Within Temptation
Coincé entre deux énormes groupes de scène (Iron Maiden et Carpenter Brut), j’avais un peu peur que les bataves aient du mal à vraiment convaincre, même s’ils sont évidemment repus à cet exercice. Troisième fois pour moi que j’ai le plaisir de voir Within Temptation, c’est encore une fois (je les ai vu en Zenith sur la tournée de “Hydra”) une sublime scénographie, encore plus ambitieuse que précédemment avec un immense masque et un écran géant qui, derrière, projette des images des clips ou des intervenants “guests”.
Petite surprise quand le groupe débute sur “Our Solemn Hour”, morceau très symphonique de “The Heart of Everything” et plutôt éloigné du registre plus récent du groupe. Le son est impeccable, d’une pureté impressionnante et d’une puissance incroyable. Il explose littéralement dès “The Reckoning” et son côté bien plus agressif et lourd (bonjour les 8 cordes) et, en un instant, je me dis que c’est peut-être le meilleur son que j’ai entendu jusqu’à maintenant sur le week end. Tout est audible, extraordinaire de puissance et de limpidité. Sharon est magnifique (comme toujours), sa voix aussi puissante que pure pendant que Ruud et Stephan ne se font pas prier pour balancer leurs riffs désormais taillés pour le live. Je ne comprendrais jamais ceux qui viennent dire que Within est aujourd’hui plus “pop” tant les nouveaux morceaux sont canons en live, lourds et martiaux, à même de littéralement faire headbanger toute une foule. Moins féérique c’est clair, mais diablement efficace.
“Faster” fait décoller l’assistance par son refrain simple à entonner et son côté speed qui donne envie de sauter partout (pas de slammer ici …) avant que Sharon ne présente un petit nouveau (alors que “Wireless” est sorti il y a quelques jours) en la présence de “Bleed Out” qui, après une seule écoute, semble dans la droite lignée des morceaux précédents. Moderne, puissant, lourd et dôté d’un refrain qu’on reprend déjà à la fin du titre ! Le groupe va ensuite enchaîner, dans une scénographie splendide et un déluge de pyro, ses titres les plus canons comme “Paradise (what about Us)”, l’écrasant “Raise Your Banner” (où Sharon érige un drapeau de l’Ukraine), le terrible “In the Middle of the Night” ou encore les plus récents “Don’t Pray for Me” ou “Wireless”. La belle profitera de la présentation de “Supernova” pour présenter un hommage poignant à son père décédé. On retiendra aussi qu’un vieux titre comme “Stand my Ground” trouve une nouvelle jeunesse et s’accorde désormais parfaitement au nouveau style, en faisant peau neuve de façon bien plus compact et heavy. L’hymne “What Have you Done” finira d’achever des festivaliers ravis d’une telle performance avant un “Mother Earth” pour renouer avec les débuts symphoniques et magiques des hollandais.
Une performance XXL pour un groupe bien loin de ses débuts timides sur scène. C’est désormais un prédateur redoutable, aux musiciens charismatiques et épanouis, emmenés par une frontwoman magnétique et simplement belle. L’un de mes très grands moments du festival (et pas celui que j’attendais le plus). Un grand merci ! (Eternalis)
Setlist :
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Our Solemn Hour
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Faster
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Paradise (What About Us?)
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Angers
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Raise your Banner
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Entertain You
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Stand my Ground
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Supernova
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Don’t Pray for Me
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In the Middle of the Night
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Stairway to the Skies
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What Have you Done
Meshuggah
Le zigzag infernal continue : un crochet par la Mainstage 2 pour voir la fin de Within Temptation, sa mise en place parfaite et sa chanteuse angélique.
Et ensuite la Mainstage 1 pour voir le début de Carpenter Brut et tenter de prendre quelques photos exploitables, malgré l'obscurité cybernétique de noir et de rouge de leur début de concert. Je fonce ensuite vers l'Altar pour ce qui doit être le dernier clou dans le cercueil de cette journée mortelle !
01h00: Une heure pétante, je suis dans les starting-blocks. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le groupe est attendu, et se fait attendre, pendant que le public scande Meshuggah, Meshuggah, et est préventivement ovationné au moindre signe d'apparition.
Ils arrivent enfin, sous le rugissement de la foule massée sous l'Altar. La répétition obsédante qu'inflige "Black cog " fait office d'intro à ce concert, encore plus claustrophobe que sur album. C'est presque une libération quand on entend enfin le beat "Rational Gaze", avec ces doubles coups de grosse caisse qui tournent autour d'une china, à l'infini. Quelques gens quittent la salle... Pas prévenus ? Ceux qui restent scandent "Locust", "Locust"... Qui ne viendra pas. Les lights blancs transpercent le rouge en même temps que ces dive bombs qui plongent vers les abysses de "Ligature Marks". Hypnotique !
Un passage calme et abscons, les lights passent du rouge au vert, une courte oasis dans la noirceur. On dirait que les suédois ont décidé d'annihiler tous les neurones présents dans la surface de l'Altar, en enchaînant ses titres les plus hermétiques. Le son est énorme, fort, sans pitié au point que je préfère ne pas enlever mes bouchons anti bruits. La foule, elle, en redemande, "Meshuggah", "Meshuggah". Je me dis qu'en suivant la logique jusqu'au bout, il est tout à fait possible, imaginable , qu'ils ne jouent pas "Bleed".
Ce set de neuf morceaux est un peu le noyau inamovible de ce qu'ils jouent habituellement cette tournée 2023, avec seulement trois titres issus de "Immutable", leur dernier album. J'aurais bien aimé être aussi enthousiaste que la majorité présente, mais la face répétitive et opaque de Meshuggah est celle que j'aime le moins. Il y a des moments franchement trippants, mais ce jeu d'endurance dans la frustration promet de ne jamais apporter l'acmé salvatrice.
Enfin, "Future Breed Machine" morceau un peu plus, disons évocateur, est un soulagement, et j'implore qu'on m'achève. Ah, ces Iii Iii Iii délicieusement disonnants, oui, c'est presque ça, oh oui, un solo, de la mélodie ! Et c'est fini, pas de "Bleed".
Dehors, la pluie s'est mise à tomber. Le public qui éructait il y a quelques secondes, n'ose pas sortir, et bloque un temps la sortie de l'Altar, comme un troupeau de brebis devant un précipice. Quelques énervés derrière moi poussent pour forcer la sortie, et après quelques secondes de tension, l'Altar se vide. Une demi déception pour moi, qui clôt une journée riche en émotions. Lessivé, mais heureux, j'attends dans la queue la Navette Hellfest sous une pluie fine. Le temps de revenir au gigantesque Parking Ouest Festivaliers (notez votre code de rangée, pauvres fous !), et de rejoindre mon hôtel à Rezé, il est plus de 3h40.
Setlist Meshuggah :
1.Broken Cog
2.Rational Gaze
3.Ligature Marks
4.Born in Dissonance
5.In Death - Is Life
6.In Death - Is Death
7.The Abysmal Eye
8.Demiurge
9.Future Breed Machine
Carpenter Brut
Quoi de mieux que de finir une journée éreintante par une tête d’affiche française, étendard national de la darkwave (ou synthwave) pour finir d’achever des festivaliers sur les rotules ?
Et bien rien en fait, tant Carpenter Brut nous aura livrer le show qu’on attendait. Impérial de bout en bout, visuellement incroyable, sonorisé de façon exceptionnelle avec une réponse énorme du public (“On va voir sur nous sommes un groupe de Mainstage” disait Adrien l’après midi … la réponse aura été démente).
C’est un moment unique que les fans ont pu vivre et s’il y a un show qu’il fallait enregistrer en vue d’un live, d’une sortie vidéo ou autre, c’était bien celui-là ! Car, là où Carpenter Brut est principalement instrumental, les guests vocaux sont donc logiquement samplés sur scène ! Pourtant, après un premier rouleau compresseur en forme de mandale sur “Straight Outta Hell” qui prend une épaisseur incroyable en live, Gunship débarque sur scène pour interpréter “The Widow Maker” et, on se prend à rêver. Un rêve qui prend forme quand “Beware the Beast” se voit chanter par le vocaliste de Grave Pleasures (Mat McNerney) présent le lendemain ! Et ça sonne d’enfer d’entendre ces véritables tubes avec un véritable chanteur !

Les compositions prennent une dimension supplémentaire grâce aux riffs d’Adrien Grousset et la présence de Florent Marcadet derrière les futs, alternant les toms acoustiques ou électroniques pour un rendu toujours plus optimal. Entre des beats de pure adrénaline (l’enchainement “Day Stalker” / “Night Prowler”), des instants plus smoothy (“Meet Matt Stryker”), des titres déjà classiques (“Roller Mobster” et son tempo effréné, le côté plus morbide de “Color Me Blood” ou encore la rafale quasi thrash de “Monday Hunt”), Greg Puciato viendra enflammer littéralement le pit avec le monstrueux “Imaginary Fire” qui bénéficie d’une version totale avec sa présence (et quelle présence ! Ce type est vraiment monstrueux). Les jeux de lumières sont absolument faramineux, c’est probablement la prestation la plus impressionnante à ce niveau là du fest, tant ça pète dans tous les sens, avec en plus l’appui des images derrière le groupe.
Des flammes venues véritablement de l’enfer cracheront sur “Leather Terror” et la présence encore plus inattendue de Johanness Andersson (Tribulation) et son timbre death abyssal.
La fin approche. “The Perv” résonne mais tout le monde attend déjà la suite. La fin. “Maniac” et Yann Ligner (Klone) qui monte sur scène pour transformer toute cette immense fourmilière en véritable discothèque géante, dans un incroyable bordel salvateur, dantesque et salvateur. Persha vient aussi donner de la voix sur ce final. Ces dizaines de milliers de gorges déployés à chanter “Maniac”, à hurler sur le solo de Adrien en plein Hellfest. C’était déjà beau sous la Temple. C’est juste magnifique sur la Mainstage.
Un immense show. Qui fera date. Et qu’il fallait enregistrer. Espérons. Pour ne pas oublier d’avoir vécu un petit moment d’histoire de Carpenter Brut. Vous êtes déjà des géants. (Eternalis)
Setlist
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Straight Outta Hell
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The Widow Maker
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Roller Mobster
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Meet Matt Stryker
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Beware the Beast
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Day Stalker
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Disco Zombi Italia
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Imaginary Fire
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Color Me Blood
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Monday Hunt
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Hairspray Hurricane
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Leather Terror
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5 118 574
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Le Perv





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