Le Ferrailleur - Hypno5e + Abysse

le Samedi 31 Mars 2012, Le Ferrailleur



Hypno5e

La journée fut ensoleillée et chaude mais il semblait que l’environnement tenait à se refroidir et se faire moins accueillant avec la venue des montpelliérains d’Hypno5e ce samedi soir au rendez-vous des metalleux nantais ; j’ai bien sûr nommé le (presque) mythique Ferrailleur.

Une bonne heure et demie de retard vis-à-vis de l’inscription (si utopique que personne n’avait pris la peine de venir réellement pour le concert à 20h) et voilà Abysse, la première partie nantaise et connue du public, qui prend d’assaut la scène de la salle.

Déjà vu en ouverture de Hacride voilà plus de deux ans, la première chose qui frappe est l’évolution technique des guitaristes, bien plus en verve, précis et affutés que précédemment. Relativement à l’aise sur scène, sans particulièrement être charismatiques, les quatre musiciens n’auront été partiellement visibles qu’au bout d’une vingtaine de minutes tant ils auront usé et abusé de ces magnifiques machines à fumée (rendant, dans le même temps, totalement inutilisables et floues les photos prises ce soir-là).

Musicalement, le quatuor évolue toujours dans un monde post-hardcore instrumental, plus rapide que par le passé, ponctué de multiples soli et se parant de passages plus lents et lourds.
Mettant majoritairement en avant son premier opus full-lenght, Abysse, à mon
goût, se perd aujourd’hui dans les abymes (pour ne pas utiliser leur patronyme,
on a déjà dû leur faire, ahah) d’un post hardcore de troisième zone, sans
éléments distinctifs les caractérisant indépendamment, ni personnalité propre.
La musique du groupe se veut particulièrement poussive sur la longueur (passé
le premier quart d’heure en fait), et énormément prévisible, les plans
s’enchainant sans surprises, sans émotions…comme si nous connaissions déjà à l’avance des morceaux que nous (je) écoutons pourtant pour la première fois. Et la bonne humeur (étonnant pour ce genre ?) visible des musiciens,
l’entrain de certains membres du public présent (presque 200 personnes à vue de nez, et un peu plus plein lors du concert de la tête d’affiche) et la bonne
technique distillée par le groupe n’effacera pas cette sensation d’incomplet,
de vide et de manque. L’absence de chant dans la musique du groupe n’est
également pas le meilleur des choix, cela conférant à l’aspect générique
ressortant de ce concert de quarante bonnes minutes, sans discussions ni
échanges avec la salle.

                       
 
Hypno5e déboule sur scène après un changement de backline relativement long, et une absence de scénographie un poil décevante quand l’on sait (l’interview arrive bientôt) que les montpelliérains utiliseront bientôt la vidéo et le spectacle pour mettre en scène leurs shows.

Néanmoins, ils arrivent sur scène en maitre, et installent directement une énorme ambiance dans la salle.
Ils se savent attendus et en profitent en maximum pour faire exploser une
audience encore un peu froide, mais qui va rapidement se chauffer à blanc. Le
son est impeccable, quoique un peu fort (une constante de plus en plus répandue dans les concerts), la basse est audible et Cédric « Gredin » (la réincarnation de Bixente Lizarazu avec les cheveux roses, c’est magique !)
se pare d’une sublime basse six-cordes qui fait son effet sur scène (qu’il
utilise en dévoilant son magnifique touché) et Emmanuel Jessua, impressionnant de stoïcisme, maitrise de main de maitre le front de l’attaque.

 
Effectivement, des plus carrés, presque froids parfois, le groupe enchaine les longues compositions progressives, techniques et aux multiples ambiances sans jamais marquer le moindre signe de relâchement. S’ouvrant sur une introduction symphonique rageuse et digne d’un péplum (Caligula), le groupe entame « Acid Mist Tomorrow » pour dix premières minutes de pur bonheur. Si le chant d’Emmanuel aura connu quelques soucis les premiers instants (simplement inaudible), l’ingé son rattrapa rapidement le coup pour faire profiter le Ferrailleur de sa voix à fleur de peau, que ce soit sur les nombreux passages acoustiques, ou sur les parties rageuses, où le natif du sud se déchaine littéralement. Sans coupure, le groupe enchaine rapidement avec Maintained Relevance Of Destruction, accueilli avec ferveur de la part du public. Les mélodies sont poignantes, les passages narratifs hérités de la littérature sont connus par l’ensemble du public et un pit commence à se former doucement mais surement devant la scène. Emmanuel et Jérémie sont affolants à la guitare, et jouent leur soli à tour de rôle de façon très décontractée, dans un naturel confondant. Il faudra noter également la technique inhabituelle d’Emmanuel, grattant plus souvent ses sept cordes avec les doigts qu’un mediator, jouant de sa guitare électrique comme on joue traditionnellement d’une gratte acoustique…saisissant.

« Story of the Eye » du nouvel album suivra, avant la magistrale suite « Gehenne », jouée dans son intégralité (les trois parties pour presque un quart d’heure). Entre l’introduction acoustique, latente et magique, chantée en espagnole, le riff de départ de la seconde partie, incroyablement brutal accompagné de son blast en live, et les passages purement taillés pour headbanger, Hypno5e nous réservait là l’un des grands moments de son set. Une véritable montagne russe émotionnelle où nous n’aurons pas manqué de nous déchainé et de nous détruire les cervicales pour accompagner des montpelliérains surs de leur force et d’une grande prestance, sans fioritures ni extravagance (ils ne sont d’ailleurs pas sans faire penser à Gojira sur ce point).

 
Les morceaux se seront enchainés sur plus d’une heure, sur un final apocalyptique et violent, partant dans tous les sens où Emmanuel se sera permis un petit bain de foule en sautant dans l’assistance avec sa guitare pour terminer le titre à genoux. Le temps d’un rappel, le groupe jouera « Naked Lunch » (en entier aussi, pour 13 minutes) avant de quitter la scène nantaise dans une grande ovation de la part du public présent.

Impérial, fier mais pourtant très accessible en dehors du concert, Hypno5e aura marqué encore un peu plus de points ce soir, s’imposant aussi grand sur scène qu’il ne l’est en studio, et dans des conditions encore loin d’être optimales (les dates australiennes risquent d’être plus grandioses).

Sans contexte révélation française de ce début d’année, Hypno5e s’impose aussi en live avec un grand professionnalisme, et un respect de son public véritable, même si l’on pourrait regretter cette (relative) froideur, ou plutôt distance avec un public envers lequel le groupe aura finalement peu parlé (peut-être préfèrent-ils justement discuter avec les gens après le show).

Néanmoins, pour finir avec un adage populaire, une fois n’est pas coutume, les absents, ce soir, avaient vraiment tort…


                             
ps : comme expliqué plus haut, les trop grosses quantités de fumée utilisées ont véritablement rendu impossible la prise de photos viables, l'éclairage et la fumée rendant l'ensemble complètement flou.
C'est pour cela qu'il n'y a pas de clichés ici.


 
 


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Le Ferrailleur

photo de Le FerrailleurNantes, Pays-de-la-Loire, France
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Metal Expérimental - France
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