le Vendredi 17 Juillet 2015, Ragnard Rock Festival

Abhorrance (USA-1)

Il y a deux semaines seulement, j’eus l'envie soudaine de passer trois jours au Ragnard Rock Festival, qui se tenait du 17 au 19 juillet dans l'Ain, quelques kilomètres au Nord-Est de Lyon. Pourquoi cette décision ? L'envie d'y retrouver et rencontrer certaines personnes d'un côté, une affiche avec plusieurs groupes très intéressants de l'autre, sans oublier un cadre prometteur. Ni une ni deux, je me choppe le pass réglementaire à 70€, et réserve un covoiturage au départ d'Aix-en-Provence. Départ le jeudi dans la matinée, puisque le camping est censé ouvrir à midi, et autant profiter d'être sur le site un peu avant tout le monde. Après quelques égarements en campagne bressane sur des routes qui pourraient faire un joli rallye automobile, la voiture arrive sur le site en début d'après-midi, guidée en fin de trajet par des rares panneaux signalant le festival, et quelques bénévoles sympathiques sur le parking. Heureusement que le parking n'est pas situé trop loin du camping, car il commence à faire très chaud. D'ailleurs, contrairement au Hellfest, ce n'est pas la ruée pour poser sa tente le plus tôt possible, et le jeudi soir il restait encore pas mal de place libre dans le champ, ce qui m'a fait craindre une faible fréquentation du festival. Une fois la tente plantée, c'est un peu la désillusion : aucun éclairage la nuit, pas de poubelles (ou alors des sacs consignés à 10€), et surtout un seul et unique point d'eau pour tout le camping (un simple tuyau d'arrosage). Dommage aussi que rien n'ait été prévu pour le jeudi. Pas d'animations, pas de mini-concerts, mais plus embêtant pas non plus de stand de nourriture ou de boisson. Ça aurait pourtant été une bonne idée, vu qu'il n'y a absolument rien aux alentours proches, et l'orga aurait pu avoir une belle rentrée d'argent. Par chance le site est situé tout près d'une petite rivière (le Suran) parfaite pour se rafraîchir à n'importe quel moment de la journée ou simplement s'y reposer et prendre l'apéro.

Les concerts ne sont donc prévus que le lendemain en début d'après-midi, et même un peu plus tard, vu que l'heure tourne, et l'entrée reste close. On entend de loin l'annonce solennelle que le Ragnard Rock festival est ouvert, mais on apprend au même moment que l'une des deux scènes, la Odin stage, ne fonctionne pas, à cause de pannes techniques. S'ensuit alors un grand méli-mélo dont la cause principale est un manque total d'informations de la part de l'organisation. Pour une première édition, on peut pardonner les pannes, ce sont des choses qui peuvent arriver, mais dans ce cas-là il est primordial de fournir des informations claires et précises au public. Pour voir les concerts qui nous intéressent, on est obligé de patienter sur le site et de regarder les scènes pour deviner à la toile de fond quel est le groupe qui va jouer. Hors, vu la chaleur et le manque d'endroits ombragés, la tentation est grande d'aller faire un tour ailleurs. C'est comme cela que votre serviteur n'a pu voir que la fin de Bran Barr, en les entendant jouer depuis le camping (by LeLoupArctique).


La Odin stage, qui n'a quasiment pas fonctionné le premier jour, avec au fond, les monts de l'Ain.

C'est sous un soleil de plomb que nous quittâmes ma compagne et moi-même notre Haute Garonne natale pour s'en aller rejoindre une destination qui nous étaient jusqu'alors inconnue, Simandre sur Suran dans l'Ain, ou se déroulait pour la première année le Festival Ragnard Rock.
Après une trentaine de km depuis Bourg-en-Bresse, nous arrivons dans ce petit village, mais le chemin n'est pas terminé puisque c'est en pleine
campagne que se déroulent les festivités, nous suivons donc les maigres
indications (deux panneaux pas très lisibles) pour y accéder. Un champ faisant office de parking en contrebas nous attend, puis il faudra marcher un peu avant d'arriver à l'entrée.
L'ambiance générale semble très détendue, il y a de la place pour tout le monde. Nous arrivons lorsque le concert de Bran Barr débute, ceux-ci sont très en forme, mais le son de mauvaise qualité dessert quelque peu leur prestation.




Les Français de Bran Barr.

Puis vint le tour d'un autre groupe français de Black Metal cette fois : Evohe dont le concert sera écourté suite aux retards accumulé par un incident technique sur l'une des deux scènes (La Odin).
Je m'en vais donc chercher à boire, mais m'aperçois que ces satanées runes nécessaires à un taux d'alcoolémie satisfaisant se trouvent à l'entrée, me voilà donc obligé de refaire le chemin en sens inverse. Entre-temps j'apprendrais que Gaahl ne jouera pas avec Wardruna. Me voici de retour, il est temps de boire un coup! (by King_Triton)


Eclypse

Le premier groupe vu pour ma part au Ragnard Rock sont les Nîmois d'Eclypse. Ce premier show ne restera pas gravé dans ma mémoire, alors autant l'écrire tout de suite avant que je l'oublie. Eclypse propose ce qui pourrait être qualifié de death pagan metal, avec des influences à chercher du côté d'Amon Amarth ou d'Ensiferum. D'un côté leur musique manque clairement de personnalité, mais elle n'est pas présentée non plus de la meilleure manière possible sur scène. En fait, leur prestation était carrément molle.

À part le chanteur Damien qui tentait un peu de mise en scène et de gestuelle, et le batteur Christophe qui frappait comme un damné, les quatre autres membres ont été complètement statiques du début à la fin du show. La chanteuse, les deux guitaristes, et le bassiste n'ont pas fait deux pas de tout le concert, chacun est resté tranquillement à sa place, en jetant des regards timides à la soixantaine de spectateurs présents. Eclypse ayant connu plusieurs changements de line-up déjà depuis sa création il y a trois ans, certains membres sont peut-être fraîchement arrivés, et donc un peu intimidés par la scène. Autre souci, le chant féminin faisait mal aux oreilles, avec des incursions lyriques mal maîtrisées et globalement maladroites dans la composition.

On ne pourra sauver de leur prestation qu'un son correct, quelques ambiances sympathiques, et du très beau maquillage guerrier, à la Ensiferum (by LeLoupArctique).




Arkona

Moins d'un mois après la prestation remarquée des Russes d'Arkona au Hellfest, je retourne volontiers les voir sur la Thor stage, vu que la Odin stage où ils devaient initialement se produire est toujours en panne. Pas grave, le groupe et le public sont bien au rendez-vous. En revanche, ceux qui, comme moi, ont vu Arkona au Hellfest ont probablement ressenti une légère déception, vu que le show a été sensiblement le même, que ce soit dans la gestuelle ou dans la setlist. Mais on ne va tout de même pas se plaindre, un concert d'Arkona reste très bien, même si on les avait vus quinze fois.


En attendant Arkona ...

Évidemment c'est Masha qui mène le show, en grande prêtresse accomplissant un rituel païen. Elle semble littéralement habitée par des forces occultes, très dynamique quand il le faut, et toujours en phase avec la musique. Ses capacités vocales continuent à impressionner, même après plusieurs fois. Ses collègues ne sont pas en reste non plus, et occupent aussi bien qu'elle le devant de la scène. Voilà un groupe qui n'a pas peur d'aller vers son public, certains devraient en prendre de la graine (Eclypse pour ne citer personne …). Mention spéciale pour le guitariste Sergei, tout aussi énergique. Vladimir en revanche, l'homme à tout faire (cornemuse, flûte et flûtiaux en tout genre) se retrouve parfois pantois, lorsque la musique n'exige pas ses services. Il tente alors quelques mimiques, mais c'est tout ; il devrait peut-être s'essayer à la danse, une sorte de danse slave/shamanique peut-être que ça rendrait bien.

L'avant-dernier morceau Стенка на стенку est l'occasion de l'habituel wall of death ; je prends soin de m'écarter, pour laisser de la place à ceux qui aiment la baston (et qui ont la corpulence qui va avec). Déjà que pendant tout le concert nous avons eu droit à quelques apprentis slameurs en kilt, dont les assauts furent vaillamment repoussés par les gars de la sécurité. Tout le monde se réconcilie sur Yarilo, et s'en est fini des cinquante minutes du premier passage des Russes en vallée du Suran (by LeLoupArctique).


Le tatoueur parisien Sasha, devant Arkona.

Après une très longue Balance, Arkona arrive enfin sur scène. Après la magnifique intro d'ouverture, une lame de fond s'abat sur nos têtes, la double caisse s'affole, Masha est en transe, le public est survoltés. 3 titres du nouvel album seront joués, dont le sublime Serbia (by King_Triton).

1. Yav
2. Goi, Rode, Goi
3. Serbia
4. Zakliatie
5. Na Strazhe Novyh Let
6. Slavsya Rus !
7. Stenka na Stenku
8. Yarilo




Wardruna

Après ce concert très énergique et réussi, nous avons tous juste le temps de nous retourner que les Norvégiens de Wardruna s'installent déjà sur la scène Odin qui finalement a été remise en état de marche.

C'est le groupe que j'attendais le plus, et c'est peu dire que ce concert fut à la hauteur de mes attentes. Car Wardruna délivra ce soir-là une prestation exceptionnelle, et ce, malgré l'absence de Gaahl qui jouera juste après avec God Seed.

Le rythme envoûtant des percussions, les instruments à vent et à corde, les chants si particuliers nous firent pénétrer dans un univers mystique, en totale communion avec la nature. Les titres de leurs deux albums s'enchaînent, puis après un rappel, le groupe visiblement touché par l'accueil triomphal du public (ça n'est pas tous les jours que l'on voit un Scandinave envoyer des bisous!) s'en va sous un déluge d'applaudissements et de vociférations diverses. Ce moment restera gravé à tout jamais dans nos mémoires et dans nos Coeurs (by King_Triton).




God Seed

Après ce moment de sérénité, il fallut attendre à nouveau un long moment avant que God Seed entre enfin sur scène. Je ne suis pas un grand fan de Black Metal, mais je dois dire que ce groupe possède une énergie particulière et que ce concert m'a vraiment convaincu. En premier lieu, je remarque que le batteur est juste incroyable, une véritable bête de scène qui ferait presque le spectacle à lui tout seul. Mais ce serait compté sans la présence terrifiante d'un Gaahl au charisme absolu armé jusqu'aux dents de ses peintures de guerre et de sa voix agressive. Le public en redemande, mais le concert se termine, le groupe s'en va dans une froideur absolue sous les acclamations d'un public totalement conquis (by King_Triton).