le Samedi 20 Avril 2013, CCM John Lennon

ADX

Le moins que l’on puisse dire,
c’est qu’il faut véritablement vouloir trouver ce Centre Culturel John Lennon
de Limoges pour y aller car ce dernier est tellement isolé et au milieu de
nulle part qu’il est bien difficile de tomber dessus par inadvertance. C’est pourtant dans ce cadre
atypique que Moonspell et Insomnium ont décidé de s’arrêter, eux qui réalisent
une grosse tournée française de sept dates.

 

Malgré un extérieur ne payait
pas de mine, la salle est en fait composé de d’un étage, d’une fosse spatieuse
et d’un balcon donnant une vie très sympathique sur la scène si l’on veut
profiter du spectacle sans être dans la furie bouillonnante du pit.

Avec très peu de retard, ADX
ouvre les hostilités devant un public encore très clairsemé, la plupart patientant
encore du côté de la buvette ou du marchandising malheureusement peu fourni des
finlandais et des portugais. Qu’à cela ne tienne, les picards décochent leurs
cartouches dans la bonne humeur et avec le sourire malgré un manque de
réactivité évident de la part du public. Cela n’empêche pas Philippe Grelaud de
demander la participation de la foule, même si lui-même semble complètement
cramé vocalement dès qu’il faut se montrer un peu plus virulent. Certes,
techniquement, le groupe reste fidèle à lui-même mais on sent, tout de même, le
poids des années et le manque de présence scénique empêche complètement de
profiter de ce « hors d’œuvre » qu’était ADX. Visiblement déçu de ne
jouer que 35 minutes, et malgré une ambiance décollant sur le tard avec
« Caligula » et « Division Blindée », les français
repartent de la scène pour laisser place à des finlandais bien plus attendus.

         

Insomnium

Dès le début tonitruant du concert d’Insomnium, commençant sur « Inertia », on ressent une clameur beaucoup plus forte et surtout une intensité bien plus forte. Même s’ils sont beaucoup plus jeunes, l’expérience de la scène est évidente et le quatuor mange littéralement le public de Limoges, qui s’en donne à cœur joie. Le son est monstrueux, clair et limpide, et les musiciens ne s’arrêtent jamais de courir d’un sens à l’autre, même Niilo qui, malgré son poste de chanteur/bassiste, n’est à aucun moment statique.



L’énergie qu’ils dégagent est impressionnante pendant que Markus Vanhala (arborant une particulière guitare à pois) se joue en véritable « serial poseur », multipliant les poses lors des soli (« Alexi Laiho sort de ce corps ! »), la palme revenant peut-être sur « Down with the Sun ». Néanmoins, on sent avant tout que le groupe prend un énorme plaisir sur scène, jouant surtout des titres des deux derniers albums (et n’oubliant pas de rappeler qu’ils sont disponibles au merch !) avant de conclure sur le monstrueux et culte « Mortal Share », beaucoup plus directe et agressive afin de déchainer définitivement la fosse qui était aussi venu pour Insomnium ce soir. Les finlandais resteront à remercier le public avant l’heure des portugais, qui devaient déjà relever un défi en soi de passer après leur première partie.

Setlist :

Inertia
Where the Last Wave Broke
Unsung
Down with the Sun
Through the Shadows
Only One Who Waits
Mortal Share
One for Sorrow

           

Moonspell

Rapidement, le staff de Moonspell préparent les derniers éléments et la scène s’habille aux couleurs du dernier opus, « Alpha Noir » (à noter les magnifiques toiles de chaque côté de la scène).
Les lumières s’éteignent et Miguel Caspar fait retentir ses toms pour poser l’introduction d’« Axis Mundi ». Le public réagit instantanément, les musiciens arrivent tour à tour et le son se révèle très (trop ?) fort, les basses étant énormément en avant, presque trop car au détriment de de la clarté du son. Fernando Ribeiro arrive de derrière le kit de batterie, pour livrer les premières mesures ténébreuses du morceau, casque à pointe vissé sur la tête, théâtral en diable (probablement mort de chaud aussi) et c’est déjà l’ébullition à Limoges. Surtout que le festival continu avec des morceaux aussi directs et violent qu’« Alpha Noir » et surtout les destructeurs « Finisterra » et « Night Eternal ».



Charismatique et imposant, Fernando happe et hypnotise de ses vocaux noirs et puissants, parfaitement retranscrits et à l’identique du studio. Plus discrets, les autres musiciens restent quelques peu en retraits mais c’est avant tout la sensation d’un groupe solide et cohérent qui se déchaine en un seul poing, une seule arme homogène qui frappe par sa puissance de frappe et ensorcèle par la qualité de ses mélodies. Fernando se montre même très à l’aise dans le français, remerciant très souvent le public et présentant les prochains « trucs » dans notre bonne vieille langue de Molière.
Après ce départ sur les chapeaux de roues, la tension retombe un peu avec « Opium », « Nocturna » et le sublime « Scorpion Flowers » qui distillent une ambiance gothique et tragique du plus bel effet. Moonspell maitrise parfaitement son sujet, Fernando vie littéralement ses paroles et transpire comme une bête dans son pantalon en lycra complètement luisant. Seule petite réserve que j’emmétrais, le fait que les autres compositions tirées d’Alpha Noir sont tout aussi soporifiques et creuses qu’en studio, notamment « Love is Blasphemy » et le single « Lickanthrope » qui, dans l’effervescence du live, ne peuvent trahir leur faiblesse tant on remarque qu’elles manquent de richesse et de profondeur.



Le groupe terminera sur « Alma Mater » avant de revenir pour un rappel longue durée de trois morceaux, en particulier un génial « Mephisto » incarné à la perfection par les portugais.
Ils resteront d’ailleurs de longues minutes sur scène après le show, remerciant les fans, serrant des mains et se montrant très disponibles avec les fans. Un symbole pour les jeunes groupes, une preuve de sincérité, de passion et d’altruisme pour ces musiciens très simples et honnêtes. Les quelques 400 personnes ce soir-là ne s’en plaindront pas et aura bien rendu à Moonspell sa générosité et sa clameur. A la prochaine !

Setlist :

Axis Mundi
Alpha Noir
Finisterra
Night Eternal
Opium
Awake!
Nocturna
Scorpion Flower
Lickanthrope
Love is Blasphemy
Em Nome Do Medo
Vampiria
Folk
Alma Mater

Rappel :
Wolfshade
Mephisto
Fullmoon Madness