1. MORT

Étendu et enveloppé, dans la torpeur du sommeil,
Apaisé, face à l’étendue inondée de lueur.
Conscience et inconscience, d’une position d’anti-peur,
Attente interminable, du noir ou du vermeil.

Inexistence du temps matériel,
Persistance de la présence charnelle.
Questionnement éternel de la vie,
Sur le voyage infini.

Choc, envol soudain,
L’âme se détache, de son tombeau humain.
Hésitation et interrogation chaotiques,
Sur la voie des entités idéales ou hérétiques.

Choix accompli, le voyage débute,
Rappel des actes, rappel des faits commis.
Projection des vies anciennes, et futures,
Arrivée devant la dimension, où réside le gardien de l’ailleurs.

Matérialisation devant le cerbère des étoiles,
Qui, sans s’opposer, laisse entrer la chimère,
Puissance nouvelle, d’où émane l’obscurité brûlante,
Obscurité transcendantale, métempsychotique.


2. COMA

Ultime réconfort, à ma vie meurtrie,
J’erre dans les limbes, hypnotisantes, sereines et apaisantes.
Un rêve quasi réel où enfin, j’ai du répit,
Où chaque mot est aussi léger que le vent.

Je flotte vers ce lieu,
Où la mort fut un acte de création,
Xibalba…

Mais je m’éveille encore, hélas,
Dans ce lieu gris et terne,
Où ses reflets dorés ne peuvent pénétrer.
Le ciel est lourd comme la poisse,
Et étouffe mon âme.

Je ne puis rejoindre cette nébuleuse,
Qu’en rejoignant enfin, cette contrée des rêves éternels,
Auxquels on m’a arraché.
Se balancer à cette corde,
Au creux de cet arbre qui rend immortel,
Je pourrai enfin finir ce que j’ai commencé.


3. CORPS DANS UN CORPS

L’âme prend sa place, dans la pré-matière,
Et de l’œil à peine constitué, l’être observe.
Tout autour de lui, n’est que flux, liquides, chaleur et obscurité.
Pris de terribles soubresauts, il tente de déchirer sa prison nourricière,
Qui, peu à peu, aspire son souffle de vie.

Entamant le combat pour sa survie,
Il use de ses capacités mentales,
Réduites par l’infime amas de chair représentant son corps,
Luttant en vain, pour une indépendance, viscérale et condamnée.

La chose infâme sent la raideur s’emparer de ses membres,
Tandis que la mort l’envahit et l’étouffe.
L’inconscience spirituelle le gagne, le libère,
Pour, qu’enfin, il puisse entamer son voyage.

Une voix grave, ensorceleuse, l’extirpe de son morbide songe,
Face à lui, se tient la déesse damnée, Lilith qui lui tend les bras.
Elle recueille son âme et lui fait découvrir les secrets,
Ainsi que toutes les horreurs humaines, matérielles,
Auxquelles il échappa.

Puis, disparaissant, elle laisse le mort-né aux plaisirs,
Malsains, noirs et interdits.
Tous indispensables à l’oubli de souvenirs intra-utérins,
Précédant la décomposition, du corps dans le corps.


4. LES LARMES DU PASSÉ

Je perçois au fond du miroir de ma vie,
Mon passé s’étant échappé, d’amers secrets brûlés,
Sur mes poignets, et marquent ma peau de cicatrices,
Enracinées comme une mauvaise herbe,
Qui ne cesse de repousser.

Le souvenir de cet être illuminé me plonge,
Dans une torpeur, dont je ne peux échapper,
Tels ces astres qui s’éteignent,
Marqués de mort d’infimes planètes.

Et je sers ce tissu sur mon visage, une toile,
Faite par mes larmes, telles le balancier de l’horloge,
Accroché à cette corde, il a mis fin à d’innombrables fardeaux.
Ne laissant qu’un souvenir amer,
Aux pantins qui engrossent cette terre.


5. JOUR DE PLUIE

Une longue nuit d’hiver,
A guetter, à l’orée de ma fenêtre,
La venue de l’aurore,
Comme le renouveau, de ma vie inutile.

Mais c’est un autre jour sombre, qui s’offre à moi.
Nappé d’une pluie, qui me ronge, tels mes fardeaux,
J’entends le claquement, goutte à goutte,
De l’eau qui ruissèle le long de la gouttière,
Et finit sa course, des cieux à la terre,
Dans un oubli d’existence.

Aucun rayon de lumière, ne puis traverser, le voile opaque des nuages.
Ne me laissant comme vision, un spectacle,
Dramatique, quasi mystique,
Un gris terne, qui m’ensevelit et étouffe mon esprit.


6. REMEMBER SADNESS

(Instrumental)