1. NAISSANCE

Rampant hors de la surface
Rentrant dans ma carcasse
Assemblant les chairs maudites
Et les viscères interdits

Je promène mon regard
Sur le ciel blafard
Les monts inaccessibles
Et les pleines infertiles

Déambule sur les éboulis
D’un monde décrépit
Commence l’ascension
Vers l’abjection

Le vent vicié me porte
Dans la spirale des feuilles mortes
Depuis longtemps orphelines
Dans un monde sans racines

Le visage décharné
Les membres émaciés
Je me relève du sol
Étranger dans cette nécropole

Distinguant parmi les brumes
Et les torches qui se consument
Des ossuaires blanc d’ivoire
Riants dans ce pourrissoir

J’emprunte la dernière voie
Démembrée de tout bois
Gravissant les rochers
Du dernier escalier

Les froids éternels atteints
Je m’abandonne au destin
Redevenir une infâme charogne
Et me faire emporter par un cyclone


2. VIE

Ici j’erre
Dérivant dans l’espace et le temps
Excroissance tellurique mortifère
Portée par les vents

Je poursuis l’astre trompeur
Revenant inexorablement sur mes pas
Plongeant dans la torpeur
Me dirigeant vers mon trépas

Naviguant sur les océans
D’un noir de pétrole
Austères au Vivant
Je me noie dans mon alcool

Ici j’erre
Âme morne et vagabonde
Dans le néant je me perds
J’attends que tu me répondes

Moi, vil clébard atroce
Attendant ta missive
Je ronge chaque os
De cette passion fugitive

Mon ancre enracinée
Raclant la vase primordiale
Dans tes abysses inondés
Me pousse vers l’inéluctable

Ici j’erre
Sous la clarté vespérale
Comptant une dernière fois
Ces étoiles que je ne pourrai revoir


3. MORT

J’enferme mes vices et mes sentiments
Renonce à toutes les passions
M’inocule mon châtiment
Sur le chemin de ma résignation

Je dois renoncer à toute humanité
Et avoir ma propre évolution
Pouvoir enfin trouver la paix
Loin de ces aberrations

J’ai libéré mon corps de ses envies
Ai absous mon cerveau de la folie
Ai répudié ce cœur fragile
Me suis dessaisi de ce corps fébrile

Me crève les yeux, perce mes tympans
Arrache ma langue, écorche mon corps
Purge mon propre sang, prends mon essor
Pour transposer mes chairs dans le récipient

Je scelle cette boîte maudite
Maintenant déposée dans la terre
Ma dépouille rendue aux vers
Capitule de ce monde hypocrite