Leprous "The Congregation Tour"

le Mardi 06 Octobre 2015, Le Ferrailleur

Une fois n'est pas coutume, c'est par la pluie que nous évoquerons un live report réalisé dans les contrées nantaises. Bref, entre un vent à crever, de la flotte à n'en plus pouvoir et une fnac devenant désespérément vide et inutile (quand il y a plus de grille pain et d'aspirateurs que de disques, ça sent le sapin), on peut dire que je venais bien plus pour la virée norvégienne à venir que le paysage en lui-même.

Passons les quelques ennuis d'accréditations et d'autorisations pour entrer dans le Ferrailleur et nous voilà près à en découdre avec les trois groupes présent ce soir.
Rendez-Vous Point démarre son set avec une seule petite demi-heure de retard (qui aura son importance plus tard mais on a vu bien pire ici) et c'est à un groupe encore un peu timide que nous avons affaire. Ce que nous ne savions pas, c'est une sympathique partie de chaise musicale allait s'opérer puisque c'est Baard Kolstad qui officie derrière les fûts que nous retrouverons bien sûr plus tard avec la tête d'affiche du jour et surtout que le guitariste de session de Leprous est en fait le guitariste de Rendez Vous Point, à savoir Petter Hallaraker.
Musicalement, on est face à un prog rock très mélodique avec un chanteur chantant juste bien que trop cantonné dans des standards vocaux. Les musiciens sont souriants, visiblement contents d'être là mais il manque une petite étincelle pour que les choses décollent réellement. Le moment fort se fera clairement sur le troisième titre où le vocaliste ira chanter dans la foule pendant que Baard montrera le poulpe qu'il est. Une jolie mise en bouche, aussi séduisante que la bassiste, mais manquant sensiblement de vigueur et de force. Tout l'inverse de Sphere.



Sphere (NOR)

Effectivement, Sphere entre sur scène et va se révéler être le parfait inverse. Aucune subtilité, pas de pitié mais un djent « à la Meshuggah » surpuissant, déployant guitares huit-cordes, basse six-cordes surplombée de leds rouges donnant un petit côté SF technoïde (qui va de paire avec les tubes à néon faisant office de logo à l'arrière plan de la scène) et un chanteur beaucoup plus remuant cette fois-ci.
Le son est surpuissant, le groupe très à l'aise et le premier titre met rapidement le public au tapis face à tant d'écrasement sonore. Puis, rapidement, une petite gène va s'installer. N'entendrions-nous pas depuis le début le même titre ? Ne serait-ce pas constamment ce même riff joué sur les cordes graves, ces petites accélérations de batterie placées en fin de couplet et surtout...SURTOUT...(je le précise fortement parce que ce fut un sujet de conversation en attendant Leprous)...un chant clair (du guitariste) toujours exactement identique, au même moment (le refrain bien sur) sur une même tonalité de claviers et avec la même ligne vocale sur chaque morceau (trois syllabes environ).


Quand on dit qu'il ne faut pas user des bonnes choses, c'est une preuve flagrante ici puisque d'un début enthousiasmant où le public était très réactif, la salle se vida au fur et à mesure et je me retrouvais moi-même avec une bière à la main posé sur le côté de la salle en attendant les autres norvégiens du soir. Dommage car il y a de l'idée et techniquement, le niveau est là mais le manque de personnalité et cette cruelle sensation d'avoir écouter six ou sept fois le même morceau ne nous aura malheureusement pas conquis.
Très de bavardages, les maîtres arrivent. 

Leprous (NOR)

Le rideau se ferme pour cacher les derniers préparatifs même si nous avons déjà une vague idée de ce qui se prépare.
Une quinzaine de minutes plus tard, les sonorités de « The Flood » résonne et le show peut commencer. Quatre grands écrans sont derrières les musiciens, chacun revêtus comme il est désormais de coutume d'un costume entièrement noir très classieux. Pas d'introduction ou d'entrée grandiloquente, le début sera à l'image du show, très classieux et surtout dans une bulle d'émotion, sans effusion ni dialogues à rallonge mais des musiciens emportés par leur musique et leur son. La lente montée en puissance du morceau débute jusqu'au refrain et ainsi l'explosion de lights et de sonorité qui en découle. On remarque d'entrée que le son est plus fort, ce qui est presque dommage tant il était équilibré sur les deux premiers groupes. Je vais d'ailleurs rapidement me décaler puisque, initialement face à Peter, j'ai trouvé embarrassant d'entendre ses riffs prendre le pas sur tout le reste. C'est ainsi que je me suis placé en plein milieu, face à Einar, pour profiter au mieux d'un son globalement sans faute de goût, mis à part parfois sur un chant un peu trop en retrait (et oui, les huit-cordes, ça bouffe le reste).


J'ai pu lire ici et là que certains avaient du mal à entrer dans les concerts récents de Leprous et, à cela, on peut répondre assez facilement que la nouvelle setlist faisant la part quasi intégrale aux deux derniers opus, la musique ne respire pas la joie de vivre ni l'extravagance des débuts et ainsi, provoquer un certain malaise dans cette tristesse inhérente, ces riffs affreusement lourds et les vocalises d'un Einar au sommet de sa forme (quel chanteur!). Ainsi, « The Flood » et « Foe » s'enchaine mais c'est réellement sur « Third Law » que le public va s'emballer. Titre beaucoup plus technique et direct, il va surtout être le moyen de démontrer que le dernier opus « The Congregation » est connu sur le bout des doigts par bon nombre de personne ici présente puisque le refrain est allègrement repris par la fosse.
Ce sera encore plus flagrant sur l'exceptionnel « Rewind » où je n'en revenais pas d'entendre le public reprendre l'intégralité du texte du début à la fin en chœur avec Einar, démontrant que le groupe tenait là un véritable « hit » en puissance capable de fédérer toute l'assistance, en plus de subjuguer littéralement sur l'un des rares passages en growl du concert. Surtout qu'il sera enchainé du sublime « The Cloak », probablement l'un des titres les plus beaux du répertoire des norvégiens, formidable moment en apesanteur où plus grand-chose n'a d'importance que ce moment de pure intimité partagé avec les musiciens.

Comme dit précédemment, avec la quasi-intégralité du dernier opus joué, c'est donc les titres les plus « funs » qui en font les frais et « exit » les « Bilateral », « Restless », « Thorn » ou autres « Waste in Air ». Le groupe se permet donc de sortir le titre le plus atmosphérique de « Biletareal » avec « Acquired Taste » qui apparaît aujourd'hui comme ce qu'allait devenir le groupe à l'époque.
On sent les musiciens concernés, un Baard tétanisant de talent derrière sa batterie, par sa fluidité, l'intelligence de son jeu et surtout la finesse des apports réalisés par rapport aux morceaux studios, sans jamais trop en faire mais toujours avec musicalité. « Slave » sera un très grand moment, notamment pour les nappes initiales de claviers et ce riff d'une lourdeur abyssale de Tor qui résonne comme une masse au dessus de la tête (et ce passage hurlé!). Il en sera de même pour l’enchaînement à couper le souffle « The Price »- « Moon » - « Down » qui semblèrent lessiver complètement les musiciens, visiblement crevés après ce déluge émotionnel, notamment un « Moon » plus pop et terriblement fort en live.
C'est le long et déprimant « The Valley » qui aura la tâche de terminer le concert (là où il était le premier titre lors de leur passage au Hellfest 2013). Et oui, c'est avec d'énormes regrets que nous n'aurons pas eu le droit à notre « Forced Entry » (alors que Paris et Madrid, et visiblement toutes les autres dates y ont eu droit), parce que minuit était passé et que le Ferrailleur devait fermé ses portes.  Ceux qui suivent la setlist du groupe n'auront probablement pas manqué le léger mouvement de flottement après la fin de « The Valley » quand chacun regarda le manager qui fit des mains « C'est la fin ».

Légère déception pour ça mais très grand moment de musique que nous aura livrer Leprous ce soir. Désormais sur une autre planète, dans un univers propre, ils ont forgé leurs propres règles et se permettent une scénographie sobre mais en complète concordance avec leur univers, notamment par le biais de vidéo en boucle constante pendant le show sur les quatre écrans en toile de fond.
Leprous n'est désormais plus un groupe de la relève mais un grand groupe tout court, pas forcément renommé comme certains mais dont le talent suinte des pores de chacun des membres. Des félicitations à eux et un remerciement pour tous ceux présents ce soir-là ayant remplis le Ferrailleur. Une belle réponse à ceux qui prétendent que les petites salles ne se remplissent plus et qu'il n'y en a que pour les festivals. Ce n'est probablement pas Leprous qui allait penser ça ce mardi soir d'Octobre.

Setlist :
1. The Flood
2. Foe
3. Third Law
4. Chronic
5. Rewind
6. The Cloak
7. Acquired Taste
8. Red
9. Slave
10. The Price
11. Moon
12. Down
13. The Valley


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alcajuar10 - 21 Octobre 2015: Je partage entièrement ta chronique Eternalis comme d'habitude d'ailleurs,nous les avons vu à Lyon et avons donc eut le Forced entry. Rendez-vous au Hellfest mais pas à 10h du mat qui sais
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