Grofest 2017 - Jour 1

le Vendredi 06 Octobre 2017, L'Ampli

Autant dire que relever le défis de cette invitation à la seconde édition du Grofest revient pour nous à un voyage en terre inconnue. En effet, Pau et ses environs est pour nous une nouveauté. Sans compter que les groupes qui joueront pendant ces deux jours sont également de belles équations. Bien entendu, quelques noms nous parlent dans le lointain, mais au fond, nous attendons de belles découvertes. Le ciel quelque peu nuageux laisse filtrer un soleil et des rayons qui éveillent notre esprit à notre arrivée sur Pau en début de soirée. Ce vendredi soir sera la première salve d'un festival qui comptera très exactement treize groupes. « La route du son » est assez difficile à trouver alors que la nuit a fait son apparition. Mon guide et hôte fait de son mieux pour me guider, mais il nous faudra rencontrer quelques Metalleux errants dans le noir pour nous montrer l'endroit. Un hangar noir dans une nuit sombre n'est pas une évidence pour une première venue. La place est déserte, mais la petite tente de Mersh présente à l'entrée, nous indique que nous pouvons prendre les escaliers vers la double porte de la salle. Nous sommes probablement les derniers à nous présenter devant le guichet, mais après plus de six heures de route, nous sommes heureux de trouver notre nom sur la liste des invités. Le gros son qui filtre après la deuxième porte de ce sas en dit long sur ce qui nous attend. Pas si tôt passé que nous pensons avoir entendu le dernier riff du premier groupe de cette nuit. Nous regrettons d'avoir manqué Hretghir, groupe de Black Metal Alternatif. Rien que le genre dans lequel ils s'illustrent nous rendait curieux de les entendre.

Mais heureusement (il faut toujours voir le bon côté des choses), le bal ne fait que commencer, et tous les groupes qui passeront ce soir et samedi balayeront l'ensemble des genres qui agitent le Metal en général.



Hell In Town

Alors que nous prenons connaissance des lieux, la jungle s'installe sur scène. Aux sons des bruits de la forêt tropicale, une liane verte sur le micro, les tissus installés sur les retours et les grosses bougies à intervalles réguliers plantent le décors. Hell In Town peut faire son entrée pour un voyage au cœur du Southern Metal. L'éclairage vert en contrebas du micro rend le chanteur bassiste plutôt inquiétant. L'attrape rêves derrière le batteur et la lumière noire sur les baffles préparent nos yeux, mais nos oreilles ne seront pas en reste.
Les guitares et la voix sont grasses, et la rythmique saccadée nous fait déjà bouger la tête. Un guitariste porte sur son visage une peinture tribale fluo qui ajoute à la scène. Le deuxième titre nous plonge largement dans un genre lourd à souhait. Les breaks s'enchaînent pour plomber encore plus l'atmosphère. La fumée envahie doucement la scène alors que le morceau s'allonge et nous plonge dans l'univers poisseux des Hell In Town.


Toujours plus lourd, toujours plus loin malgré la guitare criante et la voix rauque. La rythmique des grosses cordes et la guitare nous donnent une lueur d'espoir. Même la double grosse caisse s'y met pour donner un peu plus d'attaque par moment. C'est une nouvelle espèce de profondeur qui filtre à travers cette épaisse verdure. Puis, un peu de rouge éclaire le fond de la scène et l'attrape rêve révèle un pentacle retourné. C'est le moment que choisit la guitare solo pour enfin se faire entendre et percer cette saturation massive.
Sur des sons torturés, le premier petit mot du chanteur nous invite à nous jeter dans la boue avec eux, alors que la caisse claire démarre une rythmique plus rapide au demeurant.
Le vert trône au centre et le rouge derrière les guitaristes couronnent un titre qui accélère la course avec un solo qui se fait plus aérien au son de la Wawa. Plus court, plus intense, voilà un titre qui sort du lot et qui fait du bien par où ça passe (même pour des amateurs de Sludge).


Le dernier titre ne dépareille pas, les paroles comme la rythmique restent hachées comme sur l'ensemble du set. Une fin de show aux guitares solo et riff plus Thrash nous font dire que nous aurons grand plaisir à revoir ces quatre Bordelais. Le clip de « Wilder » doit sortir très prochainement, et un deuxième album arrivera en ville début 2018.

Set List : The Fire Out Of It – Wilder – Feed The Beast – Into The Dawn – Back In The Mud - Bones

Yurakane

Le niveau sonore vient de faire un bon et les bouchons sont de rigueur. On sent de la revendication et de la haine dans la voix core du chanteur et son doigt levé est là pour appuyer la chose. Penché sur la lumière au centre de la scène, ses cris sont poussés par la double grosse caisse et la basse écrasante. Bousculant pieds et cymbales la folie a déjà pris possession du chanteur à la chemise blanche. Invectivant le public après chaque titre, et même en milieu, il ne tarit pas d'énergie à ce petit jeu. Avec le troisième titre, c'est un premier pogo en règle qui prend forme sur une introduction qui bouscule les fans amassés devant la scène. Le batteur, seul véritable cheveux longs du groupe, agite sa toison au rythme de ses bras fracassant les cymbales. Planté sur le retour au centre de la scène le bassiste envoie grave avec sa cinq cordes.

Le guitariste a du mal à faire la contre voix tellement le chanteur pousse loin les hurlements. Le titre suivant impose à la salle un headbang sur une rythmique accrocheuse. Un titre qui fait taper des mains le public avant un solo aussi bref que bien placé. Avec un chanteur qui en demande encore, nous ne sommes pas certain que le Grofest soit plus chaud que lui seul sur scène.
Les stroboscopes ajoutent à la folie qui s'agite sur scène et devant par la même occasion. « Faites du bruit pour chaque membre du groupe et pour l'orga !» ; les bras et les cornes se lèvent à la demande de Lokx, le chanteur, content de voir que dans le fond, sa petite fille répond à son appel.
En rang d'oignon les gratteux attaquent vraiment fort sur cet avant dernier titre. Puis le dernier finit de convaincre les irréductibles du bruit que peut faire le hardcore de Yurakane. Les fans devant la scène quant à eux hurlent à tue-tête alors que le chanteur se penche vers eux la mèche folle devant son visage trempé de la sueur du Metal.


La fin du show voit guitaristes et chanteur se tordre en deux au son d'une rythmique saccadée et de cris déments. Autant dire que ce soir il y avait de nombreux fans et furieux dans la salle aux vues du bruit fait en fin de set. Après « The Awakening », datant de fin 2012, le groupe est en pleine écriture du deuxième album pour le plus grand plaisir des Metalleux de Pau dont ils sont originaires.

Set List : Intro/Trouble – From My Blood – Volition – More Dead Than Alive – We Don't Need – Eyes Of The Crow – Living In Sin – Destruction Granny

Kadinja

Nappe de fumée et de lumière bleutée, l'intro ouvre sur un groupe de dos. La première guitare claire s'oppose au groupe précèdent. Autant dire que le mur du son à changé de couleur. Dès la première montée de « Shades », les musiciens assurent un rythme et une technicité qui bouscule et force le respect. Bassiste et guitaristes se courbent déjà pour accompagner des notes précises et puissantes.
Puis, entre les titres, c'est une étonnante gentillesse dans la voix de Philippe, chanteur qui, pendant les titres, oscille entre clair et force dans le chant avec une facilité déconcertante.


Le set est, dès le deuxième titre, dominé par leur dernier album sorti en février 2017. Les deux guitaristes aussi technique l'un que l'autre y sortent chacun leur tour des notes renversantes. Couronnés par des spots blanc, ils sont impeccables et implacables, à droite et gauche d'une scène noyée par un accord parfait de quatre musiciens.
Enveloppé par la fumée, l'introduction du morceau suivant est impressionnante de précision et d'intensité. Un titre donnant de la finesse déboulant sur une rythmique puissante et un solo droite gauche qui nous plongent dans un pur univers de Metal Progressif intense. Le final de ce morceau voit trois musiciens monter et descendre les cordes ensemble pour le plaisir des puristes. La précision des frappes sur la grosse caisse est étonnante. Morgan, que l'on a eu l'occasion de voir avec Klone ou Myrath, est redoutable derrière Kadinja. Les solos sur les sept cordes se succèdent et sont aussi court qu'étonnants. Une fin de show ou nos yeux en prennent autant que nos oreilles face aux rampes de spots flash.


Le titre suivant va nous plaquer, avec un guitariste qui, yeux fermés, semble transpercé par les coups de grosse caisse et les notes de basse frappantes. Avant d'attaquer le dernier morceau, les remerciements, à une salle pleine, sont très chaleureux. Après une intro plutôt guillerette, on doit avouer que « Dominique » nous a perdu avec un cœur de titre au Djent plus qu'assumé. Heureusement le final fera applaudir un public conquis. Cette humilité sur scène est réjouissante, et pourtant quelle technique. Le groupe est en pleine organisation d'une tournée en Chine pour début 2018 et travaille également sur leur prochain album.
 

Set List : Shades – Episteme – 'Til The Ground Disappears – A Novembre Day – GLHF - Dominique

Smash Hit Combo

Nous assistons à un gros changement de matériel sur scène et des réglages intenses pour la venue de la tête d'affiche de ce soir.
Le volume promet de monter d'un cran. La batterie claque et les deux huit cordes agressent déjà le fond de notre boîte crânienne. Quand le flow déboule, que la basse et la caisse claire frappe c'est parti... ou pas ! Quelle mise en place, nous qui aurions pu croire que c'était le début du set, alors que nous assistions juste à la balance.
Minuit approche pour le groupe qui aligne déjà bon nombre d'albums depuis 2005. Le dernier sortit cette année, L33T fait la joie des fans depuis fin mai. Après avoir joué au Download Festival Paris, ils sont de retour d'une tournée au Québec. Avec déjà quelques dates au mois de septembre, Smash Hit Combo reprend la route pour passer devant nous ce soir.
Les petits sons du combo se bousculent avant l'introduction qui gronde sur une scène éclatante d'un bleu éclairant une batterie esseulée.
Placage en règle pour débuter avec deux chanteurs qui sautillent et lancent le double flow.


Alors que sur scène est jeté « est-ce que les hardcore gamers sont là ce soir ? », c'est cinq musiciens sautant sur un refrain qui joue dans la cour des grands. Un titre où les couplets claquent pour ne pas être Game Over.
Entre nouvel album et anciennes chansons, lorsque déboule sur scène les grosses voitures ce sont les voix qui prennent de la vitesse. Sans compter les deux guitares qui tournent comme la chaîne de la double grosse caisse.
Quand la gloire et le pouvoir vient frapper les planches, ce sont les Jump qui agitent toujours plus un public qui se laisse prend au jeu. Pris par le rythme ou secouer par les saccades, c'est entre Headbang et Slam que bouge une salle 2.0.
La fin de « Toujours Plus » a foutu un sacré bordel. C'est un public qui se sépare en deux, un bassiste qui vient longer le mur, taper la main et lancer un Wall of Death pour les plus guerriers de l'arène.
Sur des titres toujours plus court que rapides, avec la main sur le cœur on croirait que le chanteur ressent les vibrations de la basse.
Puis ça Slam et ça Jump sur culture japonaise : « convertissons les irréductibles à grand coup de Super Saiyen ! ». Une musique qui met tout le monde à terre pour mieux sauter et faire un bruit à tout casser.


Tout est passé trop vite et oh surprise ! La scène se vide ? Déjà le rappel ? Mais personne ne le fait ? Puis c'est un retour éclair : « On s'en fait une dernière ? » sur le retour de la rythmique grave et saccadée aux deux voix Slamées et criées. « Est-ce qui il a des gens qui connaissaient No Life ? Cette dernière est pour vous ». L'Animal Nocturne qui dérange déferle sur nous comme ce hardcore Hostile. Guitares et voix roulent et nous écrasent à grand renfort de double. Quand les notes perçantes de la guitare aiguë nous accrochent, impossible de rester normal. Trop fort, trop vite ce set de moins d'une heure paraît court pour un groupe qui prend la tête de l'affiche avec tant de choses à dire. Mais décidé à faire la fête alors qu'un titre qui bump nappe le fond de la scène, un chanteur bouge sa barbe, ses mains avec un bassiste vient le rejoindre. Douze heures de route pour venir danser et boire ; pourquoi pas. Même si dans le monde du geek tout doit aller vite, attention de ne pas gâcher le plaisir de votre public et des potentiels fans que nous pourrions devenir. Convaincu par ce jeu, ce Rapcore, Nu Metal et Deathcore made in France jouera dès le lendemain au Paloma à Nîmes aux côtés de Dagoba, avant d'enchaîner huit dates en France et en Belgique.

Set List : RPG – Hardcore Gamer – 2.0 – Toujours Plus – Die And Retry – Baka – In Game – Animal Nocturne – Hostile !

 

Crédit Photos : L'Atelier d'Hervé


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