Loudblast + Finale Headbang Contest + Ghusa @Paris Le Divan du Monde 07-06-2015

le Dimanche 07 Juin 2015, Le Divan du Monde



Ghusa

Si vous êtes un-e habitué-e des concerts metal parisiens ou un des rares lecteurs de live-reports de SoM, vous avez peut-être déjà entendu parler du Headbang Contest. Pour les autres, le Headbang Contest, abrévié HBC, est un tremplin consacré aux petits groupes de metal français (voire de rock) pour leur permettre de s'affronter devant le public, en espérant aller le plus loin possible et remporter des prix prestigieux. Ainsi, les deux vainqueurs gagnent le droit de jouer au Motocultor festival, qui se tient du côté de Vannes en août prochain, plus les moyens pour la réalisation d'un clip, mais c'est surtout l'occasion de se faire connaître auprès du public dans la bonne humeur et dans un entourage professionnel. C'est tout à fait ce qui m'avait marqué lors des précédents tours du tremplin : l'organisation est au poil, et permet aux groupes de jouer dans le même contexte que des célébrités sur des grandes scènes, le tout dans une ambiance très amicale où la compétition n'est jamais stérile.
De plus, pour la finale, les moyens mobilisés sont encore plus importants, puisqu'elle se déroule avant un concert de Loudblast, dans la belle salle du Divan du Monde, le tout filmé par les équipes de l'émission Une dose 2 metal pour l'Enorme TV. Avec Loudblast, les cinq groupes sélectionnés pour la finale, plus Ghusa qui devait faire la première partie de Loudblast à l'origine, la soirée s'annonce chargée. Pour cela, les hostilités sont obligées de commencer tôt, et c'est à 18h qu'est fixée l'heure de rendez-vous.

Par précaution, vu l'ampleur de l'événement, moi et ma chère et tendre avions prévu d'arriver un peu avant, et nous nous sommes retrouvés dans une rue des martyrs déserte, si ce n'est trois pelés et un tondu devant la salle. A ce point qu'on se demande si on est bien au bon endroit. Après quelques minutes, on aperçoit au loin la barbe mythique de Stéphane Buriez, ainsi que son propriétaire, qui nous confirme qu'on est bien le bon jour au bon endroit. Les portes du Divan s'ouvrent alors pour une petite dizaine de personnes, et on devait être au maximum 30 quand le premier groupe, Ghusa, a débuté.

Ghusa

Peut-être que le public préférait assister uniquement au Headbang Contest. Peut-être aussi qu'il était encore trop tôt. Tout ça pour dire que Ghusa eut la difficile tâche d'ouvrir la soirée devant un parterre peu garni, et qui mit du temps à se remplir. Lorsqu'arrive le chanteur Chuck, celui-ci commence à crier God ! Hates ! Us ! All ! (dont le nom du groupe est l'acronyme), mais nous sommes peu à le scander avec lui. Mais ce n'est pas ça qui va arrêter le vétéran du death metal français ainsi que ses nouveaux collègues de scène. En effet, les voilà qui démarrent par un Casket Garden, repris des regrettés suédois de Dismember. Ah je ne vous ai pas dit ? Ghusa voue un culte au death metal old school suédois. Ainsi, au milieu des compositions originales nous avons droit à la tuerie Blessed Be, reprise bien sûr d'Entombed. Les morceaux originaux passent tout aussi bien que les autres, ils se fondent dans le moule, pour la plupart composés assez récemment, et sortis sur la première partie de leur compilation 25 Years of Death Metal. Pour montrer que Ghusa n'oublie pas non plus d'où ils viennent, ils terminent le set sur l'efficace Disciple de Slayer. Question jeu de scène nous avons là un groupe dont les musiciens ont visiblement de la bouteille. Nous avons devant nous des membres ou ex-membres de No Return, Carnal Lust, WILD, Cruxifiction ou encore Dunkelnacht. Vous imaginez le CV. Chuck au chant déploie une énergie conséquente, malgré un public encore peu réceptif. Tout juste peut-on reprocher un petit manque de cohésion sur la scène, comme si chacun jouait sa partition dans son coin, ou des musiciens un peu trop effacés derrière le vocaliste.

1. Intro
2. Casket Garden (Dismember cover)
3. No God for the Living
4. Blessed Be (Entombed cover)
5. Carve Up
6. Genocide
7. Disciple (Slayer cover)

Three Seconds Rule

Et commence alors le fameux concours, où cinq groupes de toute la France s'affrontent, en passant chacun leur tour dans des délais très serrés (25 minutes chacun, pas une de plus). Deux animateurs débarquent, pour … euh … animer la soirée en toute logique, présenter rapidement les groupes, et dire un maximum de c*nneries (je balance les noms, il s'agit de Djej de Hell of a Ride, et Flow de 6:33). Les lyonnais de Three Seconds Rule sont les premiers à s'élancer sur le tremplin. Beau parcours en tout cas qu'est le leur, puisqu'ils ne disposent pas d'une énorme notoriété, ou bien moins que la plupart de ses concurrents ce soir, avec un seul EP à leur actif. Les 3SR (pour les intimes) dévoilent ce qui ressemble à une audacieuse fusion de styles, sur une base Heavy/Thrash aux influences Metalcore et Prog marquées. Cela semble surprenant sur le papier, mais je ne vois pas comment on pourrait décrire autrement. À noter que cette fusion passe beaucoup mieux en live que sur album, où les morceaux paraissent plus décousus. En ce qui concerne la prestation de cette soirée il n'y a pas beaucoup de reproches à faire … Le public commence à arriver, la salle chauffe, l'ambiance se met en place … Le chanteur Fabs harangue littéralement la foule par son chant grognard terriblement énergique, tandis que le guitariste Vince déploie tout son talent à la six-cordes. On regrettera juste que la bassiste Steffy et le guitariste Robb soient aussi timides, mais étant les membres les plus récemment arrivés, ce ne doit être qu'une question de temps. Enfin, comme c'est un concours, les groupes cherchent un peu à draguer le public (même si ce n'est pas lui qui vote), et Three Seconds Rule a choisi d'offrir à la volée leurs disques au milieu du concert à quelques spectateurs (dont votre serviteur) !

1. Angels
2. Ego Back
3. Creators
4. Sell My Soul

One Last Shot

On m'avait vanté les mérites du groupe parisien One Last Shot, qui, selon les dires de quelques uns, proposait un mélange de Hard Rock et Stoner/Sludge rugueux aussi dynamique sur album que sur scène. On ne m'a pas menti. Les cinq cowboys sont apparus dans un nuage de poussière, pour nous emmener directement dans un désert de sable, sec et chaud. Leur son lourd est parfaitement maîtrisé tout au long des cinq compositions proposées ce soir, issues pour quatre d'entre elles de leur premier EP sorti l'an dernier. Pour situer un peu le machin, disons que l'on se trouve entre Down et Motörhead, et on tend à se rapprocher de ce que font les norvégiens de Turbonegro. Et ce cocktail se révèle particulièrement explosif dans un Divan du Monde qui est désormais quasiment plein. Ça headbangue sévère dans les premiers rangs et même derrière. Malheureusement il manque encore un peu d'ambiance, et le circle pit demandé n'a pas eu lieu. Qu'importe ! Nos cowboys fringuants font de leur mieux et s'amusent comme des petits fous. À ce propos, il faudrait peut-être dire au chanteur Sly que nous ne sommes plus dans les années 70, mais en 2015. À le voir gratter la basse de son collègue Norge, à faire boire le guitariste pendant qu'il joue, ou sauter dans tous les sens, il doit se croire quarante ans en arrière. Effet garanti. Sly, et les deux guitaristes Shelby et Scarsid sont particulièrement joueurs avec les photographes, pour mon plus grand plaisir (voir en haut à droite de la page). Bref, gros coup de cœur pour ce groupe parisien d'un genre que je n'écoute pas assez. One Last Shot est une formation qui a son style, de l'ambition, et je l'espère de l'avenir.

1. Intro
2. Live Fast
3. Skateboard Song
4. Brawler
5. Headbangers
6. Prophesick

Artweg

Le temps d'un changement de plateau aussi rapide qu'un arrêt au stand de Formule 1, nos deux animateurs reviennent squatter le micro et présenter le prochain groupe. Si quelques blagues font mouches, attention à ne pas devenir lourd ; se moquer de l'embonpoint d'un des deux chanteurs d'Artweg n'était vraiment pas très délicat … De toute manière Artweg s'est bien chauffé pour leur rendre la pareille avec une prestation très vivante. Pour être plus précis, les franciliens originaires d'Epinay-sur-Seine (vu où j'habite on aurait pu se faire un covoiturage), offrent ce qu'ils appellent du ArtCore, qui tient en réalité du Hardcore. N'étant pas familier avec ce style il va être difficile pour moi d'évoquer des comparaisons. Tout juste puis-je remarquer qu'Artweg tient à insérer un esprit autant Punk, que Metal ou Hardcore dans sa musique, ce qui est un peu moins banal, mais pas franchement renversant pour le néophyte que je suis. Pour le public, ce fut un peu l'événement déclencheur de la soirée, à partir de quand les circle pits se sont succédés et quand les pogos sont devenus plus violents. Le jeu de scène est bien assuré par les deux chanteurs Mugen et Akonit, à la fois en français et en anglais, aidé par une énorme performance du batteur Crusty. On regrettera des gratteux un peu en arrière plan, ainsi qu'un son pas très bien équilibré, justement au niveau de la guitare qui en pâtit un peu. Pour les intéressés leur nouvel album devrait sortir en septembre prochain.

1. Control
2. Unstoppable
3. Get Busy
4. Insane
5. Drunk N High
6. Artweg
7. Human Bomb

Heart Attack (FRA)

Voici alors que débarquent les gagnants de la finale du HBC à Grenoble, les cannois de Heart Attack. Est-ce que le groupe joue une musique calme et posée ? Son nom vous donne un indice pour la réponse. Pour les curieux on parle ici de Thrash metal, agrémenté de quelques accointances avec le mouvement de Thrash revival. Heart Attack vénère Metallica, il ne faudra pas longtemps pour le comprendre. Mais plus que ça, les cannois jouaient sur leur premier album full-lenght, Stop Pretending en 2013, un Thrash/Groove dont les influences s'étendent à Pantera et Lamb of God ; et c'est aussi ce qui nous est joué ce soir. Les amateurs du style ne peuvent qu'être ravis. Les autres peuvent tout de même prendre leur pied avec ces riffs précis, ce chant hargneux très carré, et cette section rythmique dévastatrice. Si les choses ne sont pas faites avec une originalité particulière, au moins elles sont faites correctement. Heart Attack connaît bien son sujet. La prestation en elle-même semble bien rodée, et on voit que c'est un groupe qui a engrangé de l'expérience récemment. Leur agenda en est la preuve : après la finale du HBC, ils filent au South Metal Fest, puis au Hellfest. Y a-t-il des limites d'expérience pour participer au Headbang Contest ? Ce groupe avait dès le début toutes les cartes en main pour gagner, mais ça tombe bien, car de toute manière ils le méritent.

1. Face the Music
2. Stop Pretending
3. Lazarus
4. Sweet Hunting
5. Burn Your Flesh

Icon Of Destruction

C'est le moment du dernier groupe à concourir pour le Headbang Contest, et le public est toujours d'attaque après déjà cinq groupes de passés. J'avais suivi Icon of Destruction depuis leurs débuts dans le tremplin, au premier tour puis en demi-finales, et je suis plus que satisfait de les voir à nouveau, surtout à ce niveau de la compétition. D'ailleurs, au vu de leur performance ce soir, et de leurs précédentes, ils sont pour moi (et pour d'autres visiblement) les favoris. À ce stade de la soirée, maintenir l'intensité était loin d'être évident, d'autant plus que la musique des parisiens est tout de même moins compacte et brutale que la plupart des formations précédentes, mais ils l'ont fait ! Pour rappel, Icon of Destruction officie dans un death metal mélodique inspiré des scènes scandinaves, et plus particulièrement de la Suède (Dark Tranquillity et Amon Amarth ne sont pas loin, ainsi qu'Insomnium pour la Finlande). L'apport de claviers est primordial dans leur musique, et c'est pour cela que le claviériste Luc est placé devant au centre. Enfin un groupe qui ne planque pas son claviériste dans un coin et qui ose le mettre en avant ! Le choix est d'autant plus judicieux que le chant se partage entre Luc et le guitariste Antoine. Ce placement ne gêne pas non plus le groupe dans ses mouvements, et tous sont très dynamiques, à commencer par le second guitariste Anthony qui bouge dans tous les sens toujours grand sourire. Le bassiste Kevin n'est pas en reste, il semble d'ailleurs être apprécié du public féminin, puisqu'il reçut au milieu du concert un soutien-gorge … Ceux qui avaient aussi suivi les précédentes éditions du HBC n'ont pas dû être dépaysés, et les autres ont sûrement passé un bon moment. Les morceaux étaient à peu près les mêmes que les fois précédentes, hormis un p'tit nouveau appelé Earth Spasms, qui devrait figurer sur l'EP à venir. Si le son était parfait au premier rang, il paraît en revanche qu'il y a eu quelques soucis vers le fond de la salle. Dommage, Icon of Destruction n'était vraiment pas loin de faire un carton plein.

1. To the Edge (Intro)
2. Cities Asleep
3. Slaves of Tomorrow
4. The Eyeless
5. Take My Soul
6. Under the Darkened Sky
7. Earth Spasms
8. Raven's Flight

Loudblast

La finale du Headbang Contest est désormais close, les dés sont jetés, et il ne reste plus qu'au jury à faire ses choix. C'est les nordistes de Loudblast que l'on attend maintenant, mais la préparation pour leur set traîne en longueur, il devait y avoir quelques soucis ; c'est le moment d'aller se désaltérer au bar (ou de s'occuper autrement …). Notre cher Stéphane Buriez arrive enfin avec ses comparses Hervé, Alex, et Pierre, pour finir de retourner ce Divan du Monde plein à craquer. Et c'est ce qui sera fait. Pas de compromis avec Loudblast, nous avons bien ce death à la française qui fait fureur dans l'héxagone et au-delà. Pour la première fois que je les vois, le quatuor est fidèle à sa réputation de monument de la scène : on sent l'expérience des ans, mais le plaisir renouvelé de voir son public, de même qu'une furieuse envie d'en découdre. Même chose pour le public qui se remet aux pogos. Sur scène, pas de grosse folie, le show est plutôt carré, interprété d'excellente manière et avec conviction. Stéphane et Alexandre sont au plus près du public, juchés sur les blocs de retours, ce qui impose certaines contorsions pour prendre des photos de si près. Le son est absolument nickel devant, et a l'air d'être aussi bon derrière. Je ne sais pas si c'est la salle qui a une bonne acoustique, mais j'ai rarement été déçu par le son au Divan du Monde. La légende dit que Loudblast casse toujours quelque chose sur scène, et cette fois-ci c'est la caisse claire qui a succombé à son bourreau Hervé. Preuve s'il en fallait une que les lillois n'y vont pas avec le dos de la main morte. Après une reprise déchaînée d'Ace of Spades de Motörhead, Loudblast nous quitte sur le classique My Last Journey.

1. Intro
2. A Bloody Oath
3. The Bitter Seed
4. Taste Me
5. From Dried Bones
6. Neverending Blast
7. Flesh
8. No Tears to Share
9. Medley
10. Ace of Spades (Motörhead cover)
11. Cross the Threshold
12. My Last Journey


La soirée touche à sa fin lorsque Loudblast quitte la scène pour laisser la place à nos chers animateurs. Pour l'annonce des résultats, ils appellent tous les musiciens de la soirée à les rejoindre sur scène, ce qui fait un petit paquet de monde pour une scène pas si grande que ça. Les résultats sont apportés par Clémentine Delaunay en personne (Visions of Atlantis, ex-Serenity), que peu semblent pourtant reconnaître. Dans l'enveloppe qu'elle tient sont écrits deux noms :
Heart Attack
One Last Shot.

Les thrashers cannois remportent donc la première place du Headbang Contest 2014-2015, suivis des parisiens de One Last Shot, qui se produiront donc tous deux au Motocultor mi-août. Évidemment les deux le méritent, mais j'ai tout de même une pointe d'amertume pour Icon of Destruction qui à mon sens aurait aussi bien pu être choisi. Dans tous les cas, j'irai très volontiers revoir Heart Attack et One Last Shot lors de leurs prestations au Motocultor. Photo finish avec tout le monde, et on remballe.

Petit topo sur le Headbang Contest : il s'agissait cette année de leur cinquième édition, et la première dont j'entends parler. Je ne peux dire que du bien de ce tremplin, tellement l'organisation était au top, tellement j'ai pu faire de belles découvertes et de belles rencontres grâce à eux. Je regrette de n'avoir assisté qu'à trois étapes du concours, j'aurais volontiers tout suivi. L'année prochaine, comptez sur moi. Pour les intéressés, les inscriptions des groupes commencent en septembre prochain (https://www.facebook.com/events/473499962816155/).

Un gros merci donc à l'organisation, à tous les groupes vus (tous étaient bons !), un salut à mon collègue politiste Antoine qui a vu la soirée depuis le bar, et des bisous pour ma chère et tendre pour avoir partagé ce moment ensemble.


3 Commentaires

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PhuckingPhiphi - 16 Juillet 2015: Merci pour la chronique de cette excellente soirée, dont j'ai hélas raté les premiers groupes. Je suis reparti avec l'album de Heart Attack sous le coude pour me consoler ! :)
eclectic - 16 Juillet 2015: Excellent travail, précis et agréable à lire. Et j'ai bien apprécié la référence à la série "Kaamelot" sur le report de Loudblast ! Merci le loup.
 
antoine1495 - 19 Août 2015: Merci pour cette chronique
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