1. PARMI LES RUINES

Le drame n'est pas tant que nos fronts éprouvent le si pressant besoin d'aller defier les murs, mais qu'en depit des masques, d'aucuns n'ignorent notre infinie tendresse comparee a ce qu'ils n'ont de cesse de s'infliger. Heres mortifies parmi les ruines ou cadavres parmi les vivants, on laissera les decideurs decider et la nuit nous ravaler. Épuises de se sentir coupables si nos coeurs s'arretent partout ou les votres battent.


2. AGAPES

Meme les paumes vierges du moindre stigmate, tout ce qui etait jadis empoigne s'y faufile desormais au travers. Carcasse prostree sur elle-meme, genoux carres dans les globes; en temps d'agapes comme de disette, le dernier bastion des depossedes. Ah! Quelle insolente bravoure que celle de rester debout, une fois conscient que rien ne s'eteint avec soi!


3. ULTRAFRANCE

Que tout sombre j'm'en balek, rafiot deserte depuis des lustres en bon gaspard. Sans plus de paves dans l'amarre a lancer que d'amour du crapaud. Ton monopole de la rancoeur, ton degout des autres, je te les laisse volontiers, memes degueulis bons a regurgiter. M'en veut pas les aiguilles de ma montre tournent en annees de chien et j'pouvais plus me permettre de me faire baiser par ta france jusqu’a ce qu'elle m’aime.


4. LES GÉMONIES

Un pas de plus, de la concatenation a la logorrhee. De diatribes ehontees en flot ininterrompu, abstrus, de semonces en crues. Le capiton comme salvation, idiome mutique affranchi de toutes velleites qu’un aboiement de plus suffit a museler. Ravalez vos sabres et vos couleuvres, trognes mievres qui sans poudre ni fard pour exhorter leurs saillies oratoires, ne briguent que connivence au faux-fuyant. Tu ne contiens rien, pas meme l'aride detresse qui se lit dans les orbites des pendards et des defunts. Ramasse au pied du podium, aureole d’une defaite, ta place est acquise au pantheon des vaincus. Sanctions aux ilotes, ordalie aux rebuts, vidange humanitaire.


5. VORE

Jamais rassasie je ne m'arrete qu'ecoeure. La chair, le sang, la merde, le foutre, les os, la rate, tous loges a la meme enseigne. Regarde! Ici aucun sens du detail, dans le pourrissoir de mes entrailles.


6. RESSAC

Limes par les flots, blanchis par le ressac, te biles pas, mes bassesses et moi, on reviendra. Certes les pattes lavees, peaux fripees comme au premier jour, mais crois-moi, on reviendra. Et l’on longera les murs, meme si toujours pas foutus de devier de notre destinee : partout ou l’on a chu, on se ramassera. Encore et encore. Main dans la main, soudes jusqu’a la mort. Ca fait longtemps qu’en moi, ca fait longtemps qu’ailleurs, j’vois plus ni saint ni rat. Que de la batardaille, a divers degres. Alors remballe tes sermons et renifle toi. La gangrene n’epargne personne et surtout pas toi. C’est l’eternel retour, jusqu’a la decrepitude. Pas de cycles, que des spirales, puisque tout n’est qu’une parodie d’une parodie.