KORN
ISSUES (Album)
1999, Epic Records / Immortal Records (USA)




eulmatt : 16/20
A l’heure du jugement de l’Histoire, certains phénomènes et évènements n’ont plus lieu de générer la polémique, ils deviennent des faits incontestables, froids et insensibles aux passions subjectives des uns et des autres, y compris de leurs contemporains.
C’est ainsi que presque quinze ans après, on ne conteste plus à Korn la paternité de la vague néo-metal, ni l’ampleur du phénomène durant la décennie qui a suivie. Et en poussant plus loin ce constat, on doit admettre que le succès de Korn et de ses condisciples fût d’autant plus grand qu’il répondait à un véritable manque pour une masse colossale de jeunes métalleux en herbe, réfractaires à la brutalisation globale incarnée par l’avènement du death metal, voire même du post-thrash, héritier peu légitime d’une vague qui avait marquée les années 80. Bien entendu, ces kids n’allaient pas non plus se réfugier dans les contrées un peu ringardes du hard rock ou du heavy metal, forcément obsolètes puisque écoutés par leurs aïeux.
Bref, l’album éponyme de Korn est devenu de fait un des classiques de l’histoire du metal, idolâtré avant tout pour la rupture qu’il a engendrée. Et fort logiquement, par voie de conséquence, tout ce que produisit Korn dans les années qui suivirent, divisa franchement le monde du metal…dieux vivants d’une vague se nourrissant d’une base de jeunes fans abreuvés de MTV, icône du mal pour les vieux metalheads voyant d’un mauvais œil cette approche minimaliste qui ne respectait plus aucun des fondamentaux intouchables du metal de toujours.
Pourtant, comme souvent, les approches manichéennes sont source d’injustice. Ignorer la qualité du quatrième album de Korn, au nom du rejet définitif de ce qui se rapproche de près ou de loin au nu-metal, en est une.
Issues, dernier coup de maître de Jonathan Davies et de sa bande, apogée de son style dans ce qu’il a de plus puissant, album peut-être le plus personnel et le plus sombre.

C’est tout d’abord le thème de l’album en lui-même qui explique beaucoup de choses. Davies construit ainsi une sorte de concept autour de ses problèmes psychologiques, qu’il lie à la maltraitance subie dans son enfance. Bien que ce sujet ait été maintes fois exploité durant la carrière de Korn, c’est ici que ce fil rouge prend toute sa signification, y compris dans l’approche musicale. Son chant en tire un véritable bénéfice, montrant un panel époustouflant, d’un guttural proche du death par moments jusqu’à ces touches plaintives pleines d’émotion.

D’ailleurs, les autres musiciens ne sont pas en reste, délivrant une prestation parfaite du plus pur Korn. Et bien entendu, plus que pour n’importe quel autre style, la puissance du son et de la production étant des éléments clés, Korn bénéficie sans doute là de la plus grosse force de frappe depuis ses débuts, guitares à 7 cordes sous-accordées et basse infrasonore omnipotentes. Ajoutez à cela la maîtrise complète des compositions et notamment des passages calmes et posés, tapant généralement dans le sample bien senti et encadré par une section rythmique sachant montrer beaucoup de finesse quand il s’agit de faire monter l’émotion.

L’émotion, parlons en. Issues est à ce niveau tellement immersif que l’on suit sans peine l’oscillation permanente entre nostalgie, amertume, névrose et colère. Il faut dire qu’avec ces seize titres, le groupe s’est ménagé assez d’espace sonore pour exprimer sa créativité. Et notons que Korn parvient à ménager tout au long de l'album une atmosphère particulièrement noire, amère et introspective qui le singularise de ses prédécesseurs.

Même l’intro avec son imparable cornemuse donne déjà des frissons. S’en suit l’un des morceaux mythiques du groupe, Falling Away from Me : sample inquiétant laissant monter l’adrénaline, puis explosions successives du refrain qui dévastent tout sur leur chemin. La colère noire, furieuse, jalonne régulièrement le disque, du gros riff écrasant de Beg For Me, au superbe Somebody Someone, d’une intensité incroyable, avec ces poussées paroxysmiques successives savamment orchestrées à partir de plages au calme inquiétant, pour s’achever sur un final d’une lourdeur écrasante.
La folie névrosée est parfaitement incarnée par d’autres morceaux dans lesquels Davies excelle : Make Me Bad est à ce titre une franche réussite, autant par le chant de caméléon que par l’accroche de ces enchaînements très inspirés. On tombe même dans l’angoisse malsaine avec Hey Daddy, son couplet plaintif et oppressant - surtout avec le thème abordé, ou Davies règle ses comptes avec son père et les sévices qu’il lui a fait subir – et ses refrains colériques et volcaniques.
L’émotion atteint son paroxysme avec No Way, longue descente aux enfers empreinte de nostalgie, avec ses touches de claviers délicates qui donne un relief unique à ce morceau.

Malgré sa longueur et sa densité, Issues s’écoute parfaitement d’un trait sans jamais s’avérer ennuyeux…l’équilibre entre mélodies prenantes, breaks pachydermiques et riffs au groove inimitable empêche toute linéarité de s’installer. Son néo metal a beau utiliser des plans basiques et un jeu très direct, rien à dire, l’inspiration est présente tout au long de l’album. Evidemment, on pourra toujours reprocher de retrouver une certaine redondance dans la structure des compositions, et il est certain que la musique de Korn est quelque part plutôt prévisible. Mais ici on rentre dans le procès du genre, et en tout cas, à ce titre, Issues reste l’un des disques les plus inspirés de tout ce que je connais de cette vague.

Si il fallait encore une preuve qu’un grand talent artistique pouvait aussi s’épanouir dans les structures basiques du néo metal, Issues est celle là. Et rien que pour ce disque, Korn mérite le respect, même si il marque aussi pour moi le dernier coup de maître des Américains avant un déclin artistique aussi rapide que définitif.

2008-11-02 00:00:00


bojart
S'il y a un album qui aura permis de confirmer le talent de Jonathan Davis et consort, c’est bien « Issues », succédant seulement un an après à « Follow the Leader», vendu à cinq millions d’exemplaires; grâce à des tubes comme « Freak on a Leash », « Got the Life » ou encore « Children of The Korn », le groupe californien était reconnu par la populace (même au vu de leur popularité aux USA) et enfin reconnu outre-Atlantique. En 1999, vint le temps de la confirmation !

Après le succès fulgurant de « Follow the Leader », Korn, MTV décida d’organiser un concours pour les fans du groupe. Le but? Trouver la cover du futur album « Issues ». Le gagnant sera Alfredo Carlos et son ours en peluche, disons, abîmé. Pour ma part, j’aurais choisi l’œuvre de Brad Lambert moins simpliste et plus « ivol »! A l’intérieur de la pochette, beaucoup d’instantanés des membres du groupe posant devant les milliers de dessins envoyés par les fans pour le MTV Cover Contest, mais aussi des photographies plus artistiques des quatre trublions de Korn. « Issues » est pour moi l’antithèse de « Follow the Leader » car moins commercial, plus inspiré et moins accessible que ce dernier. Au début, disons-le de suite! Je n’ai pas accroché avec ce disque, le trouvant bordélique et ne comprenant point l’étrange concept des interludes musicales assez barrées qui traverse « Issues » de long en large! Plusieurs écoutes (des centaines !) m’ont été nécessaires avant de dompter la bête. Grosso modo, j’ai mis un an à apprécier « Issues » à sa juste valeur et dans sa folle intégralité! C’EST l’album le plus créatif et le plus original de la discographie de Korn car moins monolithique que « Follow the Leader », moins cadré et recadré que « Life Is Peachy » mais plus osé que les deux réunis.

Je commence mon voyage dans la psyché de Jon’ Davis avec l’intro nommée « Dead » où l’on entend enfin le chanteur/beugleur jouer de sa cornemuse, ça titille l’ouïe et ça fait surtout plaisir ! Un moment mélodique de bon gout. Vient ensuite le sombre « Falling Away from Me », morceau poignant sur le thème mille fois usité du suicide. Morceau auquel les médias américains avaient attribué la mort de deux jeunes adolescentes fans du groupe…ces mêmes médias à la mord-moi-le-nœud qui accusèrent plus tard Marilyn Manson d’avoir provoqué la fusillade de Columbine de par son album « HolyWood »! Et pourquoi ne pas mettre en accusation l’héroïne qui coulait dans leurs veines ce jour-là pendant qu’on y est? Mais bon, je m’égare !Merveilleusement interprété par un Jon’Davis au top de sa forme, « Trash » est une ode glauque à l’ambiance inquiétante, le tout roulant sur une ligne de basse continuelle alors que « Somebody Someone », qui débute en douceur pour laisser place à la furia des guitares, basses et batteries et à la voix enchanteresse puis décoiffante de Jonathan...mon morceau favori de l’opus, c'est bien celui-là!

Intéressons-nous à quelques chansons du reste de l’album, comme par exemple, l’ovni musical « Beg For Mercy » où la batterie en mode jazzy-militaire et les guitares vitrioliques imprègnent ce titre du napalm de leur riffs froids et agressifs ; le sympathique « Wake Up »,ballade punk-rock agrémenté de refrains brutes (dans la plus pure tradition de la formation US) et de paroles touchantes et mélancoliques; introduit par une interlude expérimentale mêlant vocaux enregistrés à l’endroit et à l’envers (pour un rendu vraiment spéciale) « Hey Daddy » morceau violent à l’atmosphère de soufre et à l’arrière-gout de fer (Déjanté donc!)

Je finis cette chronique par « No Way », une autre ballade mid-tempo, dans l’esprit du rock-métal alternatif de 30 Second To Mars ou de A Perfect Circle (un titre accrocheur et recherché donc) et « Let’s Get This Party Started » qui n’est pas une chanson festive malgré le titre, mais un morceau au sens profond, mêlant un refrain fusion métal et des couplets made in Korn.

Le meilleur album de Korn à mes yeux (et mes oreilles),insolite, riche et innovant du côté des compositions ; hétéroclite et panaché du côté des textes. Mention spéciale aux interludes musicaux vraiment jouissifs! A posséder absolument!

2009-12-24 00:00:00


Morticia
Issues, 4è album qui suit un « Follow the Leader » trop rap selon certaines personnes. Les fans seront ravis a sa sortie, voila un album plus sombre et réfléChi que tous les autres, aussi sentimental que puissant. Jonathan utilise en principal sa voix pleine mais en tant que gémissements donnant avec les synthés et autres une ambiance mystérieuse et dark. Ambiance qui se fera fortement sentir aussi sur « Falling Away from Me » single promo de l’album.
Comme toujours chez Korn, la dernière chanson se fait douloureuse et si sensible. Particularités de Issues, aussi, sont ses riff accrocheurs, moins violent surement qu’à leurs débuts, différents de ceux dans follow de leader sans hésitation, ensuite, Korn aura développé pour une fois ses mélodies jusqu’au bout, ca donne ce coté plus mature qui leur ont fait faire un grand pas en avant pour leurs futures compos. Des mélodies qu’on retient dès la première écoute comme sur « let’s get this party started », « Make Me Bad », « Falling Away from Me » et le cultissime (présent généralement dans les tracklist live) « Somebody Someone »…
« for you » émouvant passage, est destiné a tous les fans du groupe et les remercie. On sent une ambiance nouvelle vers la 8, 9è chanson + la 10è enfin pour son père, des sons laissant croire a la folie, et ressortant toute la rage intérieure de Davis, rappelant le célèbre « daddy » sur leur premier opus, ce magnifique morceau sur lequel jonathan s’écroule en larmes vers la fin ;
Ce qui diffère Korn de tous les autres groupes, c’est bien sur le fait qu’ils soient les parrains du néo (sans oublier Deftones naturellement) mais aussi la colère ou la tristesse profonde que fait ressentir le chanteur dans ses paroles et sa façon de chanter… de loin mon album préféré Issues, offre a tous les fans du genre un moment de détente, un style différent et unique (Untouchables, le suivant rechangeant complètement de genre) et un bon album facile à écouter.

2005-01-09 00:00:00


Thor_Enke
Issues, quatrième album et l'une des meilleures galettes de Koяn ! Après un Follow the Leader assez médiocre, le groupe se devait de remonter la barre. Quant à la concurrence (d'où le titre de l'album précédent), Koяn l'a explosé avec ce Issues extrêment prometteur.
Zoomons sur ce culte du néo/thrash métal...

Le groupe décide de nouveau de nous ouvrir leur nouveau skeud en toute beauté car c'est Dead qui jouera le rôle d'intro à l'album, mélangeant cornemuse et choeurs. Dans la lignée de Koяn, Issues est le résultat d'une évolution certaine. Jonathan Davis a améliorer ses hurlements et la musique est mieux construite qu'auparavant (Fieldy se défonce avec sa basse ;-) et ce sont quelques titres comme Falling Away from Me ou Trash qui en sont la preuve : de gros riffs parfaitement maitrisés, une voix énorme et une musique plus écoutable et de meilleure qualité ! Et comme Koяn aime faire du bruit, le combo nous offre Wake Up et Let's Get This Party Started qui en surprendront plus d'un grâce à cette puissance, et cette excellente maitrise des cordes (vocales). Koяn quitte le monde du Nü métal avec ce petit truc de thrash... (Dirty, Somebody, Someone, Trash...). Issues est le skeud du groupe à posséder, en effet, si vous aimez les chansons sombres, Hey Daddy et Am I Going Crazy vous sont servis sur un plateau d'argent !!! Quant au design de la galette, il est bon, mais mon seul regret est l'absence des paroles.

Issues c'est le paradoxe de Koяn. C'est le summon, l'âge d'or du groupe. Le skeud à posséder. Car c'est le skeud, qui marque le début de la descente vers l'enfer. L'avant Issues, c'est du bon, l'après Issues, c'est du mauvais. Alors, qui a osé dire que Koяn n'était que commercial ? Nous n'avons pas affaire à des hypocrites ni à des idiots, juste à l'un des meilleurs groupes fondateurs du nü-métal!
Et en toute sincérité : J'applaudis !!!


18/20
Kjær

2008-01-04 00:00:00