Fabien : 18/20 | Si les années 81 à 83 chamboulèrent l’ordre établi sur les scènes punk & heavy traditionnelles, avec les premières frappes de Venom & Discharge au Royaume-Uni, rapidement suivi de Metallica, Slayer, Suicidal Tendencies, DRI ou Anthrax aux Etats-Unis, redéfinissant chacun à leur manière les mots vitesse, hargne et lourdeur, 1984 reste tout aussi déterminante, non seulement grâce à l’arrivée de nouveaux prédateurs tels que Celtic Frost, Dark Angel, Sodom ou Destruction, mais aussi avec la confirmation de la menace californienne de Slayer & Metallica, et de leurs impitoyables Haunting the Chapel & Ride the Lightning, parus à quelques jours d’intervalle, en ce terrible mois d’août 84.
À l’instar de Slayer, Metallica surprend par son évolution en une seule année, brisant le côté unidimensionnel (mais tellement bon) de son premier album, pour livrer une seconde offrande d’une profondeur et d’une variété considérables. En effet, si le côté direct de l’intraitable morceau d’ouverture "Fight Fire with Fire" rappelle encore la fougue de Kill 'Em All, le niveau technique et la complexité des structures de Ride the Lightning ne trompent pas, à l’image du titre éponyme où, sur la rythmique lourde de Ulrich / Burton, le groupe balance tour à tour riffing serré, refrain accrocheur, accélérations vicieuses, dynamisés par le chant hargneux d’Hetfield et les soli tantôt poignants ou débridés d’Hammett.
Puis, l’atmosphère se noircit et le rythme devient terriblement pesant sur l’imparable "For Whom the Bell Tolls" (avec ses fameux coups de Tocsin), imposant son climat glauque et son riffing particulièrement tranchant. Osant, Metallica surprend encore l’auditeur, juxtaposant alors ce titre avec l’étonnante ballade "Fade to Black", montant parfaitement en intensité au fil de son avancée, notamment grâce aux soli saisissants de Kirk Hammett, qui livre décidément un travail irréprochable.
Si la face B débute sur les sympathiques "Trapped under Ice" et "Escape", bons sans toutefois transcender, Metallica lâche un nouveau classique avec l’incontournable "Creeping Death", morceau d’un entrain et d’un équilibre exemplaires, subjuguant par la fluidité de ses rythmiques et charmant avec son refrain mémorable. Enfin, l’excellent instrumental "The Call of Ktulu", aux dernières empreintes de Dave Mustaine dans l’écriture, impose ses structures alambiquées et sa puissance riffesque durant ses neuf minutes, clôturant l’album sur un final d’une rare intensité.
Parfaitement mis en valeur par une production puissante, signée Flemming Rasmussen aux studios danois Sweet Silence, parallèlement doté d’une superbe illustration d’une chaise électrique sur fond bleu et orageux, Ride the Lightning impressionne par son équilibre, sa force, sa diversité et son avant-gardisme. L’album se hisse sans conteste parmi les œuvres les plus marquantes du metal des années 80, confirmant Metallica comme l’un des acteurs essentiels de la scène speed thrash de cette époque.
Fabien. 2008-12-19 00:00:00
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