1. BROUILLARD

Mon monde a basculé dans une nuit sans étoiles
Quand mon navire s’est explosé contre les récifs amers
Tout mon être a coulé dans des abysses glacials
C’est fini, c’est fini ! je ne prendrai plus jamais la mer

J’ai sillonné les limbes, les tréfonds de la peine
Les chemins où les ombres ont des ombres
J’ai arpenté les méandres de la souffrance humaine
Les recoins les plus sombres où tout sombre

Saigne, saigne en maudissant le temps qui ne veut plus finir
Crève, crève dans l’agonie de ton être qui se déchire

J’ai rampé dans la fange, meurtrie d’absurdes questions
Souillée par celui qui m’a poignardée dans le dos
Eté traînée dans la fiente, salie de la plus lâche façon
Trahie par celui qui n’a pas sur me regarder dans les yeux

On a coupé mon cordon, je voulais m’en faire un nœud coulant
Tuer la vie avec la vie
J’ai perdu mon fil d’argent, je voulais me pendre au jeu de ce néant
Bousiller l’esprit avec esprit

Saigne, saigne à présent et aimer éperdument tu sauras
Crève, crève de ton vivant, ou en mourant tu crèveras.