Moonreich + Guests @ Tours

le Vendredi 07 Mars 2014, La Belle Rouge



Endless Torment

Il s’agit de la première fois où je suis allé à un concert dans la ville de Tours, ou plus exactement à proximité de cette ville, à Joué-les Tours pour être précis. L’événement était organisé par l’association du M Fest et par la salle La Belle Rouge. Des quatre groupes prévus, je n’en connaissais qu’un seul, à savoir « Lutèce ». L’affiche exclusivement composée par des formations de black metal m’intriguait. Les parisiens de « Moonreich » y posent en vedette. Pourtant, je n’ai pas l’impression qu’ils soient bien connus ou que l’on connaisse leurs deux albums. Enfin bon! D’un coup de tête, curieux de connaître ces formations, et par la même occasion, de voir de près les membres de « Lutèce », à qui je leur avais consacré une chronique, je me décide à parcourir plus de 120 km en voiture par cette infâme nationale qui relie Poitiers à Tours. Le parcours est à la fois long et fatiguant. On alterne entre deux voies et trois voies, très rarement quatre voies. Une fois arrivé à proximité et guidé par le GPS, il faut se faufiler par un petit accès, difficilement empruntable à cause de la nouvelle ligne de tram. Nous arrivons ensuite à un parking, puis à un grand espace où on y voit le fameux La Belle Rouge. En vérité, j’ai cru qu’il s’agissait d’un bar-restaurant vu la forme du bâtiment.

L’organisation avait pris un peu de retard. L’ouverture a lieu à 20h45 au lieu des 20h30 indiqués initialement. Une caravane en dehors servait de guichet. Je n’arrivais pas à me décrocher de l’idée qu’il s’agissait d’un ancien restaurant en y entrant. On accédait directement à la salle où devait se tenir le concert. Le comptoir pour les rafraichissements se trouvait en face de la porte d’entrée. Chose originale, il fallait monter à l’étage pour accéder aux stands de merchandising. C’est en y montant que je me suis rendu compte que l’espace réservé aux musiciens était juste accolé à côté, et donc bien visible des visiteurs. Je ne savais que trop quoi penser au début. Finalement, on s’y fait vite et on y attache peu d’importance.

Le premier groupe à entrer en scène était « Funeral Dawn ». Ils mettaient beaucoup de temps à se préparer et multipliaient les essais. On sentait chez le chanteur, qui faisait des vas et viens permanents entre la scène et la console de l’ingénieur son, énormément d’anxiété. Ils font enfin signe qu’ils vont se lancer. C’était presque inespéré à ce stade, mais l’attente en valait la peine.

 FUNERAL DAWN

La petite formation se lança en piste en débutant un titre proprement pagan metal, avec tout ce que cela devait comporter d’épique. J’étais à prime abord quelque peu étonné, puisque le look du groupe ne correspondait pas à l’idée que l’on se faisait généralement de ce genre. Ils étaient habillés très sobrement. C’est après l’écoute de ce premier morceau, correctement manié et soutenu par des chœurs, que « Funeral Dawn » vire musicalement dans un tout autre registre. En effet, les autres morceaux adoptent un genre beaucoup plus proche du heavy black. Cela est parfois bien tripant. On est saisi par le doigté du lead guitariste, tout à fait dans son élément pour produire des mélodies heavy metal. Le chanteur se démène assez courageusement. Il s’illustre comme un enragé à l’auditoire particulièrement réceptif. « Funeral Dawn » a remporté rapidement l’adhésion du jeune public, toujours partant pour s’adonner aux joies du pit, et cela à la moindre accélération ryhtmique proposée par les musiciens.

Cette première prestation se termine assez promptement. La formation parisienne n’a pas encore un répertoire suffisamment fourni, puisqu’elle n’affiche à ce jour qu’une démo et un Ep pour toute production. Ce groupe est plutôt doué. Néanmoins, ils devront accomplir un choix musical, trancher entre le black pagan et le heavy black. Les différents titres soumis n’ont pas le profit d’une grande cohérence. J’ai eu l’occasion d’en parler avec le chanteur, et je ne lui ai pas caché mon soutien ni mes quelques réserves. Je pense qu’ils sauront trouver la voie la plus profitable à l’avenir, surtout que le niveau technique est bien présent.

THE NEGATION

J’admets que ce groupe ne me disait rien du tout, même de nom. Je partais dans le total inconnu, en ne sachant juste qu’il s’agissait de black metal. J’en avais une certaine confirmation à voir les membres vaquer, lors des préparations, en corpse paint et en tenues noires. Le truc qui distingue « The Negation », c’est les chaînes, un vrai étalage. Ils pourraient à défaut se reconvertir dans la quincaillerie. Il y en avait sur toute la scène, au point aussi que les musiciens se sont attachés avec. On doit dire qu’ils impressionnaient scéniquement, parfois jusqu’à la caricature. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire à les voir déployés. Par contre, musicalement, je dois avouer que c’était plutôt monotone. Je n’ai pas pu retenir mes bâillements très fréquents en les écoutant. Le groupe s’inscrit dans un black metal tout ce qu’il y a de plus orthodoxe, et peu original. Dans cette absence de démonstrations, le chanteur et le bassiste se détachaient un peu plus du lot.

Le concert terminé, je remonte aussitôt à l’étage pour fouiller dans les différents stands de merchandising. C’est là que j’avais retrouvé le chanteur de Lutèce, à mon arrivée au concert, avec qui j’ai pris le temps de causer. J’ai pu rencontrer aussi son batteur, tout aussi sympathique. On est loin de l’image que l’on peut se faire d’une formation qui manie aussi efficacement le souffre sur support audio. Enfin ! C’est à eux de se mettre en scène. J’avais beaucoup apprécié leur dernier album « …Our Ashes Blown Away ». Voyons si en live, ils impressionnent tout autant.

LUTECE

Hormis, le batteur la formation était composée de barbus, de vrais ayatollahs du pagan metal. Cela produit l’effet inverse de « Funeral Dawn » dont on ne savait où situer. Le visuel est une considération secondaire dans un concert, mais ça ne veut pas dire qu’il doit être négligé. « Lutece » l’a bien compris. Leur habillage est sobre, mais donne de multiples indices révélateurs. C’est notamment le cas avec un des guitaristes (à barbe) qui porte un tee-shirt de « Drudkh ». Le chanteur se démarque par sa petite taille (excepté lui, on a véritablement affaire à des colosses). Pour faire ressortir le côté barbare, il lui faut donc des attributs moins naturels. Des protèges-bras à pics remplissent ce rôle. Le concert, en lui-même est tout bonnement détonant. On ne reconnaît plus le « Lutece » âpre et écrasant de leur dernier album, mais un « Lutece » technique, enivrant, dont les mélodies ressortent aisément, comme chaque instrument. C’est comme passer du pagan allemand au pagan suédois. En évoquant d’ailleurs « …Our Ashes Blown Away », on remarque que les titres joués sont essentiellement ceux de l’album, à quelques exceptions près. Ils ont annoncé notamment des morceaux d’un futur album, et le titre « Alesia » du premier (connu par quelques membres du public), désormais un incontournable de la formation. Contrairement à ses prédécesseurs au micro, Hesgaroth se montre communiquant avec le public. On sent que la troupe a plus d’expérience que « Funeral Dawn » et « The Negation ». Ce concert aura été l’apothéose de la soirée. Le moment, où le public aura été le plus nombreux et le plus enthousiaste.

J’aurais occasion de reparler à nouveau avec  Hesgaroth, qui viendra de lui-même demander mon avis sur leur prestation. Mais avant cela, c’est le groupe à l’affiche qui doit se produire. Cependant, il se fait tard et une partie du public s’est volatilisé. Hesgaroth m’expliquera bien plus tard, que « Lutece » a privilégié de la meilleure tranche horaire, bien qu’ils fussent en dessous de la tête d’affiche. Je ne connais pas très bien « Moonreich ». Ils n’ont sorti que deux albums. Qu’est ce qui explique donc leur préférence sur l’affiche ? C’est bien pour ça que j’avais l’intention de voir ces parisiens à l’œuvre.

MOONREICH

Cela aura été pour moi la grosse impression du soir, malgré une foule moins nombreuse. Il faut reconnaître que les gars de « Moonreich » savent soigner leur présentation. Contrairement à « The Negation », l’aspect de la bande est effrayant. Le corpse-paint et des baillons en chiffons leur donnent l’impression d’être des morts vivants, des lépreux ivres de haine et de vengeance. On n’arrivait pas à garder le regard sur eux. Ils fixaient leur public de manière hagard, renforçant ainsi une part mystique chez eux. De plus, le chant/guitariste Weddir a une stature très impressionnante, un géant. Il harangue la foule et leur apparait distinctement comme le leader de la troupe. Une troupe qui s’illustre aussi bien musicalement que scéniquement. Nous avons des compositions foudroyantes et particulièrement fouillées. Leur musique se comprend comme un black metal solide, n’hésitant pas à prendre des tournures mystiques. On est loin d’un black metal avant-gardiste, mais aussi distant d’un black metal orthodoxe qu’avait présenté auparavant « The Negation ».  Nous comprenons vite la stature de ce groupe et sa place au sein de l’affiche. « Moonreich » est une bête de violence et de technique en devenir.

4 Commentaires

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AlonewithL - 16 Mars 2014: Un grand salut à Swit35 avec qui j'ai eu le plaisir de causer et que j'ai vu malmené par les petits jeunots durant le concert de Moonreich. ^^
swit35 - 21 Mars 2014: Salut Seb.. je viens de tomber sur ton report… Bien cool d'avoir fait ta connaissance dans une salle qui s'appelle la Belle Rouge !!! Ca ne s'improvise pas ça.
AlonewithL - 21 Mars 2014: Si jamais d'autres bons concerts ont lieu là bas tu pourras m'y revoir.
abysmael - 22 Mars 2014: Tres bon concert de Moonreich. J'y suis allé pour eux et quelle claque. Le groupe assure mais mention spéciale pour Weddir qui impose en présence. Un groupe français a suivre.
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La Belle Rouge

photo de La Belle RougeJoué-lès-Tours, Centre-Val de Loire, France
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