Fange : Pudeur

Sludge Metal / France
(2020 - Throatruiner Records)
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1. SOLEILS VAINCUS

Tournesol à la courbure de bagnard, collier de barbelé étranglant ma gorge vermeille, j'ai dompté la première mort. Une tête gardée froide dans la pénombre des soleils vaincus, vulgaire buffet à volonté pour sangsues morfales. Enfin délivré du vertige horizontal des terres en jachères éternelles, je n'obéis plus qu'à la froide fièvre de la raison, acéphale animal lâché nu sur ses chemins de traverse.


2. CAFARD CÉLESTE

On m'a connu raseur de murs, lécheur d'ordures, gicleur impur. Fuyant les fastes comme la peste. Traître à ma caste. Cafard céleste. Sans une seule goutte de fiel à verser, j'suis pas comme d'autres, fiers offensés!... Si peu à foutre d'leurs billevesées, pourtant pas faute de m'être forcé. Et bien peu me fasse d'les voir s'humilier, tous les plaisirs se tassent, même les plus viciés. Mon absolu dans l'insalubre. Jouisseur docile hier, mort larve merdeuse, terne et fanée. Gisant dos à terre, mes lèvres mordues retiennent l’Infini.


3. À TOMBEAUX OUVERTS

Prenant les devants j'enserre, d'une même ferveur absente, le charognard et le frère, leurs destinées déliquescentes. De la main baisée à la main mordue, il n'y aura eu qu'une énième aurore vaine, qu'un pas perdu. Mais je ne parviens plus à faire semblant, à feindre le ressentiment. Trop crâne pour me rabaisser à donner de la force à leurs eczemas de surface. Les abandonnant à leurs piteux lendemains sous œillères, lancés à tombeaux ouverts sur leurs impasses parallèles.


4. GÉNUFLEXION

Chié entre le marteau et l'enclume, je connais ma place. Depuis balloté d'un Eden perdu à l'autre, partout les mêmes fois vermoulues, les mêmes querelles intestines aux pieds des plus rases collines. Partout, partout, partout. Ainsi il aurait fallu se résoudre à engraisser son propre ténia. À s'écharper pour qui palpera les entrecuisses des anges. À devoir étouffer le moindre feu sacré, aux charbons forcément toujours trop ardents. Je m'en retournerais outre-chair, là où l'ombre enfin rayonne. En génuflexion au creux de ces mains aimantes, là où libre de n'être rien ni personne. Face aux barouds du déshonneur, que ma volonté d'impuissance soit faite. Mais même bras ouverts pour étreindre les coeurs candides, devant les dalleux, devant les galeux, je tiendrais mon rang.


5. CROIX DE PAILLE

Que ce qu'il me reste de pudicité me garde éloigné de ces grouillants chemins de croix, si engorgés de bons grains se voulant ivraies!... Pieux doloristes s'y bousculant comme aux latrines au sortir de leurs festins parricides. C'est ainsi que s'étiole toute commisération. Mais après tout, qu’y puis-je, tant même leurs tourments manquent d’ambition? Valse avec les flammes, le sourire en coin; moi aussi la souffrance m'ignore, et je le lui rends bien. Rien pour la nourrir, sans croix de paille ni taillade. Foutant le camp là où toutes les eaux sont couleur de naïades.


6. À BLANC

Je n’attends rien tant je n’étais rien. Et rien ne m'éteint tant rien ne m’atteint. Je ne reviens de nulle part. J’étais là, tout autant fugace qu’immuable. Phare dressé dans l’écume, feu Saint-Elme écorchant la sorgue l'espace d'un battement de cil. Je n'ai aucune raison d'être, qu'elle soit mienne ou usurpée : j'ai embrassé à pleine bouche la perspective d'une vie à blanc, d'une vie châtrée. Je ne renâcle devant rien, besogneux n’arrivant à démêler la peine du plaisir. Mes ongles se pressent, placides, contre la jugulaire du Siècle. Son regard apathique, son souffle pantelant. Nos pouls saccadés qui n’auront su palpiter à l’unisson.


7. DIEUX GÉMISSANTS

Impie devant ces nouveaux dieux gémissants que balaieront les premiers vents mugissants. Macabres Diogènes aux dents jaunissantes, gueules vomissantes de palabres anxiogènes. C'est aussi pour le pire, certes, je le sais, mais je ne m'attache qu'à ce que je peux effleurer de mes doigts flétris. Décrété gardien de l’amoral tant que je sentirais, à chaque pas que je fais, si je marche sur une semence ou sur un débris.


8. TOTAL SERPENT

Étron violacé des bas-fossés, étranglé par tes oripeaux trop étriqués comme trique mal décalottée, j'ai tant raillé ta race de faux! Trop couarde pour se dépouiller de sa mue d'hier, trop repue d'elle-même pour en ripailler jusqu'aux derniers lambeaux. Pétrifiée par le grotesque, dont il suffisait de se draper pour qu'il cesse. Puisque plus personne ne se regarde vraiment. Puisque plus personne ne s'écoute vraiment. Autant déambuler, rabelaisien, la panse bombée d'une exuvie jadis camisole. Enfin debout. Et si c'était à refaire, je vomirais cette vieille peau. Pour m'en bâfrer encore et encore, jusqu'à la nausée. Total serpent.

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