Leprous + Sphere + Rendezvous Point @Paris Le Divan du Monde 05-10-2015

le Lundi 05 Octobre 2015, Le Divan du Monde

Les concerts de musique progressive à Paris sont assez paradoxaux : souvent les groupes estampillés prog sont boudés (Enchant par exemple), et ceux qui remplissent le mieux les salles sont soit les vieilles gloires bien établies comme King Crimson, soit les groupes de courants plus modernes ou expérimentaux tels que Between The Buried And Me ou Leprous. Même si on regrette que le prog classique soit beaucoup ignoré, on ne peut qu'apprécier ce renouveau de concerts progressifs grâce à ces groupes plus récents au sommet de la vague. Le sommet de la vague est l'expression qui convient le mieux aux Norvégiens de Leprous ces temps-ci ; les derniers albums leur permettent d'affermir leur son, de mieux définir les contours de leur personnalité, tout en étant récompensés d'un succès critique et commercial relatif. Tout cela pour dire qu'en ce début d'automne 2015 le quintette était très attendu dans ce Divan du Monde qui les avait déjà vu passer en 2011. Étant arrivé tôt afin de mener l'interview avec le batteur Baard Kolstad, je peux constater qu'une longue file prend place sur le trottoir. Tandis qu'il commence à pleuvoir, comble de la bienveillance, les vigiles de la salle nous prêtent des parapluies pour patienter au sec. J'adore vraiment ce Divan du Monde.

Rendezvous Point

On se met rapidement au sec, et, tant qu'à faire, tout devant la scène, tandis que se prépare le groupe d'ouverture au nom plus qu'étrange pour nous francophones : Rendezvous Point. Derrière ce curieux patronyme se cache un jeune groupe, norvégien, qui a la particularité d'avoir presque deux membres de Leprous dans son line-up (le batteur et le guitariste live). On comprend qu'il soit plutôt commode de faire une tournée commune. Le combo est complété par un chanteur virtuose, une bassiste dynamique, et un claviériste que l'on entend malheureusement pas beaucoup.

C'est d'habitude à ce moment précis du live-report que je dois décrire le style pratiqué ... chose loin d'être aisée, même à froid le concert passé. Enfin si, on peut dire que c'est "prog", même si cela ne nous avance pas beaucoup. En réalité, Rendezvous Point joue une mixture étrange, tenant à la fois du Metal prog classique à la Dream Theater et de ses sous-genres plus modernes (un soupçon de djent), le tout avec un niveau technique ahurissant un tantinet démonstratif. Les plus curieux peuvent jeter une oreille à leur premier album, sorti trois jours auparavant. Si leur concert est représentatif de l'album, alors il n'y a aucune raison que ce soit mauvais. Le public semble un peu dérouté au début, notamment à cause du timbre de voix aigu de Geirmund Hansen, mais le quintette parvient à créer la surprise. Les mélodies complexes et techniques de Rendezvous Point conviennent à merveille au public de Leprous, qui finit par leur porter un triomphe. La salle entière retient son souffle lors d'un solo de batterie de Baard Kolstad particulièrement déchaîné, avant d'offrir un tonnerre d'applaudissement.

Sphere (NOR)

Les suivants à se présenter face au public parisien sont encore norvégiens, et opèrent sous le pseudonyme de Sphere. Les collègues progueux qui m'entourent, ainsi que moi-même, commençons à appréhender en voyant s'installer les guitares à sept voire huit cordes et le logo du groupe en néon sur la toile du fond. Horreur. Du Djent.

Je me moque gentiment, mais en réalité (et c'est souvent le cas chez les amateurs de prog classique) pour moi le djent ça passe ou ça casse.

Et Sphere, ça casse.

Le quintette joue donc un Metal tirant largement sur le djent, agrémenté de quelques boucles électroniques enregistrées et peu audibles, avec un chant partagé entre le growl et le clair. Malheureusement les parties de guitare se révèlent d'une pauvreté affligeante, de même que la structure des morceaux, hyper répétitive et prévisible. Les couplets sont growlés agressivement, tandis qu'à chaque refrain on nous sert le même chant clair sur le même ton carrément niais. Les loupiottes sur la basse et le néon de couleur au fond présentent un kitsch rarement atteint, qui vire au ridicule. On ne pourra leur reprocher la volonté d'une présence scénique très dynamique, mais clairement inappropriée devant un public plus calme que d'ordinaire dans le metal. Les applaudissements sont faibles, et l'ambiance générale en prend un sacré coup.

Leprous (NOR)

Heureusement, les gars de Leprous sont toujours attendus avec autant de ferveur, et dès les premiers titres la salle retrouve sa chaleur initiale. Einar, Tor et Baard arrivent accompagnés de deux musiciens de tournée, Simen Daniel Børven à la basse, et Petter Hallaråker à la guitare, remplaçant Øystein qui doit gérer des devoirs paternels. Le claviériste/chanteur Einar Solberg ne communique pourtant pas beaucoup avec ses fans, mais avec son collègue Tor ils dégagent une aura qui force le respect. Bonne idée d'ailleurs d'avoir positionné le clavier sur le devant de la scène, pour un instrument trop souvent relégué sur le côté. D'une manière générale, quasiment tout est réuni pour exécuter un très bon show : la salle est agréable, les lumières sont belles (bleutées et pas aveuglantes), et le son est globalement bon (à part une vis mal vissée sur le clavier, qui vibrait et résonnait - on a essayé de la fixer, sans succès).

La setlist, on s'en doutait, fait la part belle aux deux derniers opus : Coal et The Congregation. Et c'est visiblement les plus appréciés des fans, puisque beaucoup semblent connaître les paroles. Le point d'orgue est atteint sur The Cloak, magnifique moment de communion avec le quintette norvégien, sublimé par un Einar particulièrement touchant. Des morceaux plus récents comme The Flood ou Rewind prennent une tout autre dimension en live, beaucoup plus humains que sur The Congregation où ils apparaissent dans un froid terrifiant. Au bout d'une heure vingt de show, les cinq s'en vont, puis reviennent pour un premier rappel, qui se conclue sur l'excellente surprise qu'est The Valley, long morceau étouffant, un vrai joyau sombre. Mais quand ils repartent, ce n'est toujours pas assez pour le public parisien. Leprous retourne alors nous offrir un Forced Entry fantastique, réclamé par tout le public, et qui achève cette très bonne soirée.

 

1. The Flood

2. Foe

3. Third Law

4. Chronic

5. Rewind

6. The Cloak

7. Acquired Taste

8. Red

9. Slave

10. The Price

Rappels 1

11. Moon

12. Down

13. The Valley

Rappels 2

14. Forced Entry


1 Commentaire

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David_Bordg - 06 Novembre 2015: ah ca devait etre quelque chose terminer avt les rappels sur the price, the cloak, quel morceau, et en rappel the valley et forced entry, magnifique, vraiment depiter de travailler ce soir la!! merci pour ce belle article.
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photo de Le Divan du MondeParis, Ile-de-France, France
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