Bilan de 4 jours en Enfer
Ça ne sert à rien de tergiverser. Cette édition fut une réussite à de multiples niveaux, une fois de plus. Au delà des sensibilités musicales de chacun, de ceux qui aimeraient un lieu plus intime et underground (il faut changer de lieu, c’est comme demander un film d’auteur à Marvel), de ceux qui reprochent la programmation très / trop hétérogène et s’éloignant du metal en intégrant toujours plus de diversité, au delà de tous ces esprits chagrins qui, dans leur vérité, ont raison, que reprocher décemment au Hellfest ? A l’organisation ?
Le lieu est toujours aussi beau. Il est propre. Il y a une profusion de musique, réparti entre les différentes scènes. Rien à voir avec de la segmentation mais passer de Kiss à du hardcore radical ou de death brutal à du metal symphonique sur la même scène n’aura pas beaucoup de logique ni d’intérêt. Le metal reste un signe de diversité et il est possible de naviguer de lieu en lieu pour se faire plaisir à l’instant T. Alors oui, il y a (beaucoup) du monde mais de nombreux itinéraires de trajet, les lieux en dur, la forêt ou les lieux de restauration permettent de se poser, de circuler et, hormis après les très gros concerts où les mouvements de foule sont impossibles à éviter, l’ensemble reste impeccable. J’ai entendu qu’il fallait trouver une solution pour évacuer après la tête d’affiche du soir mais vu la taille de la cathédrale et des allées périphériques, difficile de faire mieux (là encore, si c’était simple, ça ne serait jamais le bordel au péage de St-Arnoult). Le fait d’avoir pu récupérer son pass à éviter beaucoup de foule le premier jour, le fait de pouvoir recharger en totale autonomie son bracelet a évité de nombreuses queues à la “Hellbank”. Le festival écoute les remontées des années précédentes et, édition après édition, continue de peaufiner sa méthodologie avec toujours en ligne de mire le confort final du festivalier. Évidemment, quelqu’un d’agoraphobe trouvera que c’est invivable mais finalement pas plus ou moins qu’un concert dans un stade ou une arène (où ces spectacles à grande échelle sont parfois organisés avec les pieds).

Si on fait un point sur le son, il aura été globalement bon, avec forcément des hauts et quelques bas mais plus en lien avec les ingénieurs son de chaque groupe plutôt que le festival en lui-même. Comme souvent désormais, les scènes en plein air s’en sortent mieux, se propagent mieux et ne sont plus déraisonnablement fort comme c’était le cas à l’époque (on entend de la route à côté mais pas à 3km non plus). Cela donne souvent un son équilibré, puissant et clair qui permettait, dans beaucoup de cas, de ne même pas avoir besoin de bouchons pour les Mainstage. La warzone était peut-être plus forte tandis que la Valley, pour une première, s’en est bien sorti. Je regrette toujours personnellement d’avoir des tentes où le son est si irrégulier, passant parfois carrément de l’excellence (Behemoth) à un matracage bien trop fort et manquant de relief (Hypocrisy). Mais la structure même de la scène, le manque de hauteur, l’effet de serre du lieu empêche probablement de faire beaucoup mieux. Je ne referais pas un point sur l’offre pléthorique de nourriture puisque le sujet a déjà été évoqué en intro, et finirait ce petit bilan par les festivaliers en eux-mêmes.
L’ambiance générale est toujours aussi bonne. Certains regrettent une communauté désormais élargie, parfois “campeur” / “touriste” qui n’existait pas autrefois mais on reste sur un lieu de communion, de sourire, où les gens s’excusent après une bousculade (même dans un pogo, c’est dire !), où les exposants te tutoient tous et avec qui il est aisé de communiquer et où on peut généralement parler avec tout le monde quelques instants et s’oublier le moment suivant en toute normalité. Les discussions avant un concert avec un gars ou une fille que tu ne reverras jamais sont ces moments privilégiés, de bonheur partagé, qui existe rarement dans d’autres genres ou évènements, encore moins dans des si grosses machines (allez faire un tour à Disneyland et l’ambiance où tout le monde est pressé, se plaint et fait la gueule). J’émets toujours ce bémol concernant le comportement des slammers intempestifs qui gâchent certains concerts, souvent très égoistement quand ils reviennent à la charge une dizaine de fois le même show et parfois dans une attitude quasiment dangereuse. Slammer en gigotant comme certains (et oui, restez droit qu’on vous porte plus facilement !), avec des clopes ou un joint (cramez quelqu’un, pas de soucis) ou avec parfois une corpulence pouvant mettre en danger autrui (loin de moi l’idée d’en faire une règle licite mais entre un(e) slammer(euse) de 60/70 kg et un viking de 110kg, c’est pas exactement la même chose et la chute peut-être super dangeureuse pour la personne qui “reçoit” le slammer). Bref, j’ai toujours du mal à comprendre ce comportement qui sort de la “fête” car à partir du moment où autant de gens s’en plaingnent, c’est bien que ce n’est plus fun ! Et, là encore, pas question d’âge ou quoique ce soit puisqu’on en trouve de tout âge, tout sexe et toute corpulence. C’est vraiment un effet de foule où certains vivent visiblement le moment de leur vie (tant mieux pour eux) et ne se rendent même plus compte que la musique devient terriblement secondaire. Bref, coup de gueule “out”.

Que dire de plus ?
On y retournera ? Oui.
Est-ce que ça tourne en rond ? Inéluctablement, les groupes, sur 3 ou 4 ans, se ressemblent (avec un album en plus) et on retrouve certaines têtes comme de véritables habitués (on pense à Arch Enemy, à Anselmo avec ses multiples groupes, à Kiss, à Maiden désormais, à Behemoth et ces nombreux groupes qui reviennent à chaque tournée) ainsi que de petits nouveaux qui font leurs premiers pas. C’est surtout le lot d’un grand événement où tout le monde veut en être, comme un Wacken, un Graspop ou un “Masters of Rock”.
Est-ce que c’est cher ? Toujours un peu mais remis au ratio d’un concert, pas tant que ça. Combien coute un concert de Kiss ? de Maiden ? de Slipknot ? Si on assemble tout ça, en ajoutant forcément les nombreuses découvertes et autres groupes, le prix par tête n’est pas si élevé. Aller au Hellfest n’empêche pas de faire des concerts le reste de l’année (selon où on habite) mais je comprend aisément que, logistiquement, il soit plus simple de faire un gros déplacement pour 4 jours que plusieurs centaines de km pour un soir, avec peut-être un hôtel, un (ou deux) jours de congés. C’est aussi la rançon de la gloire et de la renommée.
Que faire de plus ? Difficile à dire. Côté affiche, tout a déjà été dit (à part l’Arlésienne de AC/DC). Côté taille, difficile de faire plus et côté “animation”, il y en a déjà beaucoup. Le Hellfest arrive à un stade où son modèle ultime est atteint. Autant en termes de temps (4 jours c’est parfait, l’édition complète 2022 était trop épuisante et les 4 jours permettent des têtes d’affiche avec plus de temps de jeu, surtout que le premier jour est plus “light”), de groupes, de décors, de nourriture et d’environnement en général. Plus deviendrait probablement l’ennemi du “mieux”. En attendant, c’est des souvenirs plein la tête, des émotions plein le cœur et cette sensation d’avoir vécu en dehors du monde réel pendant quatre jours que nous quittons les terres clissonnaises. Et ça, en ces temps troublés, c’est déjà une réussite totale. Merci Ben. Vive l’Enfer. (Eternalis)

BILAN DU HELLFEST 2023
LE MARATHON DU METAL
Vu l'agrandissement du festival dans tous ses aspects, le passage à une formule quatre jours est d'une certaine logique. Pour les heureux possesseurs d'un Pass 4 Jours, savoir gérer son temps, mais plus encore sa forme, sa récupération, devient d'une importance cruciale. Aussi, faire les 4 jours permet de faire des journées plus light, pour moins se cramer et profiter du site, du merchandising, et de l'ambiance. Vaut-il mieux un bon hôtel avec de la route à faire chaque soir, ou une tente à proximité du site ? Ayant passé l'âge du camping à la one again, la solution de l'hôtel m'a obligé à m'organiser pour ne pas tailler le temps perdu sur la route sur mon sommeil. Un gros petit déjeuner était aussi un bon tremplin pour la journée, et tenir jusqu'au premier repas qui arrive… quand on peut entre deux groupes. En parlant tenir, difficile de passer plus de douze heures debout à marcher ou piétiner : trouver dans la journée un ou plusieurs moments pour s'assoir, voire s'allonger est plus que conseillé. Avec autant de kilomètres avalés, à aller d'une scène à l'autre, faire des aller-retours boisson, bouffe ou pipi, et rejoindre le site à pied, on apprend à éviter de cavaler pour rien. Sans parler des maux de dos, pieds, etc… Et pour ceux qui ont un Pass 1 Jour, gérez rien du tout, allez-y à fond ! Un jour, ça passe vite. (JeanEdernDesecrator)
SI J'AVAIS SU…
Je pensais m'être préparé à fond pour ce Hellfest 2023, mais à trop me focaliser sur la photo, les aspects techniques (ordinateurs, appareils, etc…), les groupes et le running order, je me disais que je verrais le reste sur place. Et non, on a PAS le temps sur place. Parce que dès qu'on rentre dans ses pénates, on dort comme une souche ! J'ai été rattrapé par les considérations les plus triviales : flûte des piles pour le dictaphone, zut le plein d'essence à faire, et merde, j'étais sur que le soleil allait durer jusqu'à dimanche, pas de poncho et des groles qui prennent l'eau… Et ça, loin de chez soi, alors qu'on veut pas louper tel groupe, un joli stress évitable. (JeanEdernDesecrator)
LA PROGRAMMATION
Si au premier abord, je n'étais intéressé que par une poignée de groupes, dont certains que j'attendais de voir en concert depuis des décennies. En grattant un peu les Line Up, il y a eu un nombre indécent de tentations et de découvertes. Rien que de prendre le temps d'écouter quelques titres sur le site du Hellfest transporte en imagination sur le festival. Il y a eu des groupes que je n'aurais jamais été voir autrement. En fait, même pour une édition qui à priori était moins alléchante que d'autres, j'ai eu droit à une épopée metallique qui me marquera longtemps, je pense ! (JeanEdernDesecrator)

LES GENS, TOUS CES GENS
Inutile de dire qu'il ne vaut mieux pas être agoraphobe pour faire le Hellfest. La déambulation était très agréable à l'ouverture du site, si on arrivait à rentrer sans trop attendre. Les premiers concerts de chaque journée n'étaient pas trop bondés, ce qui permettait de bien se placer et d'apprécier les groupes. Mais pour les Mainstages dès la fin d'après-midi, ou certains gros concerts sur Altar ou Temple, plus particulièrement samedi et dimanche, c'était parfois un peu décourageant. Il y a des fois où j'ai mis ma curiosité dans ma poche en voyant la foule, ou rechigné à me rapprocher à certains concerts, vu la difficulté à circuler. Avec le week-end, l'affluence étant énorme, il est difficile de se déplacer, et de se placer. Vive la stratégie ! En parlant de comportements, j'ai été impressionné par le bon esprit de 98% des gens que j'ai croisé, même lorsque je devais me faufiler avec mon appareil pour aller faire des photos. Un sourire par-ci, un petit geste par-là, quelques mots, ça changeait de la soupe à la grimace qu'on se tape le reste de l'année. Seuls quelques bourrins qui fendent la foule comme s'ils étaient tous seuls, et quelques nerveux qui poussaient à la sortie de Meshuggah ont à peine écorné le tableau. Et les excès ? J'ai trouvé la proportion de mecs bourrés ou défoncés assez réduite. Bon, étant Bayonnais, si je compare ça aux fêtes de Bayonne, je suis peut-être mal habitué… Bref, j'ai pas été emmerdé, de tous les quatre jours, de près ni de loin. On parle ces dernières années d'un public plus "touriste", en particulier le week-end. C'est pas faux ; il y en a dont on voyait qu'ils étaient plus là pour le folklore qu'autre chose, parfois en famille, particulièrement le soir aux Mainstages. C'est pas répréhensible en soi, mais ça fait autant de métalleux passionnés qui ont pas eu de place cette année. Plus embêtant est le problème de nombre de slammeurs, ou pogoteurs, qui viennent que pour l'adrénaline, et on se croirait parfois au Space Mountain. Heureusement, la sécurité réceptionnait et encadrait ceux qui passaient à portée, coté scène, quitte à en mettre certains au frais le temps qu'ils se calment, et ça a bien contenu les excès, je pense. Chapeau à eux pour leur patience, leur réactivité et leur tact. Enfin, pour toute l'orga, les bénévoles, les gars de la sécu, les vendeurs des stands de merch, les tenanciers d'auberge et j'en passe, un accueil parfait, bienveillant et positif, c'est un carton plein ! (JeanEdernDesecrator)
ALORS CA VAUT LE COUP ? La réponse tient en trois lettres, c'est Oui ! En tant que festivalier, j'avais jusque là fait soit un Pass 1 Jour, ou fait 3 jours de manière très light : là c'était 4 jours à fond, et c'était inoubliable. Rien que le lieu est fantastique, on est sur la Planete Metal pendant quatre jours, on sent que tout est fait chaque année pour améliorer ce qui peut l'être. Il y a tellement de choses à entendre, à voir et à faire que c'est impossible de ressentir cette chose, ah oui, l'ennui. Pour ce qui est d'être photographe/reporter/interviewer média, c'était passionnant, j'ai eu l'impression de changer de métier pendant quatre jours (et après pour faire les articles). Aussi, c'était l'occasion de rencontrer mes collègues de Spirit Of Metal, de se connaître, d'échanger et de travailler ensemble pour couvrir l'évènement au mieux. Etre les yeux et les oreilles pour ceux qui n'ont pas pu aller au Hellfest est une chance, et le faire partager un honneur… Pour finir, que de chemin parcouru depuis l'édition 2013, dix ans que je n'y étais pas venu et le choc a été intégral. C'est tellement plus grand, qu'il y a masse de choses que je n'ai pas vu ou essayé, en étant là toute la durée du festival ! Alors, à quand la prochaine ? (JeanEdernDesecrator)


Merci pour ces papiers.
Perso plus du tout attiré par ca, trop de groupes trop de monde, trop de touristes et au final assez peu de groupes rares ou dans mon coeur de cible. Dernier passage la bas il y'a plus de 10 ans, ça a bien évolué cette affaire.
Préférence largement pour les festivals plus intimes et de vrais passionnés exclusivement.
LeMoustre: Pareil !
Mon dernier fut en 2008. C'était excellent à cette période, avant que ça prenne une ampleur différente.
C'est trop dans le divertissement à ce jour.
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