Tim Ripper Owens 2012

le Mardi 09 Octobre 2012, Blue Devils



Tim Ripper Owens

Existe-t-il meilleur contexte pour aller écouter et applaudir un artiste estimé qu’un petit bar sympa et intimiste entièrement dévoué à la noble cause du rock/metal ? Assurément non, et la perspective de voir l’ex Judas Priest Tim « The Ripper » Owens dans un cadre aussi agréable et chaleureux que l’excellent Blue Devils d’Arras (62) justifie très largement les 220 km aller/retour nécessaires pour rallier sous une pluie battante la cité artésienne bien plus connue du grand public pour son Main Square Festival annuel que pour son très sympathique bar à concerts ornant la place du 33ème. Tim « The Ripper » Owens quoi, le remplaçant du Metal God vénéré Rob Halford sur les albums « Jugulator » (1997) et « Demolition » (2001) dont l’histoire digne d’un conte de fée rock n’ roll ou plutôt heavy metal a inspiré le film « Rock Star » (2001, Stephen Herek) et qui prêta également ses vocaux aux légendaires Iced Earth et Yngwie Malmsteen sans parler de sa participation active à de multiples projets annexes (Beyond Fear, Charred Walls of the Damned, Hail !, Dio Disciples et Tim Ripper Owens bien évidemment).
 
Premier groupe de la soirée et premier sketch à vrai dire ; « David Marcelis’s Lord Volture »… Au vu du patronyme de ce dernier faisant d’ailleurs un bel affront à la règle du possessif dans la langue de Biff Byford, il doit très certainement s’agir du nouveau combo d’une vedette du heavy ayant précédemment fait ses preuves dans un groupe ayant pignon sur rue un peu à la manière des Ritchie Blackmore’s Rainbow, Vinnie Vincent Invasion, Frehley’s Comet, Michael Schenker Group, Jon Oliva’s Pain, David Shankle Group, Slash’s Snakepit, Jack Russel’s Great White et autres Tracii Guns League of Gentlemen notamment. Compte tenu de la moyenne d’âge du quintette devant osciller entre 19 et 21 ans et vérification post-concert effectuée, il n’en est rien, « David Marcelis’s Lord Volture » malgré ses innombrables produits dérivés en vente sur son stand de merch constitue simplement un jeune groupe hollandais autoproduit d’autoproclamé "true metal" (ce qui laisserai supposer qu’il existe un fake metal ? Tiens tiens, à qui le dis-tu..) assez difficile à supporter et se complaisant dans tout les clichés du genre tout en pratiquant donc l’exact prototype de old school « true » power/heavy metal qui nous fait parfois avoir honte et réfléchir à deux fois avant d’admettre notre passion pour la musique décibellisée à de nouvelles connaissances.
 
Deuxième groupe investissant la micro-scène du Blue Devils, les britanniques de Sandstone officiant depuis 2003 dans hard rock/heavy metal mélodique assez bien interprété et ayant le mérite de présenter au public des musiciens relativement doués instrument en main et visiblement heureux ce soir de partager la scène avec The Ripper. Mention spéciale à deux guitaristes indéniablement à l’aise techniquement parlant, pratiquant d’ailleurs l’art du sweeping de façon honorable malgré une dangereuse et inévitable propension à vouloir trop en faire, le tout tendant à déséquilibrer assez considérablement  des compositions plutôt basiques. Pourriez-vous imaginer une seconde Eddie Van Halen remplacer Mick Mars sur « Too Fast for Love » ? Sans être un réel groupe intéressant sur les albums duquel il faudra se ruer au plus vite, Sandstone permet d’oublier tant bien que mal les bataves mégalomaniaques de David Marcelis’s Lord Volture (pfff..) et réussit même l’exploit de nous faire regarder de temps à autre la scène affublée sur sa gauche d’un gigantesque drapeau américain limite malsain plutôt que le fond de notre pinte de Heineken trop rapidement vidée de son or liquide.
 
Enfin le moment tant attendu, Tim Ripper Owens pour lequel la petite cinquantaine de fans présents entre les murs du Blue Devils quitte les quatre coins du bar pour se masser face à la scène histoire de vivre le gig au plus près de l’ex Judas Priest et emporter peut être comme votre serviteur des souvenirs photographiques qui ne pourront que trahir l’inconcevable mais le véridique néanmoins : le Ripper est à l’image d’un pilote de motocross ou d’un cascadeur en scooter sponsorisé ostentatoirement par la boisson énergétique à base de taurine et de carnitine Monster Energy ! Enorme beach flag de trois mètres de haut flottant sur le trottoir du bar, serveuses revêtues de t shirts cintrés ( ;-)) à l’effigie de la griffe verte, distribution de gadgets publicitaires divers et variés, intérieur du bar décoré d’une interminable guirlande-fanions… Et le heavy metal dans tout ça ? Sommes-nous à un concert, dans un supermarché ou pire, dans une discothèque pour français moyens à moitié délabrée de banlieue ? Après l’entrée onstage du backing band qui s’avère d’ailleurs être le même que celui qui avait accompagné Blaze Bayley dans ce même Blue Devils un an plus tôt, The Ripper apparait sur scène micro en main, lunettes de soleil sur le nez et casquette Monster Energy noire et verte vissée sur le crane. Si ce détail tend à surprendre et à casser un peu le Mythe au premier abord, le charisme et la puissance vocale de Tim Owens prend heureusement le dessus et force le metalhead à se concentrer sur la prestation du groupe. Son fort mais relativement bien mixé n’altérant en rien l’écoute du gig à condition bien entendu de porter une paire de précieux bouchons dans les orifices otiques, le combo commence les hostilités avec un « And You Will Die » de Beyond Fear soulignant la puissance hallucinante du heavy de ce groupe semblant être en stand by à l’heure actuelle. Du même album paru en 2006, il conviendra de prendre une grosse mandale dans la tronche avec les supersoniques « Scream Machine » et « The Human Race » appuyant le caractère mécanique et relativement dénué d’émotion de the Ripper, casquette Monster Energy et sunglasses aidant. Des morceaux originellement chantés par Tim Owens sur support discographique, il conviendra de relever et d’apprécier à leur juste valeur un insoupçonné « Heart of a Killer » du premier album de Winters Bane, un « When the Eagle Cries » d’Iced Earth tiré du « The Glorious Burden » de 2004 et bien évidemment divers titres de la sombre période « Jugulator/Demolition » du Priest avec des interprétations inspirées et pleines de conviction même de « Blood Stained », « Hell is Home » et « One on One » semblant lui tenir particulièrement à cœur.
 
Avant tout talentueux vocaliste de heavy metal on ne peut plus passionné dont l’amour vrai et sans bornes pour la musique de la Bête lui a permis de vivre son rêve ultime bien qu’étant né un peu trop tard comme beaucoup d’autres, Tim Ripper Owens occulte dans sa setlist son propre premier album solo « Play my Game » paru en 2009 (alors qu’il joue ce soir sous l’étiquette Tim Ripper Owens !) pour faire honneur aux classiques du genre ayant contribué à forger sa personnalité artistique. Judas Priest tout d’abord et bien entendu avec un homonymique « The Ripper » lui seyant à merveille puis un « Victim of Changes » issu du même « Sad Wings of Destiny » de 1976 et rappelant alors solennellement les premières heures du Priest mais surtout des covers impressionnantes de « Diamonds and Rust » et du somptueux « Beyond the Realms of Death » faisant invariablement son petit effet et cristallisant sans doute aucun l’instant présent entre les murs de l’établissement arrageois. Un vibrant hommage à l’idole regrettée Dio (R.I.P. 1942-2010) avec un « Don’t Talk to Strangers » pour signifier accessoirement que The Ripper est à la tête d’un tribute band de luxe (James Lomenzo, Simon Wright…) dénommé Dio Disciples formé récemment et un clin d’œil à l’inévitable Iron Maiden avec une reprise inattendue de « Flight of Icarus » du référentiel et influent « Piece of Mind » de 1983 achèveront de convaincre l’auditoire que ce gig malgré ses allures initiales de Foire à la Monster Energy constitue avant toute chose une fête du heavy metal dans son style le plus pur et authentique permettant au Ripper et aux fans présents au Blue Devils de célébrer ensemble un véritable culte aux godfathers du genre. Malgré un style assez statique que l’on imputera à l’étroitesse du lieu et à une expression vocale hyper professionnelle, carrée et même mécanique laissant peu de place à l’impondérable et à une émotion libérée, l’indéniable talent et la volonté affichée de vouloir bien faire sont palpables dans la façon d’être d’Owens que l’on aurait cependant imaginé et espéré avouons-le, un peu plus enthousiaste et bavard avec le public. Le syndrome de la dernière date d’une longue et éprouvante tournée européenne ? Probablement, notamment à la vue de l’Iveco Daily sans âge parqué en guise de tour bus à proximité du Blue Devils et laissant supposer des conditions de tournée plutôt difficiles. Unique rappel de la soirée et hommage double à Ronnie James Dio une fois de plus mais également au mythique Black Sabbath par la même occasion, une interprétation dans les règles de l’art d’un ô combien mystique « Heaven and Hell » pour laquelle The Ripper tombe enfin son affreuse casquette et complétant un salut initié un peu plus tôt pour le Sabbat Noir et son illustre vocaliste d'alors avec « The Mob Rules ». Définitivement, le feu d’artifice de ce gig bien plaisant dans son ensemble malgré ses zones d’ombre impénétrables (David Marcelis’s Lord Volture et le sponsoring Monster Energy en tête).

 
Setlist

 
And You Will Die (Beyond Fear)

The Ripper (Judas Priest)

Blood Stained (Judas Priest)

Victim of Changes (Judas Priest)

Don't Talk to Strangers (Dio)

Scream Machine (Beyond Fear)

When the Eagle Cries (Iced Earth)

Beyond the Realms of Death (Judas Priest)

Flight of Icarus (Iron Maiden)

Heart of a Killer (Winters Bane)

Diamonds & Rust (Joan Baez - Judas Priest)

The Human Race (Beyond Fear)

The Mob Rules (Black Sabbath)

Hell is Home (Judas Priest)

One on One (Judas Priest)
 

Rappel
 

Heaven and Hell (Black Sabbath)

4 Commentaires

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MightyFireLord - 13 Octobre 2012: Merci pour ton report.

Tout le toutim de ernergy bidule ça fait un peu foire au pigeon, heureusement que le Ripper semblait en forme pour faire oublier ça ;)
Elevator - 13 Octobre 2012: Revue très intéressante, merci !
ZazPanzer - 13 Octobre 2012: Oui, un excellent report qui me fait vraiment regretter au vu de la setlist de ne pas avoir fait le déplacement. J'espère que tu planches sur le gig d'hier soir !
adrien86fr - 14 Octobre 2012: Merci pour vos comms !

@ Zaz : j'y pense, quelques bonnes idées en tout cas ;-)
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photo de Blue DevilsArras, Hauts-de-France, France
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Heavy Metal - Etats-Unis
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