m ! Ca me désole. 

 

Vous avez décidé de réinterpréter Eternal Winter, titre où tu n’étais pas encore dans le groupe à l’époque. Pourquoi ce morceau en particulier et y apporter ce côté plus dur et heavy, lui faisant perdre par le même biais une partie de sa mélancolie …  ?

J’aime bien ton interprétation de cette relecture (ndlr : je lui dis aussi que je n’ai pas du tout aimé les premières écoutes avant de finalement apprécier cette nouvelle version, bien que très différente de “Insurrection” qui est mon album préféré du groupe). “Insurrection” est aussi mon album préféré de Nightmare dans lequel je ne joue pas. Il y a quelque chose de presque mystique, de magnétique dans cet album. Et la prod était géniale.
Tu as raison que ce titre a un côté très brut de décoffrage dans notre version et aussi que c’est un des meilleurs morceaux du groupe mais tristement, il n’a jamais eu de clip. On trouvait que c’était une bonne idée pour présenter la nouvelle chanteuse et surtout qu’il n’y aurait rien à proposer au public avant au moins un an. Ce qui était long puisqu’on était en tournée avec elle à ce moment là !

J’avais dis, mais je ne pense pas que ça a été compris, de présenter ce morceau comme un “cadeau”, plus à Nightmare en lui-même qu’aux fans d’ailleurs. De lui offrir un clip en présentant la nouvelle chanteuse et de rendre hommage à un des rares titres de l’ancien répertoire que l’on joue encore. C’était aussi un moyen de déclarer que nous allions aller dans un espace plus violent par la suite. 

 

C’est plutôt casse-gueule pour elle côté présentation non ? (rires) Je dirais que c’est un très bon bonus track mais qu’il peut être difficile quand le titre est présenté totalement indifféremment d’une sortie d’album !

Oui tu as raison (rires). Il faut se mettre à sa place. Elle arrive derrière deux chanteuses à la tessiture très différente, et je ne parle pas de l’époque des frères Amore. 

J’aime beaucoup cette version mais je suis d’accord avec toi qu’elle n’apporte pas grand chose. Ce n’est pas comme reprendre “Waiting for the Twilight” de 85 et en refaire un titre totalement différent. 

Je suis aussi d’accord qu’en bonus track, le titre fait moins “tâche”. J’ai l’impression de mal parler de mes titres (rires). Tu as très bien résumé les choses en tout cas. Après, il y a forcément toujours les débiles sur internet qui ont encore répété “C’était mieux avec Jo”. Voilà, ça fait 10 ans, on est passé à autre chose. C’est probablement ces réactions là qui sont les plus décevantes. 

 

11 - Vous avez participé à la croisière 70 000 tons of Metal. Qu’est-ce que ça fait de jouer sur un bateau en pleine mer ?

Tu ne parles pas à la bonne personne pour avoir une réponse positive. Réellement, je n’ai pas vraiment apprécié, que ce soit en 2013 ou en 2016. EN 2022, j’ai en plus eu la bonne idée de rater une marche la veille du départ donc je me suis bousillé le dos. J’ai déjà une discopathie et je suis handicapé à 50% du dos donc c’était impossible de bouger. Du coup j’étais totalement à l’ouest sur cette expérience. 

Mais en soi, pour un groupe pour nous, cette expérience, c’est se payer des vacances là-bas. Mais tu dois payer ton billet d’avion, ton hôtel là bas, ton taxi etc … sur la bateau, tu es logé et tu peux presque manger où tu veux car tout n’est pas gratuit pour les artistes, sauf quand tu t’appelles Nightwish évidemment, et je n’ai rien contre eux. C’est évident que personne n’est traité exactement de la même façon. 

Je suis juste arrivé à un moment de ma vie où je trouve ça “trop”. Surtout que, d’un point de vue business, ce n’est pas si intéressant que ça. C’est fun pour le groupe mais on nous dit que la croisière est une opportunité pour le marché américain. Mais c’est faux, les cabines coutent tellement chères (entre 1500 et 2000$) et les américains sont tellement dans la merde qu’on se retrouve majoritairement avec un public européen qu’on couvre déjà avec nos tournées. Il faut aussi ajouter les excursions qui coûtent extrêmement chères et forcément, c’est très difficile pour les locaux de se payer ça. Donc finalement, les retombées ne sont pas si intéressantes. 
 

J’ai lu sur internet que vous alliez faire un concert anniversaire avec les frères Amore. Comment s’est passé ce rapprochement entre vous ? Est-ce que ce sera un événement uniquement ponctuel ?

Je n’y suis pour rien je dois te dire. C’est Yves qui s’est rapproché de ses anciens camarades parce que 35 ans de collaboration, ça ne s’efface pas comme ça. 

Donc ce concert des 40 ans entre le line up de l’époque, celui de Cosmovision puisque le premier chanteur est décédé, et nous, c’est plutôt une belle affiche. En fait tu auras le “vieux” line up pour un concert et derrière, il y aura nous pour les titres plus récents. C’est vraiment deux concerts en une soirée des deux visages de Nightmare !

C’est vraiment une date pour les fans de Nightmare, dans la ville du groupe. J’avais peur au début qu’on perdent les gens, qu’ils pensent à une reformation mais je pense que la communication est assez claire pour bien dire que l’équipe actuelle ne bouge pas. C’est devenu tellement complexe, comme on disait tout à l’heure, de transmettre une information simple, avec parfois des débiles qui balancent de mauvaises infos, qu’on peut facilement s’éparpiller. 
 

 

Tu étais très jeune quand tu as rejoins Nightmare. Quelles différences principales trouves-tu entre le Matt de “The Burden of God” et celui de “Encrypted” ? 

(ndlr : il hésite …) Très bonne question … le Matt de “Burden of God” était jeune et plein d’ambition. Je touchais à l’époque du bout du doigt un rêve que j’avais toujours espéré. Un enregistrement professionnel, donner aux gens une émotion sur scène. Je n’ai jamais rêvé d’être une rock star mais simplement de faire de la musique. 

Malheureusement, j’ai vécu des choses pas très cool dans ma vie et j’ai beaucoup grandi. Je voudrais bien retrouver le Matt d’avant parfois. Il m’arrive de réécouter certains solo d’avant et je suis plutôt content de mon évolution musicale, des rencontres que j’ai faite qui ne sont pas donnés à tous et de l’histoire que j’écris avec le groupe. 

 

Qu’est-ce que tu trouves excitant musicalement parlant en 2024 ? 

Pas grand chose (rires). Le dernier Kerry King j’adore, ce gars est vraiment le maître des riffs. Le son est énorme, ça défonce et ça tue. J’ai beaucoup aimé l’album solo aussi de Bruce Dickinson, aux antipodes de Maiden, avec une facette tellement créative, tellement originale. Il y a une telle ambiance dans cet album, ça montre que ce gars cherche toujours à se renouveler même en ayant plus rien à prouver à personne et c’est incroyable. 

J’ai bien aimé le Judas aussi parce que, à 70 ans, être toujours là et écrire des choses, c’est un respect éternel. 

Donc j’écoute des vieux mais qui font de la musique en 2024 (rires). Pour les plus jeunes groupes, ça ne m’intéresse simplement pas. J’ai l’impression que tout se ressemble, que rien n’est créatif, que les groupes écrivent ce qu’on attend d’eux … mais l’art est si subjectif que ce n’est pas très utile de parler de ça. Merci pour ton interview et tes questions en tout cas, et le support ! 

Comme je disais, si on remplit un stade pour Metallica, on peut remplir de petites salles pour Nightmare ou Manigance. Et ça coûtera moins cher !