Therion (SWE)
C'est presque deux ans jour pour jour… Bon ok, à un mois près… Je la refais.C'est presque deux ans jour pour jour, mais à un mois près… Bon c'est tout pourri comme introduction ça.
Bref (comme disait Pépin).
J'étais donc présent au dernier passage de la troupe suédoise à Paris, en 2010, pour leur tournée lors de la sortie de l'album "Sitra Ahra". J'en étais ressorti avec une très bonne impression, tant au niveau du jeu entre les (4 !) chanteurs, que de la mise en scène (utilisation d'objets de décor, d'un piano etc). Mon seul regret étant l'absence de Mats Levén, mais on ne peut pas tout avoir, et ce fut malgré ça une excellente soirée.
Je n'ai donc pas beaucoup hésité quand j'ai su que le groupe comptait de nouveau faire escale à la Ville Lumière. L'Elysée Montmartre ayant malheureusement disparue entre temps, c'est au Bataclan que se passera la soirée. Ce n'est pas plus mal me dis-je, je pourrais comparer les deux salles avec le même groupe.
Therion était accompagné ce soir là des groupes Antalgia et Elyose en guise de mise en bouche. Je suis entré sur la fin du set des français de Elyose, qui officient dans une sorte de metal-electro à chanteuse. Des gros riffs, du chant féminin et des samples electro, je ne m'étalerais pas plus car sans pour autant me déranger ce n'était pas vraiment ma came. Après le traditionnel entracte, arrive donc l'heure du délice suédois (rassurez vous, il ne sera aucunement question de Krisprolls).
Pour remettre un peu les choses dans leur contexte, Therion vient de sortir son nouvel album "Les Fleurs du Mal", mais de manière restreinte : dans un premier temps uniquement disponible lors des concerts de cette tournée. C'est donc dans l'inconnu total (ou presque) que l'on se plonge quant aux possibles chansons de ce dernier disque présentes dans la setlist. Presque inconnu, car les seules infos disponibles étant alors que le disque serait constitué de reprises de variété française… "Mouais" se diront les sceptiques. D'entrée de jeu cela se confirme, puisque le groupe entame la soirée avec "Poupée de Cire, Poupée de Son" (de France Gall). Assez… étrange comme ressenti que celui que me fournit cette chanson. On est vraiment aux antipodes de l'univers et des ambiances mystiques et ésotériques que Cristofer Johnsson et son groupe se sont tant appliqués à développer pendant presque deux décennies… Soit.
Autres surprises, qui peuvent être considérées de taille ou non, c'est vous qui voyez. Tout d'abord à la différence de la tournée de 2010, on notera l'absence de la chanteuse Katarina Lilja, remplacée cette fois-ci par Linnéa Vikström (la fille de Thomas, également chanteur du groupe). Elle était déjà présente sur certaines pistes de l'album "Sitra Ahra", ce n'est donc pas une inconnue. On remarquera aussi l'absence de Snowy Shaw, remplacé cette fois par… ah, et bien, par personne. En effet, c'est ce brave Thomas Vikström qui sera l'unique vocaliste masculin pour la soirée.
Choix qui tout de suite, avec la seconde chanson "Son of the Sun", se révèlera hautement discutable. Même si, les aléas des changements de lineup obligent, tous les chanteurs ne peuvent être présents, n'avoir qu'une seule voix masculine pour gérer les deux, voire trois voix présentes en studio, ça la fout mal. De plus, Snowy Shaw s'accommodait plutôt bien des parties de Mats Levén, mais ce registre fait plus pâle figure quand c'est Vikström qui s'y colle. Autre choix discutable donc, celui de placer dans la setlist plein de titres chantés initialement par… Mats Levén. "Son of the Sun", "Abraxas" (avec ce cri divin de Mats… sauf cette fois), "Gothic Kabbalah", "The Khlysti Evangelist", "Son of the Staves of Time", "The Blood of Kingu"… Tout autant de titres excellents sur album (je suis un grand fan de la voix de Levén), qui malheureusement perdent toute leur âme et tout leur charme chantés par Vikström. Non pas que ce soit un mauvais chanteur… Damné soit celui qui oserait l'affirmer, le bougre nous en mettra plein les oreilles sur des titres où il peut chanter plus bas, comme "Ginnungagap" ou "Vanaheim" qu'il interprète très bien, ou encore sur les titres plus adaptés qu'il chante lui-même en studio… Non, c'est un excellent vocaliste, mais le fait qu'il soit seul chanteur fait perdre une de ses caractéristiques principales au groupe qui est celle d'alterner les voix à la manière d'un opéra. Même si l'alternance se fait quand même avec les deux voix féminines, ce n'est pas pareil.
Les voix féminines d'ailleurs, parlons-en. Autant Lori Lewis est toujours aussi impressionnante de par ses capacités vocales, sa puissance et sa justesse à tous les niveaux… Autant j'émettrais plus de réserve quant à la fifille Vikström. Cette dernière, je trouve, ne "va pas" avec le groupe, même si cela ne m'a pas dérangé sur album. Sa voix, plutôt bonne dans un chant "normal", se révèle vite agaçante dès qu'il s'agit de monter dans les aigus en gardant de la puissance. En tant que choriste rien à dire, elle se marie très bien avec la voix de Lori. Mais en soliste… Des intonations "pop" viennent se mêler aux chants très typés "opéra" des autres vocalistes… Je sais que c'est à la mode dans le metal sympho à chanteuse, mais honnêtement, chez Therion ça ne le fait pas du tout. Il faut laisser ça à Within Temptation ou Delain qui l'utilisent bien mieux. Ça fait peut-être puriste-conservateur comme réaction mais je n'ai pas du tout adhéré à son chant. Ni même à son jeu de scène assez hasardeux. Elle manquera en effet de taper le manche de ce bon Johnsson (le manche de sa gratte bien évidemment, bande de coquins), et de flanquer une baffe à la danseuse présente sur quelques titres. Enfin, tout ceci est sans doute excusé par le manque d'expérience. Ou bien une scène trop petite ? Possible, car les décors ont pris la fuite, niet, nada. Mis à part les costumes de scène des membres, plus rien de fantaisiste. Il y avait bien cette danseuse, mais parfois elle-même semblait se demander ce qu'elle fichait là…
Si ! Un claviériste. Je n'ai malheureusement pas saisi son nom, mais il s'en sortait bien, et avait une allure bien sympathique, avec son visage rondouillard coiffé de locks et vêtu de sa soutane. Il nous offrira quelques soli de claviers bien interprétés, qui apporteront un peu de renouveau et de changements au long de la soirée. Autre bon point, le guitariste soliste, Christian Vidal, impressionnant de technique. Il maîtrise parfaitement son art, et nous jouera d'ailleurs un sublime "The Flight of the Lord of Flies" à la guitare, vraiment excellent ! A rajouter aux quelques soli de guitare qu'il nous servira.
Au rayon des bonnes choses tant que nous y sommes, on notera une setlist assez bien ficelée dans l'ensemble. Assez équilibrée, avec au moins un ou deux titres de chaque album post-"Theli" (exit la période death en résumé). Les classiques y passent évidemment ("Wine of Aluqah", "Rise of Soddom and Gomorrah", "To Mega Therion"), ainsi que quelques surprises comme "Land of Caanan", "The Siren of the Woods" ou encore "Via Nocturna". Des chansons plutôt longues (toutes frôlent les 10 minutes) pas forcément taillées pour le live. Mais le rendu est très bon, on se laisse porter par l'ambiance si particulière que ce groupe arrive à produire et la suite se vit plutôt qu'elle ne s'explique… Mis à part lors des "nouvelles" chansons (ces fameuses reprises françaises là…) qui font grincer des dents et cassent l'ambiance (le public les a plutôt bien reçues à mon grand étonnement). A retenir également pour finir sur une note positive, la très belle et très réussie version acoustique de la chanson "Lemuria" qui nous sera proposée.
Je chipote car j'ai été déçu par pas mal de petites choses, sans doute car la deuxième fois la magie opère moins et on s'attarde plus sur les détails, mais Therion reste un excellent groupe à voir sur scène. L'absence de Snowy Shaw est cependant le gros mauvais point de cette soirée. Sa prestance, son charisme, sa voix, et surtout sa volonté de rendre le tout plus théâtral ont manqué je trouve, comparé à leur prestation d'il y a 2 ans qui sur ce dernier point était excellente. Dans l'ensemble, si ce côté "ils sont plein sur scène" ne rebute pas, Therion est vraiment un groupe qui est à voir. Ceci-dit il faut se dépêcher, car ils prévoient de ne plus faire de tournées pendant une paire d'années !
Setlist :
1. Fortuna (reprise de Carl Orff) (Intro)
2. Poupée de Cire, Poupée de Son (reprise de France Gall)
3. Son of the Sun
4. Via Nocturna
5. The Flight of the Lord of Flies
6. J'ai le mal de toi (reprise de Betty Mars)
7. Abraxas
8. Vanaheim
9. Lemuria (Acoustique)
10. Gothic Kabbalah
11. The Siren of the Woods
12. Ginnungagap
13. Land of Canaan
14. Wine of Aluqah
15. The Rise of Sodom and Gomorrah
16. The Khlysti Evangelist
17. Une Fleur dans le Cœur (reprise de Victoire Scott)
18. Son of the Staves of Time
Encore :
19. The Wondrous World of Punt
20. The Blood of Kingu
21. To Mega Therion
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Petit aparté, je ne l'ai appris qu'après coup, mais Snowy Shaw était absent, car il souhaite se consacrer à ses projets perso plutôt qu'au nouveau projet artistique de Therion qui l'intéresse moins. Il y en a un qui reste prudent…
De plus, Johnsson s'est rapidement exprimé à propos du nouvel album. En résumé, aucun label n'a voulu publier son projet, il a donc emprunté plusieurs milliers d'euros pour s'autoproduire, au risque de se casser la gueule financièrement. L'avenir lui donnera ou non raison. Il revendique avoir le droit de faire ce qu'il veut d'un point de vue artistique, et que personne d'autre que l'artiste n'a à décider de ceci. Ce qui explique le caractère "particulier" des chansons de "Les Fleurs du Mal".
Tout ceci m'a permis de pondérer un peu mon avis, qui sur le coup était vraiment proche de la déception. Mais, même si l'intention de Johnsson est louable, des reprises de variétoche avec "juste" un gros son metal qu'on nous vend en guise de facette musicale de leur "projet artistique", ça me rend plutôt frileux pour la suite.
Et autre chose pour rigoler un peu, au rayon des coquilles, on se souviendra de Cristofer Johnsson annonçant la prochaine chanson, reprise de "Betty Mars", après un rapide blabla sur les origines de la chanson. La seule chose qu'il avait oublié, c'est le titre de cette chanson, qu'il a été obligé d'aller piocher sur la setlist affichée au sol de la scène… Heureusement il se souvenait bien de ses partitions, l'honneur est sauf.
Ainsi que de Thomas Vikström, qui comme pour me donner raison sur le fait que ce n'était pas une bonne idée de toute faire avec un seul chanteur, se trompera complètement, et se mettra à chanter bien trop tôt durant une partie instrumentale. "Zargleuarb", il ravale ses mots et reprendra le moment voulu.
Je sais que la longueur de ce report va en rebuter certains (d'ailleurs, bravo si vous en êtes arrivés à ce point), mais il fallait que je dise tout ce que j'avais à dire, et pour le coup j'en avais des choses à raconter.
Le mot de la fin, quand même, car je me sens obligé :
Therion en live, "c'était mieux avant".
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Après, concernant leur nouveau projet, l'album est loin de faire l'unanimité, reste à voir la suite de leur projet, mais c'est clair que ça rend frileux pour la suite je trouve...
Que peut-on espérer pour le reste du coup ?
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