Hanzel und Gretyl + guests @Paris Le Glazart 19-10-2015

le Lundi 19 Octobre 2015, Glaz'art

Je me dis que je passe parfois des journées un peu schizophrènes. Ce lundi 19 octobre, j'étais invité à passer la journée au Conseil Économique, Social et Environnemental pour la Conférence Sociale pour l'Emploi, en présence de tout le gratin politique. Costard, discussions feutrées, petits fours, tout ça tout ça. À 18h45, une fois le discours de Manuel Valls terminé, je me faufile rapidement dans la rue pour retourner complètement ma veste, et me préparer à une petite soirée qui promet d'être fort sympathique, à l'autre bout de la capitale. Loin des salons mondains du 16ème arrondissement, le Glaz'art annonce ce soir la venue des papes de l'indus américain provocateur, j'ai nommé Hanzel und Gretyl ! Rares sont les passages en France de ce duo de choc, alors personne n'allait m'empêcher d'y assister.

Syndro-Sys

J'arrive juste un poil en retard, Syndro-Sys est déjà sur scène en train de jouer, mais visiblement pas depuis longtemps. Il semblerait qu'il y ait déjà un certain retard sur le planning. Je ne critique pas, ça m'arrange. Je ne connais pas ce groupe, mais de ce que j'ai pu voir, le quatuor joue un metal indus assez léger, tirant pas mal sur l'électronique ou le gothique, le tout avec un chant féminin clair, vaguement saturé de temps en temps. On est loin d'un produit original mais le résultat a le mérite d'être honnête. Les musiciens sont mobiles, la chanteuse encore plus, elle encourage le public, on voit qu'ils savent y faire. La sauce prend rapidement. Vers le milieu de set, Jessy (la chanteuse donc), convie Max de Herrschaft, probablement sur New Reign, qui y chante de manière très rigide et militaire : effet garanti.

Le set se termine rapidement, puisque peu de temps leur est accordé. Un groupe correct de première partie, mais qui devrait approfondir sa personnalité pour espérer taper plus haut.

Pavillon Rouge

C'est maintenant au tour de Pavillon Rouge, deuxième combo français de metal industriel, mais cette fois avec un penchant assumé pour le black metal. On avait appris quelques jours auparavant que le chanteur du groupe, Kra Cillag, ne pouvait pas participer au concert, et c'est donc Jad qui le remplace, de Division : Cristal, autre groupe de black indus français. C'est personnellement la première fois que je vois ce groupe sur scène, donc il est difficile de comparer avec ce que Kra Cillag aurait fait.

Quoi qu'il en soit on ne pourra reprocher à Jad de s'être investi entièrement dans sa prestation. Celui-ci headbangue comme un taré, se jette dans les pogos, et slam alors qu'il n'y a pas deux mètres trente sous plafond. Le point négatif, c'est qu'il en éclipse totalement les autres membres du groupe, qu'on ne distingue déjà pas très bien du fait d'une faible luminosité, et qui en plus n'attirent pas l'attention. C'est d'ailleurs peut-être mieux, tant la musique de Pavillon Rouge paraît maladroite, dans son manque d'originalité et dans ses faiblesses scéniques. Pire : le chanteur/guitariste Mu Cephei chante totalement faux. Après deux albums, dont un sorti cette année, Pavillon Rouge n'en est pourtant plus à ses débuts, mais la confirmation ne semble pas pour tout de suite, il y a encore beaucoup à travailler. Pour le coup, Jad nous aura plus donné envie de découvrir Division : Cristal, que de revoir Pavillon Rouge.

Herrschaft

Techniquement, Herrschaft qui prend position sur scène, en est au même point que Pavillon Rouge, avec un MCD puis deux albums full-lenght sortis et une dizaine d'années d'existence. Mais le groupe parisien semble jouir d'une bien plus grande popularité, qui commence à dépasser les frontières de la France. Même parmi mes amis j'entends beaucoup de bien d'Herrschaft. Dès les premiers morceaux, Herrschaft aura largement relevé le niveau du début de soirée, par un black metal électronique et industriel particulièrement vivifiant : froid et énergique.

On ressent des ambiances glaçantes très intenses, parfois alternées avec des phases bien plus brutales, au rythmiques lourdes et puissantes. Une véritable réussite du pur point de vue musical. Scéniquement le combo parisien se débrouille aussi très bien, à l'aise avec le public, même si la communication est beaucoup moins présente qu'avec Jad de Pavillon Rouge par exemple. Le screamer Max est bouillonnant, très dynamique, et parfaitement vêtu à la manière indus/gothique allemande. Comme échange de bons procédés, il invite à son tour Jessie de Syndro-Sys à partager le micro, qui d'ailleurs chantait déjà sur plusieurs morceaux du dernier album d'Herrschaft. Pour la deuxième fois de la soirée on peut donc apprécier ce duo très réussi, car rajoutant encore de la variété dans cette musique déjà très riche. En revanche, peut-être qu'encore une fois le groupe tourne trop autour de la personnalité du vocaliste, et que les musiciens se font un peu timides … Max annonce le dernier morceaux la bouteille de Jack Daniel's à la main, le plus simplement du monde, avant d'être arrosé de neige artificielle ! Quand on vous parle d'ambiance glaciale ...

Hanzel Und Gretyl

Il faut maintenant patienter … longtemps … Le retard pris tout à l'heure n'a visiblement pas été rattrapé, puisqu'il est quasiment 23h quand Hanzel und Gretyl débutent leur show. Pour une salle parisienne qui ferme généralement la salle vers 22h30, on a quelques craintes sur le bon déroulement du set des américains. Hanzel und Gretyl, eux, n'en laissent rien voir. Pour ceux qui se le demandent encore, les New Yorkais ne sont plus que deux sur scène, Vas Kallas fidèle à la basse, et Kaize Von Loopy qui ne lâche pas sa guitare. Le chant est évidemment partagé entre eux deux. Quant à la batterie, elle est enregistrée ; il faut croire qu'Hanzel und Gretyl ne sont plus à un sample près. D'un point de vue purement pratique, il faut avouer que ça leur laisse beaucoup plus de place sur la scène pour bouger dans tous les sens, ce qu'ils font allègrement. Dommage par contre qu'ils n'intervertissent jamais leurs places au micro : étant bloqué à gauche par un public compact venu nombreux, je n'ai pu voir que de ''loin'' Vas Kallas.

Hanzel und Gretyl c'est aussi un style à part entière, très travaillé et réfléchi, qui ne laisse rien au hasard. L'ensemble du set est donc logiquement éclairé de lumières rouges très vives, souvent à contre-jour, le tout envahi par une fumée dense. C'est joli visuellement, un casse-tête pour les photos, mais aussi un peu énervant de ne jamais pouvoir distinguer les visages des artistes.

Par contre question ambiance il n'y a rien à reprocher, on se croirait réellement dans les bas-fonds d'une ville allemande, à une époque indéterminée, empruntant à la fois au passé et au futur. Kaizer change plusieurs fois de masque au cours de la soirée, notamment avec une gueule de loup/cyborg, avec laquelle il croque littéralement son micro. Tout une imagerie, qui ne plaît certainement pas à tout le monde, mais qui a le mérite d'être efficace.

La setlist est assez étrangement ordonnée, puisque tous les premiers morceaux sont issus du dernier album en date, Black Forest Metal, puis au fur et à mesure le groupe remonte le temps, album par album. Tout cela jusqu'à un Über Alles, qui est Über représenté (Third Reich from the Sun, Ich Bin Über Alles, Komm Zu Uns …). On remarque au passage que le public, s'il est poliment actif au début du set, se déchaîne complètement sur Number 1 in Deutschland, car issu de l'album 2012 qui fut probablement leur plus gros succès en Europe. C'est aussi personnellement à ce moment-là que je les ai découverts.

Au bout d'une quinzaine de morceaux, je ne me souviens plus à quelle occasion, des spectateurs se retrouvent sur la scène, et c'est partie pour une joyeuse invasion de scène en règles ! Kaizer et Vas Kallas se retrouvent au milieu d'une bonne vingtaine de personnes, dansant, gesticulant, et renversant de la bière. On sent que le groupe ne contrôle pas tout, mais qu'ils s'en foutent complètement. Fukken Über Death Party en quelque sorte. Sauf qu'il est minuit, et c'est malheureusement le moment de terminer la soirée. L'orga de la salle, intime clairement au duo américain qu'il est l'heure de terminer le show, qu'importe si tous les morceaux prévus n'ont pas été joués. C'est le moment que je choisis pour m'éclipser de ce magnifique n'importe quoi.

 

Je ne suis certainement pas le seul à apprécier ce genre de soirée, complètement déconnectée de la journée passée, au vu du public nombreux qui s'est massé dans le Glaz'art ce soir-là. Merci à Dooweet Agency d'organiser de tels événements originaux, et aux groupes dont Hanzel und Gretyl qui est loin d'être mort et enterré.


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