In a World Full of Clouds

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14/20
Nom du groupe Talvienkeli
Nom de l'album In a World Full of Clouds
Type Album
Date de parution 23 Juin 2023
Enregistré à SunTzu Records
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Listen
 05:20
2.
 Above the Clouds
 09:49
3.
 Fight
 06:18
4.
 In a World Full of Clouds
 08:36
5.
 Héautontimorouménos
 06:33
6.
 Upon the Shore
 07:32
7.
 Bulls
 23:36

Durée totale : 01:07:44

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Talvienkeli


Chronique @ ericb4

20 Juin 2023

A l'aune de cette subtile et troublante offrande, une ère nouvelle s'ouvre pour nos cinq acolytes...

Prudence est mère de sûreté, dit-on... Un adage suivi à la lettre par le quintet lyonnais sorti de terre il y a 11 ans maintenant. En effet, si moins de deux ans séparent son introductif et encourageant EP, « Blooming », du moment de sa fondation, le combo nous gratifiera d'un rayonnant album full length, dénommé « Hybris », quelque trois années plus tard. Suite à un remaniement de son équipe, en 2019, le groupe embrassant alors un projet metal affecté d'une coloration progressive plus marquée que naguère et une empreinte vocale féminine plus rock que lyrique, le collectif rhodanien réinvestira plus durablement encore les studios. Aussi, aux fins d'un travail minutieux et de longue haleine, pas moins de quatre années seront requises jusqu'à l'accouchement de son second et présent effort de longue durée, « In a World Full of Clouds » ; une auto-production généreuse de ses 68 minutes où s'enchaînent sereinement sept pistes aussi solaires qu'opulentes. A la lumière de ce nouvel arrivage, la troupe serait-elle à même de se hisser parmi les valeurs confirmées du si convoité registre metal progressif symphonique à chant féminin ?

Dans ce dessein, auprès du guitariste rythmique Pierre Besançon et de la bassiste Laëtitia Bertrand (Amon Sethis) évoluent désormais les talents de : Maïté Merlin, chanteuse aux puissantes inflexions, Thibault Chevalier (Pharnal) à la lead guitare et Florent Dumortier (Pharnal) à la batterie. Avec la participation de Geoffrey Turpin (Poisöncharge) aux orchestrations. De cette étroite collaboration émane un propos metal progressif symphonique un poil plus impulsif, aux structures rythmiques et aux harmoniques plus complexes qu'autrefois. Aussi, une technicité instrumentale élaborée mais nullement ostentatoire s'observe, qui a pour corolaire des lignes mélodiques finement esquissées, se savourant à chaque fois davantage au fil des écoutes.

Ce faisant, la troupe marcherait dorénavant plus volontiers sur les traces de Dream Theater, Opeth, Porcupine Tree, Symphony X ou encore de Pink Floyd que de celles de Nightwish, Epica, Xandria, et consorts. Si la fibre symphonique n'est pas totalement absente de ce set de compositions, elle se fait donc plus discrète aujourd'hui qu'hier ; une évolution stylistique corroborée par des paroles elles-mêmes évocatrices de changement. Réalisé aux Sun Tzu Records, à Grenoble, sous la houlette d' Eliott Tordo, l'opus n'accuse par l'once d'une sonorité résiduelle au moment même où il nous octroie une saisissante profondeur de champ acoustique. Mais montons sans plus attendre à bord du vaisseau amiral pour une traversée au long cours, ponctuée, espérons-le, de quelques terres d'abondance.

Le combo interpelle, tout d'abord, par sa faculté à concocter ces arpèges d'accords qui longtemps vous resteront gravés en mémoire après y avoir plongé le tympan, à commencer par ses passages les plus magmatiques. Ainsi, on ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir aspiré par les vibes enchanteresses de « Listen », mid/up tempo syncopé aux riffs crochetés, dont la soudaineté des montées en régime du corps orchestral n'est pas sans renvoyer à Opeth. Moult variations rythmiques sont alors dispensées, et qui seraient à l'image du combat intérieur mené par l'être humain face à ses démons comme pour mieux appréhender son avenir, ce dernier se devant d'être alors à l'écoute des signaux adressés par les divers éléments naturels ici convoqués. Mis en exergue par les toniques impulsions de la sirène, couplets finement ciselés et refrains catchy glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis.

Quand le message musical se fait un tantinet plus tourmenté, nos compères trouvent à nouveau les clés pour happer le pavillon du chaland. Ce que prouve, d'une part, « Fight », mid/up tempo symphonico-progressif aux riffs roulants adossés à une sanguine rythmique. Un tortueux cheminement d'harmoniques nous est alors proposé de suivre, à l'image d'un véritable appel à la rébellion contre toute entrave à notre liberté – condition si ne qua non de l'accomplissement de soi –, auquel nous sensibilisent les paroles. Ne se laissant apprivoiser qu'au prix d'écoutes circonstanciées, mais reposant à la fois sur de truculentes variations rythmiques et atmosphériques et sur les pénétrantes oscillations de la princesse, l'offensif manifeste fera assurément plier l'échine à plus d'une âme rétive. Dans cette mouvance, s'inscrit également « In a World Full of Clouds », énigmatique et tortueux effort enorgueilli de percussion tribales et doté d'une énergie aisément communicative. La complexité comme la magnificence de ses arpèges d'accords serait une traduction imagée du message délivré, appelant à une prise de conscience de chacun de nous face aux conséquences d'un monde aujourd'hui en souffrance. On retiendra, enfin, le polyrythmique « Upon the Shore », tant pour ses arrangements instrumentaux que pour son ''floydien'' solo de guitare.

Lorsque l'atmosphère se fait un poil plus apaisée, du moins, en apparence, nos compères se mueront alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre la ballade progressive « Héautontimorouménos », à l'aune d'une sente mélodiques des plus enveloppantes et d'une saisissante densification du dispositif instrumental. Cette frissonnante plage reprend en le réadaptant le poème éponyme de Baudelaire, issu de la partie ''Spleen et Idéal'' de son unique recueil de poèmes, « Les Fleurs du mal ». Une originale version, magnifiée par les déchirantes ondulations de la maîtresse de cérémonie et se chargeant en émotion au fil de sa progression ; rendant compte avec délicatesse des tourments liés au sentiment de solitude éprouvé par le poète, cette mélancolique offrande ne saurait être esquivée par l'aficionado de moments intimistes.

Mais ce serait à l'aune de ses amples pièces en actes estampées metal progressif symphonique que le quintet rhodanien serait au faîte de son art. Ce qu'atteste, en premier lieu, le roboratif et polyrythmique « Above the Clouds » qui, au fil de ses quelque 9:49 minutes d'un parcours à la fois épique et romanesque n'aura de cesse de multiplier ses coups de théâtre. Ce faisant, cette élégante fresque techniciste aux relents folk dissémine de complexes schèmes d'accords tout en sauvegardant une mélodicité toute de fines nuances cousue et recelant un flamboyant solo de guitare en bout de course. A la belle, eu égard à ses magnétiques médiums, de contribuer à nous retenir plus que de raison. Mais ce serait sans conteste l'orgiaque et intrigant « Bulls » qui détiendrait la palme. Nous immergeant ses 23:36 minutes durant au cœur d'un parcours aussi palpitant que chaotique, abondant en péripéties et en effets de contraste atmosphérique, et là encore mis à l'honneur par les poignantes patines d'une interprète bien habitée, le dantesque propos n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense ; des ponts technico-mélodiques disséminés et des percussions folk judicieusement insérés, doublés d'une finesse de plume nous renvoyant au précieux legs laissé par nos ancêtres, viennent compléter le tableau déjà richement orné de ce masterpiece,

A l'issue de notre parcours, un doux sentiment de plénitude nous étreint, le combo nous plongeant au sein d'une œuvre bien plus aboutie que naguère en termes de technicité instrumentale, d'inspiration textuelle et mélodique, mais aussi de qualité de production. En dépit de la complexité de certains passages, et au regard d'harmoniques finement sculptés et des plus avenants, d'exercices de style et de phases rythmiques variés, l'attention du chaland ne saurait être affadie. Ayant fait évoluer son art, la part belle étant faite au progressif désormais, apposant dès lors son sceau sur l'ensemble du message musical délivré, auquel s'adjoint une signature vocale aisément identifiable ainsi qu'un zeste d'originalité, le collectif lyonnais disposerait dès lors de l'arsenal requis pour s'imposer parmi les valeurs confirmées de son registre metal d'affiliation. A l'aune de cette subtile et troublante offrande, une ère nouvelle s'ouvre pour nos cinq acolytes...


1 Commentaire

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TheReverend13 - 21 Juin 2023:

Merci encore Eric pour cette chronique et ces jolis mots. Bien content que l'album t'ait plu, en espérant que cela donne envie aux lecteurs d'écouter cet album dans lequel nous avons investi énormément de temps et de passion !

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