The Raven Age/Steve Harris British Lion

le Lundi 14 Juillet 2014, Le Divan du Monde



The Raven Age

En arrivant en bas de la rue de Martyrs vers 18:30, je salue mes potes tranquillement installés à la terrasse de La Fourmi, le troquet situé juste en face de la salle.

Sans qu'il y ait de véritable tension dans l'air, je sens bien qu'il se passe un truc pas ordinaire et en pointant mon regard sur le trottoir d'en face j'assiste à une scène assez hallucinante.

Une petite queue s'est formée devant le Divan du Monde et ce qui ressemble fort à une cinquantaine de fans de Maiden attend bien sagement son tour pour se faire tirer le portait avec le-bassiste-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde ou pour obtenir un gribouilli de sa part.

Tout ça se déroule sans débordement, à la cool, et le susnommé bassiste-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde en mode affable/décontracté se prête sans rechigner à l'exercice.

Renseignement pris, ça fait plus d'une heure que ça dure et des mecs dans la file d'attente, sont même sur le point d’y repasser une seconde fois.

Ambiance bon enfant et respectueuse (quasi-religieuse diraient certains).

On est bien loin des prestations tarifées pratiquées par certains groupe américains ou des émeutes que provoquent chacune de ses apparitions à la sortie d'un aéroport ou d'un hôtel en amérique du sud.

Même si j'ai eu l'occasion de rencontrer la bête à plusieurs reprises au court des trente dernières années, je me dis qu'après tout, puisque je suis sur place, autant aller saluer le patron vite fait, ça ne mange pas de pain.

Je prends donc ma place dans la file d'attente et j'observe et j'écoute ce qui se passe autour de moi.

C'est touchant de voir les regards de mômes, des étoiles dans les yeux, des fans, dont certains accusent la quarantaine bien tassée, faisant admirer leurs trophées photographiques et scripturaux à leurs congénères.

Nombreux sont ceux qui affirment, des sanglots dans la voix avoir accompli le rêve de toute une vie.

Bien que ce soit jour de fête nationale, c'est noël avant l'heure pour bon nombre d'afficionados.

Finalement, lorsque mon tour arrive, un gars de l'organisation nous fait signe que c'est bon, ce sera tout pour aujourd'hui et que le taulier s'en retourne dans ses appartements d'un jour.

Pas bien grave, tout autour de moi, tout le monde semble en avoir bien profité et je me trouve idéalement placé pour rentrer parmi les premiers dans la salle.

La faute à des lombaires douloureuses et une otite tenace à l’oreille gauche, je considère qu’il sera plus raisonnable de profiter que la salle du haut est ouverte pour monter à l’étage accompagné de Madame afin d'assister au concert assis et au premier rang du balcon.
En attendant, le début de la messe, je descends sur le parterre taper la discute avec quelques connaissances en prenant bien soin de ne pas attraper un torticolis, ce qui n’arrangerait pas mon état convenons-en.

Si tel danger semble me guetter c’est qu’il m’est difficile ce soir de tourner la tête sans tomber sur un visage connu ou ami (souvent les deux).

Le dernier carré des irréductibles admirateurs du bassiste-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde est là, venu des quatre coins de l’hexagone et du reste du globe pour les plus aventureux.

On parle ici des vieux grognards qui ont fait toutes les campagnes, de ceux à qui on ne l’a fait pas et qui ne sont du genre à se laisser refroidir par un album de British Lion dont on a dit tant de mal.

Comme le dit si bien le titre d’une chanson extraite de l’album honni, "It’s us against the world ".

Même l'équipe technique et les roadies me sont familiers puisque ce ont ceux qui accompagnent le bassiste-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde lors de matches de foot de vétérans ou lorsqu'il délivre la bonne parole dans les endroits les plus reculés de la planète avec le plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde.

Après avoir passé un bon moment à évoquer mes souvenirs d’anciens combattants avec la moitié de la salle et à féliciter les quelques fans de Dreamcatcher m'ayant reconnu et interpellé d’avoir si bon goût, il est temps pour moi de regagner mon siège, un tabouret de fortune, et ma moitié pour assister à la prestation de The Raven Age.

La principale attraction de The Raven Age vient du fait qu’il compte dans ses rangs le guitariste George Harris, fils du bassiste-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde.

De nombreuses voix se sont élevées dans le passé reprochant au plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde de ne choisir ses premières parties qu’au sein de son cercle familial.

Donc après la fille, Lauren, Austin, le fiston du chanteur-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde, Voodoo Six et son batteur neveu du bassiste-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde, on a redouté un moment un numéro de cirque incluant Merlin le perroquet et Sufi le chat, animaux de compagnie du pilote-de-l’avion-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde.

Finalement avec The Raven Age, c’est un moindre mal.

Rien de très révolutionnaire, en fait, un groupe de djeun's anglais arborant t-shirts et coupes de cheveux fashion, qui proposent une musique dans l'air du temps relativement inoffensive.

Ce genre musical est peu répandu dans nos contrées. N'ayant que peu de chances de percer en dehors du Royaume Uni, pour vous donner une idée de ce que ça donne tant visuellement que musicalement, vous pouvez toujours feuilleter les pages de Kerrang! ou de l'édition britannique de Metal Hammer, si le cœur vous en dit.

Ces deux canards sont remplis de ce type de groupes en devenir, des révélations du mois, aux noms à coucher dehors et aux tronches de cakes, qui le plus souvent tombent dans l'oubli avant même que ne sèche l'encre qui a servi à imprimer l'article qui les a mis en lumière.

Ça puise ses racines dans le metal, c'est agressif, mais pas trop et c'est suffisamment mélodique pour ne pas être indigeste.

Au chant, un sosie du présentateur TV/animateur radio Bruno Guillon s'égosille et tente de se faire entendre comme il peut.

Il est secondé dans sa lourde tâche par un bassiste/chanteur qui bien qu'il ne soit pas officiellement son frère jumeau est lui aussi un clone très réussi de l’animateur de France 2.

Et le fiston Harris, me direz-vous, ça donne quoi ?

Plus effacé que son père et moins exubérant que ses collègues, il occupe sobrement le côté droit de la scène et assure ses parties sans trop en faire.

Il partage quelques jolis duels d’harmonies de guitares avec son autre comparse guitariste campé sur sa gauche, lui non plus pas vraiment époustouflant.

Sans doute un peu tendu d’avoir à jouer à Paris devant un Divan du Monde déjà bien rempli et tout dévoué à la cause du side-project de son père, George casse tout de même une corde et comme un vieux pro change de guitare et se réaccorde en cours de morceau.

Le public, bon joueur, sans vraiment être à bloc, réserve un accueil poli à The Raven Age, (c’est le groupe du fils du patron, tout de même) et répond gentiment aux sollicitations du Bruno Guillon anglais qui se donne bien du mal pour gagner l’estime des premiers rangs grâce à un enthousiasme qu’il espérerait plus communicatif.

Tout ça est bien jeune et pas toujours très maitrisé, mais comme on dit, il faut bien que jeunesse se passe.

On n’en gardera pas un souvenir impérissable, mais, comme on est dans un bon jour, ça fait agréablement passer le temps en attendant de passer aux choses sérieuses.

Le temps d’une pause pipi et des salutations d’usage aux potes qui sont
arrivés pendant The Raven Age ou entre les deux groupes et c’est déjà
reparti pour le second round.
 
British Lion débarque sur scène, le batteur, puis les deux gratteux, (qui ne ressemblent vraiment à rien), le chanteur, puis l’hôte de la soirée en dernier, acclamé comme il se doit par les vivats d’un Divan désormais plein comme un œuf. 
 
Ceux qui, comme moi, ont assisté au concert de l’an dernier au Trabendo, l’ont déjà compris, en concert le fauve grand breton prend une toute autre dimension.
 
Ça se confirme encore ce soir, l’impression de compositions à l’aspect lisse, voire pop/rock, ressenti à l’écoute de  l’album s’estompe pour laisser place à un rock/hard rock de tradition anglaise 70’s de fort bonne facture.
 
Le taulier a su constituer autour de lui une équipe taillée pour la scène capable d’apporter et une énergie et un supplément d’âme insoupçonnés à la musique du combo.
 
On a le sentiment que ces gars-là, des vieux de la vieille qui ont tous de la bouteille, ont longtemps tourné sur leur île dans le circuit des pubs de seconde zone,  loin de la célébrité de leur charismatique leader, avant de se trouver propulsés sous les feux de la rampe.
 
Donc, n’en déplaise à ceux qui ne voient dans cette parenthèse qu’un coup d’épée dans l’eau, ça tient la route et il n’est absolument pas question de bouder son plaisir.
 
Pas d’erreur de casting, donc, chaque membre du groupe est parfait dans son
rôle et en accord avec l’état d’esprit affiché, lâcher les chevaux.
 
Les deux guitaristes loin d’être manchots et le batteur à la frappe puissante et énergique ne laissent pas leur part au lion.
 
Le boss se donne à fond, vêtu dans la même tenue de scène que celle qu’il porte avec son autre groupe avec lequel il vient juste d’achever une tournée, adoptant les mêmes postures et la même détermination qu’on lui connaît.
 
C’est assez troublant de le voir passer allégrement en quelques jours d’un public de 40000 à 400 personnes.
 
En termes d’affluence, la date de Paris fait d’ailleurs un peu exception, puisque la veille, en Belgique, ils étaient à peine une centaine à être venu soutenir le roi britannique des animaux et qu’ils ne seront guère plus le lendemain à Toulouse.
 
On imagine le gouffre financier que doit constituer une telle tournée et on aura compris que tout ce beau monde n’est là que pour se faire plaisir et faire plaisir
au public.
 
Attardons-nous un instant sur le cas du chanteur,  Richard Taylor.
Ce gars-là s’est fait démonter par la critique et les fans du plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde qui lui reprochaient son manque de passion et de puissance vocale sur l’album.
 
Autant dissiper tout de suite ce malentendu, c’est un grand chanteur à l’ancienne, de la trempe des Phil Mogg,  doublé d’un excellent frontman au charisme magnétique, qui vit chacune des paroles qu’il chante comme si sa vie en dépendait. 
 
Le groupe alterne les titres de son premier album avec des nouveaux titres prometteurs et des reprises savamment choisies avec le même bonheur.
 
Par rapport au concert du Trabendo, on a l‘impression qu’ils ont passé un cap, que la cohésion et la complicité entre eux est bien réelle.
 
Côté public, les choses ont changé également, moins de curieux et de chasseurs d’autographes, ceux qui sont là connaissent l’album et sont venus voir British Lion et pas seulement son illustre bassiste.
 
Ce public est heureux d’être là et le fait savoir bruyamment dès qu’on lui en laisse l’occasion, comblé d’aise qu’il est de voir ses héros d’un soir se donner à fond pour lui.
 
Un détail qui ne trompe pas, au moment rappel c’est bien le nom de British Lion qu’il scande et non pas celui du bassiste-du-plus-grand-groupe-de-heavy-metal-du-monde.

 
Une bien belle soirée entre amis, que ce 14 juillet 2014, ceux qui étaient là ne regretteront pas d’avoir zappé le bal des pompiers et autres feux d’artifices.
 
Le Divan du Monde était l’endroit où il fallait être, n’en déplaise à ceux qui ne verront ici que l’opinion d’une groupie écervelée sans discernement que je ne
suis pas.
 
Ite missa est,  "It’s us against the world"!

 
Set list :
 
This Is My World
Lost Worlds
Karma Killer
Father Lucifer
The Burning
The Chosen Ones
These Are The Hands
Guineas and Crowns
Last Chance
Us Against The World
A World Without Heaven
Do Ya Do Ya Want Me (Trevor Rabin)
 
Let It Roll (UFO)
Eyes Of The Young



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photo de Le Divan du MondeParis, Ile-de-France, France
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The Raven Age

Metal Mélodique - Royaume-Uni
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- inconnu
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