Omnium Gatherum (FIN)
Ensiferum qui débarque au Bataclan, avec dans ses bagages Insomnium et Omnium Gatherum : vous en perdez votre latin ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas les seuls. Grande fut ma surprise à l'annonce des deux groupes en soutien d'Ensiferum sur leur tournée ; avoir des premières parties aussi importantes est vraiment peu courant ! On pourra objecter qu'il y a une différence flagrante de style entre la tête d'affiche et ses deux soutiens, mais personnellement cela ne me dérange pas, j'apprécie qu'on ne me serve pas la même chose durant toute la soirée. Cette tournée est donc l'occasion pour Ensiferum et Insomnium de présenter au public leur dernier album, sorti il y a moins d'un an pour chacun, même si Insomnium était déjà passé en novembre dernier, dans une plus petite salle. En ce qui concerne le petit dernier One Man Army d'Ensiferum, il n'avait pas reçu un accueil chaleureux sur votre site préféré, et n'avait pas non plus remporté l'adhésion de votre serviteur, fan invétéré de Victory Songs et From Afar. Pour autant, ce dernier a la réputation de toujours bien assurer ses concerts, même lorsque les compositions sont moins bonnes. J'espère donc qu'ils sauront donner un meilleur souffle aux nouveaux morceaux en live.Les concerts parisiens ont la fâcheuse habitude de commencer très tôt, et c'est à 18h qu'est prévue l'ouverture des portes. J'ai une pensée émue pour tous ceux qui travaillent, et sont obligés de manquer les premières parties. Une autre pensée émue pour mon prof de sociologie qui n'aura pas vu ma tête ce jour-là – je ne voulais manquer un groupe sous aucun prétexte. Arrivé dans le quartier du Bataclan je vois une immense file, et je rejoins rapidement le sympathique Matthias, dit Dökkalfar, collègue du webzine Psychopathia Melomania. On prépare rapidement les appareils photos, pour se rendre à l'entrée du pit photo, le premier groupe commençant à 18h20, avec une salle bien évidemment très peu remplie, vue l'heure.
Omnium Gatherum
Ce premier groupe était pour moi l'inconnue du concert, ne l'ayant écouté que rapidement quelques jours avant pour me mettre au parfum. J'en avais retenu un Death mélo sympathique, mais qui ne m'avais pas accroché plus que ça, qui ressemble à ce que font un nombre incalculable de groupes actuellement. Et bien il va falloir que je m'y remette, et plus vite que ça, vu la prestation donnée il y a maintenant deux jours. Les finlandais nous ont chauffé le Bataclan en un temps records, performance d'autant plus surprenante que le public en majorité n'était pas venu pour eux, et que leur musique n'est pas spécialement conçue pour soulever les foules. En effet, Omnium Gatherum n'est pas un groupe qui mise tout sur la prestation scénique, mais qui joue sa musique, et laisse agir. Et ça marche. Le groupe n'est pas du genre à courir dans tous les sens, mais il y a du mouvement, notamment de la part du chanteur Jukka Pelkonen (qui passe son temps à faire le signe des cornes en tirant la langue) et du guitariste Markus Vanhala (qui devrait s'économiser, vu qu'il fait une double prestation). Les autres musiciens sont assez statiques, mais ça fait aussi partie du spectacle : Omnium Gatherum ne joue pas sur l'exubérance. La setlist est axée uniquement sur les deux derniers albums, ce qui n'est pas dérangeant en soit, vu que ce sont en général de bons morceaux, et de toute façon avec un set de moins de trois-quart d'heure difficile de faire différemment. Je crois que c'est The Sonic Sign, judicieusement placée en milieu de setlist, qui aura définitivement achevé de mettre le public dans ce bonnes conditions, avec ses mélodies entraînantes et épiques, étrangement assez proches du style d'Insomnium ! Cerise sur le gâteau, ils auront bénéficié d'un son tout-à-fait correct. Et à propos de gâteau, une fois le set terminé, le chanteur Jukka se voit remettre un gâteau avec des bougies, puisqu'il fêtait ce soir-là son trente-cinquième anniversaire. Santé !
Setlist :
1. Luoto
2. New Dynamic
3. Soul Journeys
4. The Sonic Sign
5. The Unknowing
6. New World Shadows
7. Everfields
Insomnium
Une vingtaine de minutes après, Markus Vanhala est de retour, mais cette fois avec Insomnium, vu qu'il en fait aussi partie depuis 2011. Pas de Aleksi Munter cette fois-ci, c'est lui qui d'habitude s'occupe des claviers sur scène. Pas de Ville Friman non plus, mais il est remplacé par un obscur inconnu, nommé Kari Olli, qui n'a joué que dans des petits groupes locaux. Le défi était grand pour lui, vu qu'il devait remplacer un talentueux guitariste, et en même temps s'occuper du chant clair. Je dois dire que j'ai été fortement impressionné par le bonhomme, qui en plus de bien se débrouiller à la guitare, chante vraiment bien, tout en douceur et mélancolie comme il sied à Insomnium. Un remplaçant de grand luxe. D'une manière général, j'ai été soufflé par la prestation des finlandais, qui, comme leurs prédécesseurs, jouent avant tout sur l'ambiance dégagée et sur les atmosphères. Pour le coup c'est réussi : lorsque j'étais dans le pit, je devais me forcer à prendre des photos, car j'étais trop absorbé par le jeu de guitare de Markus !On peut reprocher au groupe un certain statisme, mais de toute façon Kari et Niilo ne peuvent pas beaucoup s'éloigner de leur pied de micro, et Markus doit commencer à fatiguer. En fait, on s'en fout. En plus les finlandais auront cherché à faire plaisir à tout le monde, tous les albums étant représentés, excepté In the Halls of Awaiting. Le petit nouveau, Shadows of the Dying Sun est bien représenté logiquement, avec quatre (excellentes) chansons, dont While We Sleep, Black Heart Rebellion, et Ephemeral, appelés à devenir des classiques du groupe. Là aussi le son était bon, retranscrivant fidèlement tous les instruments et toutes les délicates mélodies. Je suis ravi qu'on leur ait laissé autant de temps pour s'exprimer, il est rare qu'une première partie puisse rester une heure entière !
Je précise que j'aurais normalement dû rencontrer Insomnium en interview avant le concert, mais ça ne s'est pas fait pour cause de malentendu avec l'organisation. Je me suis rattrapé en allant à la rencontre de Niilo à la fin de la soirée, et repartant avec un CD signé.
Setlist :
1. The Killjoy
2. While We Sleep
3. Every Hour Wounds
4. Daughter of the Moon
5. Black Heart Rebellion
6. Where the Last Wave Broke
7. The Promethean Song
8. Drawn to Black
9. Ephemeral
10. Weighed Down With Sorrow
Ensiferum
Après un changement de plateau assez rapide, voici nos fiers guerriers du Nord, peinturlurés, qui débarquent, avec un large sourire aux lèvres, pour finir d'embraser une bonne fois pour toute ce Bataclan. On remarque l'aisance avec laquelle les musiciens se positionnent devant leurs micros, signe d'une grande cohésion, mais aussi d'un show très rodé. Car si un concert d'Ensiferum est impressionnant, l'impression que tout est préparé dans les moindres détails est tenace.Ne gâchons pas tout de suite notre plaisir pour autant : il faut bien avouer que pour nous en mettre plein la vue, les finlandais savent y faire. Petri, Sami et Markus adoptent une gestuelle très dynamique, voire ostentatoire (les tirages de langue permanent de Markus), qui à coup sûr chauffe le public par répercussion. L'accordéoniste remplaçante, Netta Skog (ex-Turisas) contribue aussi à cette atmosphère chaleureuse, s'éloignant souvent de son emplacement prédéfini pour squatter le devant de la scène, et arborer un grand sourire. Le très bon son ne peux pas non plus stopper l'enthousiasme du public, qui était très certainement déjà convaincu avant de venir.
Petri ne communique pas énormément avec le public, souvent simplement pour annoncer les titres des chansons, en prenant une voix rocailleuse peu naturelle et parfois ridicule. Mais bon, c'est Ensiferum, ce sont des vikings, donc ils doivent faire peur avec des voix rocailleuses. Et enfin, la très bonne surprise de ce concert (et très probablement du reste de la tournée) c'est la setlist, assez longue, suffisamment riche pour satisfaire tout le monde. On aura eu un bon tour d'horizon de la carrière d'Ensiferum ce soir-là. On a eu les classiques Little Dreamer, Iron, Victory Song mais encore Smoking Ruins et Token of Time finalement peu joués sur scène, et puis tous les nouveaux morceaux issus de One Man Army. Ces nouveaux morceaux en live dénotent énormément par rapport aux précédents, et on se rend bien compte du manque de richesse du millésime Ensiferum 2015. Cette tournée est aussi l'occasion de quelques expériences, notamment une reprise de Breaking the Law, qui en soit n'est pas nouvelle, mais où tous les musiciens changent d'instruments, et Netta au chant. L'ovni Two of Spades et ses relents disco font un tabac chez le public parisien, qui en redemande. Pour le coup on a eu droit à quatre morceaux après les rappels !
Ensiferum est un groupe qui sait comment faire plaisir à ses fans et à son public, et qui le fait bien. Le seul souci, c'est que tout est tellement huilé qu'il n'y a finalement aucune improvisation, et donc peu d'originalité. D'un autre côté j'ai donc préféré Insomnium et Omnium Gatherum, qui paraissaient beaucoup plus sincères, même si j'admets volontiers qu'un show comme celui d'Ensiferum fait toujours plaisir à voir.
Petite note enfin sur le service de sécurité de la soirée, qui me semblait particulièrement zélé. Les slammeurs avaient à peine le temps de se lever qu'ils étaient immédiatement attrapés par des cerbères, qui eux-mêmes ne laissaient pas beaucoup de place dans le pit photo. Quand à leurs acolytes, ils étaient chargés de repérer tout appareil photo et caméra, pour ensuite fendre la foule et récupérer le dangereux objet, tout en sermonnant l'imprudent qui avait osé tenter d'avoir une image lointaine et floue de son groupe favori.
Merci à Mataï et à Valérie pour l'accréditation, et un salut aux camarades Mattias et Thibaud.
Setlist :
1. March of War
2. Axe of Judgement
3. Heathen Horde
4. Into Battle
5. Little Dreamer (Väinämöinen, Part II)
6. Warrior Without a War
7. Ahti
8. Smoking Ruins
9. Two of Spades
10. Unsung Heroes
11. Burning Leaves
12. One Man Army
13. Victory Song
Encores
14. Breaking the Law (Judas Priest cover)
15. From Afar
16. Token of Time
17. Iron
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