« Enigmatique, mystérieux, complexe et parcourant les époques sans être décryptable, le manuscrit de Voynich est l'un des plus grands secrets encore non-élucidés. Si certaines études ont pu identifier certaines caractéristiques de l’ouvrage, sa nature et son auteur restent totalement inconnus. Si une récente découverte a pu attester le siècle de parution du livre, il n’en reste pas moins une multitude de questions qui demeurent sans réponses. L’œuvre semble en tout cas avoir inspiré notre formation du jour. »
Originaire du Portugal,
The Voynich Code est un quintet qui a fêté sa première décennie d’existence. Contrairement à l’écrit qui lui a donné le souffle créateur, notre formation se contente d’un deathcore à tendance technique coutumier et sans grandes prétentions. Pour autant, le collectif s’illustre plutôt bien dans cet art classique puisque son premier opus
Aqua Vitae paru en 2017 fut une convaincante parution, certes distancée par les cadors du genre mais dont les arguments n’en demeurent pas moins solides. Et ce n’est pas moins de six ans après que nos Portugais remettent leur réussite sur la table avec un second album nommé
Insomnia. Ce grand retour est marqué d’une signature sous la maison de disques Unique Leader Records mais aussi d’une pochette somptueuse où un ange oisif dort au milieu d’un décor en flammes, loin de l’hideuse pochette de son premier méfait.
Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que l’on soit immédiatement plongés dans une atmosphère morose sous des airs de guerre sanguinaire à l’écoute de l’introduction Hypnopmpic avec ces bruits de percussions accompagnés d’une orchestration grave et suivis de près par un riffing combatif.
On observe d’ailleurs que les thématiques de l’animosité et de l’hostilité sont au premier plan de cette seconde production avec des titres tels que
Hell’s
Black Heart, The Art Of
War ou encore A
Dying Age. Cette ambiance cataclysmique sous fond de boucherie se reflète tout aussi bien dans un instrumental qui ne laisse aucune place à la quiétude et à l’optimisme.
Des compositions à l’instar de
Slaves To A
Machine témoignent de ce sentiment d’anarchie et de discorde avec un rythme de batterie tempétueux, un riffing mordant et quelques esquisses orchestrales qui offrent à ce désolant spectacle une portée plus épique. Sur la prestation vocale, notre vocaliste nous attaque par ces grognements lucifériens, où l’odeur de la mort nous poursuit à chaque seconde.
Pourtant, c’est bien sur ce travail vocal que la faiblesse du combo se fait vivement ressentir. Sans être fondamentalement mauvaise, la palette vocale de notre chanteur manque cruellement de nuances et demeure assez linéaire. On ne décèle d’ailleurs aucune tentative du frontman à s’essayer à d’autres vocaux. Pour nous faire oublier ce faux-pas, les Portugais nous soumettent un titre éponyme purement instrumental situé de façon assez étonnante en plein milieu de l’album. Ce sont avec des morceaux comme celui-ci que l’on profite pleinement de la virtuosité des musiciens. Entre les solos magistralement exécutés, le rythme effréné de la batterie, les apports orchestraux et même les chœurs, tout est fait pour être pris dans le feu de l’action, dans cette bataille incertaine et aux multiples rebondissements.
Car si le chant s’avère décevant, la production est quant à elle remarquable en tout point. Au-delà même de ces accords harmoniques qui provoquent une petite sensation de fraîcheur et une mise en scène, une réplique saisissante de décors de combats comme si nous y étions, le caractère technique des compositions n’est pas à sous-estimer. Ainsi, sur The Art Of
War ou A
Dying Age, les blastbeats nous octroient d’un engagement continu, sans relâche qui permet de s’introduire pleinement dans cette adversité et malveillance. Et ce n’est pas le morceau final A Letter To My Future Self qui viendra balayer ce ressenti. Même avec un tempo plus languissant, le riffing n’en reste pas moins acéré et les percussions vigoureuses pour un dernier coup fatal.
The Voynich Code n'a pas vraiment cherché à rivaliser avec la profondeur et l'énigme du manuscrit avec son
Insomnia et s’est contenté de produire un deathcore à caractère technique sans ambitions majeures. Malgré cette relative simplicité, le groupe portugais parvient à captiver l'auditeur avec des morceaux puissants et agressifs, où les pensées menaçantes sont au cœur d’une bataille sans merci. Toutefois, cette conquête du trône est entachée par une proposition vocale terne, peu reluisante par rapport à l’empreinte épique et intense des instrumentaux. Notre quintet ne pourra donc pas revendiquer une écrasante et éclatante victoire sur son territoire mais s’en sortira tout de même avec un modeste succès.
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