Bon alors je me lance. Voici un petit extrait d'un roman ("Le jardin aux statues de pierres" que j'ai commencé à écrire (mais sans imaginer vraiment en voir le bout un jour), sur une femme agoraphobe et au bord de la schizophrénie, qui va plonger petit à petit dans la folie totale et s'imaginer (en gros) que les statues qui peuplent le jardin de la maison que son mari a récemment acheté sont douées de vie, entretenant une relation avec son mari et complotant contre elle :
" Je me suis trompée au sujet des statues : ce qu'elles veulent, ce n'est pas me retenir prisonnière à l'intérieur de la maison. Ce qu'elles cherchent au contraire, c'est à m'attirer au dehors, dans le jardin, afin de m'y retenir assez longtemps pour que je devienne l'une d'elles. Je le sais car je les ai entendues le marmonner. Car elles marmonnent, voyez-vous. Elles marmonnent entre elles, parfois pendant plusieurs minutes, mais jamais très longtemps : elles savent bien que je les écoute. C'est la femme sous ma fenêtre qui les avertit. Elle m'épie, cette femme et quand elle me voit m'approcher de la vitre, elle parvient à prévenir les autres malgré son absence de bouche et toutes se taisent en même temps. Mais si je fais bien attention de ne pas m'approcher trop près de la fenêtre afin que cette garce ne m'aperçoive pas, mais suffisamment tout de même pour entendre plus ou moins distinctement leurs voix, alors je peux saisir quelques bribes des phrases qu'elles s'échangent. [...] Car je sors parfois la nuit dans le jardin. Oh, bien sûr, ce n'est pas vraiment moi qui sors, mais ma statue ! Je profite de leur sommeil. Il ne dure pas longtemps, une heure, parfois deux, alors je fais vite. Quand je sens que les statues se réveillent, je rentre la mienne en vitesse. J'ai un compte à régler avec cette femme sous ma fenêtre, celle qui m'épie, alors j'envoie ma statue lui crever lentement les yeux. Toutes les nuits un peu plus. C'est un travail long et difficile, car ses yeux sont très durs ! Mais ma statue a aussi les doigts durs. Vous devez vous dire qu'il doit être impossible de crever les yeux d'une statue sans qu'elle ne se réveille. Pas du tout ! Je le pensais également, au début, mais j'ai fini par me rendre compte que le sommeil d'une statue est extrêmement profond."
"Les habitants de la Terre se divisent en deux,
Ceux qui ont un cerveau mais pas de religion,
Et ceux qui ont une religion mais pas de cerveau"
Aboul-Ala al-Maari
poète Arabe mort en 1057