Hellfest : Une terre d’accueil
Comme tous les ans depuis désormais un paquet d'années, le Hellfest est devenu une référence en termes d’accueil, d’activités et de bien-être pour le festivalier. Passons outre les critiques sur le confort au détriment d’un pass toujours plus cher (oui, c’est un fait), évitons de critiquer sans cesse la décoration, la grande roue, la nouvelle Gardienne des Ténèbres (impressionnante au demeurant) ou encore toute cette diversification qui donne simplement une identité au festival, qui ravi ceux qui traverse la moitié de la planète pour venir et qui, découvre, ébahi, ces immenses statues, sculptures ou autres environnements propres à chaque lieu.
Bref, c’est beau, c’est dépaysant et c’est encore plus impressionnant de nuit avec le ballet de flammes qui jaillissent à tour de rôles. Dans le fond, peu de changement depuis l’année dernière, mis à part le remplacement du bûcher par la nouvelle maîtresse des lieux. La zone journaliste est également strictement identique (la fontaine de sang, la piscine, la salle où l’architecte est une colonne vertébrale géante) et les tentes sont toujours aussi suffocantes. Heureusement que la chaleur nous a plutôt épargné, n’évitant pas une annulation assez incompréhensible de Dave Mustaine qui semblait de toute façon à côté de ses pompes sur scène (je ne cherche même pas à savoir s’il était simplement malade ou autre chose). L’ensemble est toujours plus commode. La Valley extérieure, qui se dévoilait pour la première fois l’année dernière avec des dalles en caoutchouc devant la scène, est désormais terminée en dur pour la fosse comme toutes les autres scènes, évitant les nuages de poussière par temps sec et la boue par pluie. Idem concernant la warzone et, une fois de plus, force est d’admettre que le confort est vraiment au centre des préoccupations du festival qui, s’il accueille toujours plus de monde et une population toujours plus large (pour le dire gentiment), fait en sorte que chacun vive au mieux son moment.
Une main heavy dans un gant pop, en somme.
Mangez, mangez, il y en aura pour tout le monde
Côté nourriture, rien de bien neuf. Il y en a toujours autant. J’ai remarqué que le homard et les moules avaient disparu (hygiène ? Malades ?) au profit de toujours plus de menus végé/vegan, sur la quasi intégralité des stands. On y retrouve, entre autres, des stands ultra classiques (Burger, menu raclette, panini, pizza, tartine de l’Enfer) à des horizons plus lointains (chinois, japonais, indien, mexicain, argentin), plus locaux (alsaciens, bretons, de superbes tourtes avec des frites de patate douce).
Bref, c’est globalement bon, pas excessivement chers (les prix d’un fast food actuel en gros) et on regrettera presque plus le fait de n’avoir que peu de choix en bière (toujours cette même Carlsberg sans goût et une seule Rouge disponible), de plus uniquement disponible en pinte cette année pour éviter de multiplier les tailles de verre et réduire l’impact écologique du festival (évidemment). Néanmoins on vend du soft en 30 cl (pour ne pas que les enfants boivent trop de sucre, bien sur !) mais on ne peut pas le faire avec l’alcool (trop de mousse, et puis l’alcool c’est moins grave que le sucre).
Des excuses un peu ridicules qui forcent à passer sur la grande consommation qui n’aura pas été du goût de tout le monde mais qui n’aura pas empêché le festival d’établir un nouveau record de litres de bière liquidés sur une édition ! Finalement, qui a raison ? Qui a tort ?
Des festivaliers. Oui mais pour quelle cohabitation ?
Inutile de refaire le monde et le débat, même s’il semble d’années en années toujours plus inéluctable. La guerre des générations, les différentes scènes et l’état d’esprit qui évolue et change avec les années. Le Hellfest reste un catalyseur d’une frange de la société et il est clair que les gars de 25 ans au début du Hellfest en ont désormais 40, que les autres en ont plus de 60 et que les jeunes qui se découvrent une nouvelle passion dans le metal n’ont probablement pas les mêmes codes, pas les mêmes habitudes et que, à force de devenir “The Place to Be”, de vendre un nom plus que des groupes (puisqu’il est sold out avant la diffusion du moindre nom), une partie de son identité s’en retrouve amputée.
Quelque part, le festival n’y peut rien. Il ne peut pas y avoir de “tri” sélectif à l’entrée, de darwinisme metallique qui évaluerait la “qualité” d’un public par un procédé élitiste. Non, dans l'absolu, rien n’empêche le fan de Shaka Ponk d’être aussi légitime que le die hard des Temple / Alter que le coreux qui passera son week end à la Warzone tout autant que le fan plus traditionnel des grands noms des 80 ou de la nouvelle vague moderne des années 2000. Mais forcément, les codes ne sont plus les mêmes.
Ainsi, les innombrables slammers indéniablement fatiguent les gars qui veulent profiter d’un concert sans regarder forcément derrière, chose devenant désormais impossible en Mainstage, quel que soit le groupe, le moment ou le morceau. On ne parle même plus de la bonne ambiance d’un pogo ou d’un wall of death avec le sourire mais bien d’un certain plaisir égoïste et solitaire d’un moment à slammer mais qui, revenu à l’infini (et toujours par les mêmes), devient aussi agaçant que potentiellement dangereux. L’ambiance en elle-même, si elle est toujours aussi positive, fun et avenante, dévoile parfois des travers que nous n’avions pas avant, comme une certaine agressivité, une incompréhension entre certains individus, de l’impatience dans les files ou même des comportements que nous n’aurions pas vu avant.
Pourtant, est-ce que c’est 4 jours hors du temps ne sont pas un véritable kiff au pays d’une musique que nous adorons, avec des légendes qui enchainent et une organisation aux petits oignons ? Si, car le Hellfest reste toujours pro jusqu’au bout des doigts. Et que lui retirer ce mérite et ce professionnalisme serait injuste tant ils prennent soin du public et essaie de l’accueillir du mieux qu’il peut.
Metallica
Bilan
Tout a déjà été dit. Le Hellfest reste un évènement incontournable, qui fait tourner la tête de beaucoup d’artistes par son ampleur, par la passion du public, le gigantisme de ses décors et l’accueil qui est réservé aux groupes, même les plus confidentiels.
Des groupes heureux. Un public heureux. Une communauté qui vit ensemble durant plusieurs jours, dans un village toujours plus apte à accueillir, que ce soit les commerces ou les habitants. Est-ce qu’on ne tient pas une clé, même parcellaire, d’une certaine idée du bonheur ?
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