Cela peut paraître bizarre mais les pionniers du death metal floridien, Obituary, doivent beaucoup au bouffon du hard rock mélodique Andrew WK. Le groupe était en pause indéterminée depuis 1997 et mi-2002 rejouer ensemble était le dernier de leurs soucis : le chanteur John Tardy travaillait dans une boîte d'informatique, le guitariste Trevor Peres était dans Catastrophic, l'autre guitariste Allen West était dans Lowbrow, le bassiste Frank Watkins vendait des prêts et des hypothèques et le batteur Donald Tardy était le batteur live d'Andrew WK.
Avant un concert du Ozzfest à West Palm Beach, Andrew WK a appelé John et Frank pour les inviter à jouer quelques titres avec lui.
« On s'est vu pour répéter quelques morceaux et on s'est souvenu du plaisir qu'on avait à jouer ensemble, » dit John. « C'est tout ce qu'il nous a fallu. On a fini par faire quelques concerts qui se sont très bien passés et qui ont été très bien perçus par le public. Tout s'est alors enchaîné. »
Début 2004, Obituary décide finalement de travailler sur un sixième album studio. Il est fréquent que les groupes qui n'ont pas joué ensemble depuis des années aient des difficultés à composer un nouvel album, il faut du temps aux musiciens pour s'y remettre. Mais Obituary n'a pas eu ce problème.
« C'était comme mettre une vieille paire de chaussures, » raconte John. « Je n'avais pas l'impression que ça faisait 6 ans, ça m'a paru tellement court! Certains d'entre nous ont des barbes plus longues qu'avant mais c'est tout ! Tout est comme avant. Il nous a fallu cinq minutes pour que tout redevienne exactement comme avant.»
Il suffit d'une écoute du nouvel album, « Frozen in Time », pour se rendre compte qu'Obituary a retrouvé ce qui les a rendu célèbres au début des années 90. « On the Floor » ouvre l'album avec un riff puissant, une batterie du tonnerre et une voix à vous glacer le sang avant de retomber en une lente explosion, « Blindsided » a tout au long du morceau un groove malsain et ascendant en direction du sud de l'enfer, et « Back Inside » mêle craquements bestiaux et double grosse caisse afin de créer un moshpit fatal.
« Quand j'écoute l'album je me dis que certaines chansons pourraient sortir de « Slowly We Rot » et d'autres de « World Demise » », nous dit John. « D'autres sont uniques à nos yeux et différentes de ce que l'on a pu faire dans le passé. C'est un album très équilibré, mais aussi le plus heavy qu'on ait jamais fait. »
Obituary a passé trois mois à écrire cet album et a répété jusqu'à connaître les chansons sur le bout des doigts. Puis, en souvenir du bon temps, ils sont allés cherché le producteur vétéran Scott Burns, le tirant de sa paisible retraite. Ils ont travaillé avec lui dans leur ancien quartier général, le studio Morrisound à Tampa en Floride mais aussi avec le producteur Mark Prator au Red Room Recorders, dans son studio de Tampa.
« C'était incroyable car on a vu Mark évoluer », dit John. « Pendant l'enregistrement de notre deuxième album, il vidait les poubelles du studio et maintenant il a son propre studio. Retrouver Scott était aussi extraordinaire. Ça fait tellement longtemps qu'on le connaît, il sait exactement comment doit sonner Obituary. »
Du début à la fin, la création de « Frozen in Time » n'a rencontré aucun problème. En fait, le plus dur pour le groupe a été de trouver un titre à l'album. Ils voulaient le nommer d'après le titre d'un morceau mais ont pensé qu'une chanson ne pouvait pas représenter l'album dans sa totalité. Le titre de l'album aurait pu renvoyer à leur réunification après sept longues années d'absence. Finalement c'est le titre « Frozen in Time » qui sera finalement retenu.
« Après ces six années d'inactivité, c'est comme si on sortait d'une longue hibernation, aussi heavy qu'auparavant. C'est comme si notre son avait été gelé dans le temps » dit John. « Cet album n'est pas un nouveau départ, c'est ce qu'on a toujours fait, c'est juste plus actuel et meilleur. »

