Cinderella

le Samedi 25 Juin 2011, O2 Shepherd's Bush Empire



Cinderella (USA)

Cinderella, 25 Juin 2011, O2 Shepherd's Bush Empire, London

Malgré une carrière en dents de scie caractérisée par seulement 4 albums en 25 ans, Tom Keifer reste une légende du Hair Metal - Hair Metal bien que Cinderella se soit écarté dès son second album des clichés Glam pour proposer un Hard Rock subtil teinté de Blues.

Un quart de siècle s’est écoulé depuis la sortie de "Night Songs", et c’est cet anniversaire qui a cette fois été pris pour excuse afin de monter une énième tournée durant laquelle seront joués ce que les fans veulent entendre, à savoir les morceaux des trois premiers albums. On pourra évidemment critiquer la démarche des groupes qui vivent sur leur passé, voire dans le passé, mais le nostalgique des 80's que je suis ne pouvait que se réjouir de pouvoir enfin assister à un concert du mythe Cinderella...

Les promoteurs français ne jugeant pas suffisamment importante la popularité de Rush ou de Def Leppard pour engager des fonds (on rêve quand même), il était évident qu’il faudrait se déplacer pour participer au bal de la belle Cendrillon. Coup de chance, le concert londonien tombe un samedi soir. Une petite heure d’avion et c’est parti pour un pur week end.

Après la tournée habituelle des disquaires de Notting Hill, Soho et Camden, je me rends donc à l'O2 Empire, située dans Shepherd’s Bush, quartier populaire et sympathique, comparable au 18ème arrondissement parisien. Je croise en chemin des clones de Nikki Sixx et des filles tous décolletés dehors, célébrant les heures de gloire du Glam, mitaines, bras gantés de résille, spandex fluos, mini jupes : la soirée s'annonce bien. Effectivement, une petite heure plus tard, 2000 glamsters tatoués et maquillés à la truelle ont pris possession du trottoir. La salle est pleine à craquer.

Grosse déception lorsque je m'aperçois que les places achetées sur Internet ne me donnent pas droit à l'entrée en fosse mais à des places assises au balcon du premier étage (il y a 3 étages dans cette superbe salle datant du début du siècle et similaire en bien des points au Bataclan). Après une tentative de corruption avortée par un vigile honnête, nous resterons à l'étage, bien placés en face de la scène... Qu'à cela ne tienne, les anglais sont plus Rock que les français et personne n'osera se rasseoir lorsque Cinderella foulera la scène, contrairement au Zénith le surlendemain où je m'embrouillerai avec des abrutis qui voulaient voir Toto le cul assis sur leur fauteuil. Cocorico.

Les londoniens de Voodoo Six jouent à domicile pour ouvrir les hostilités, et s'en sortent plutôt bien, pratiquant un bon Hard Rock relativement classique me rappelant l'excellent album de Jake E. Lee avec Badlands, "Voodoo Highway". Peut-être pas une coïncidence d'ailleurs. Le chanteur a des intonations évoquant Jorn Lande, et nous offre une belle prestation, aidée par des guitares accordées très bas, lui permettant de monter sans se trouver en difficulté trop vite. Les autres musiciens sont bons, mais manquent peut-être de charisme sur scène pour permettre aux morceaux de vraiment décoller. Un bon moment en tous cas, et un groupe à suivre, déjà populaire au sein de la scène londonienne.

La suite est moins glorieuse et ferait revoir à n'importe quel mélomane sa position sur les accords de Schengen. Comment les mecs de Houston ont-ils été autorisés à quitter la Suède pour jouer dans des capitales ? Cela restera une énigme pour tous ceux ayant assisté à cette prestation déplorable, au cours de laquelle j'ai failli m'endormir au sens littéral du terme, ayant quelques heures de sommeil à rattraper de la nuit précédente... Un comble. Le show démarre pourtant de façon assez marrante : le lead singer, clone physique de Vince Neil -mais chantant encore plus mal- déboule sur scène en sautillant dans un petit peignoir blanc qui lui arrive au ras des roubignolles... Pourquoi pas... Mais on comprend vite que les cinq gugusses déguisés se croient déjà arrivés au sommet de la gloire, multipliant des poses insupportables qui feraient passer Yngwie Malmsteen pour un étudiant timide et modeste. Ces actes de bravoure - environ 5 guitar-throws derrière le dos par morceau sans compter les levées de jambe Moulin Rouge - auraient peut-être été plus digestes si les gamins suédois ne gesticulaient pas sur un fond sonore insipide, un espèce de Hard FM désastreux à en pleurer. Cerise sur le gâteau cramé, le plus mauvais musicien du groupe, le batteur, à peine capable de taper un rythme binaire correctement, a malheureusement engagé un roadie aussi doué que lui, et le charleston se casse donc la gueule toutes les 2 minutes, faisant courir ledit roadie pour le remettre en place à chaque fois, ce qui a au moins l'effet de me sortir de ma torpeur. Fatigué et ridicule, il finira par abandonner le combat contre le matériel défectueux, et Houston terminera son set sans charleston. Du grand n'importe quoi.

C'est enfin le moment que nous attendons tous. Cinderella putain. Sourires aux lèvres et gorge au taquet, nous regardons Tom Keifer, Eric Brittingham, Jeff LaBar et Fred Coury rentrer sur scène en attaquant le punchy "Once Around the Ride", qui sera immédiatement suivi d'un "Shake Me" qui met tout le monde d'accord. La fosse est pleine à craquer et on sent déjà cette communion des grands soirs monter en nous. J'ai envie de sauter de ce putain de balcon. Derrière moi, tous les british sont debout sur les sièges, pinte à la main, et généralement 2 ou 3 de réserve sous les sièges. Quel beau pays.

Curieusement, les gars ont décidé de faire retomber la pression dès le 3ème morceau, en nous calant un très beau "Heartbreak Station" seulement 10 minutes après le début du set, l'occasion pour Fred d'avancer sur le devant de la scène pour assurer l'harmonie vocale, avant de repasser derrière son kit.

C'est reparti pour un violent "Somebody Save Me", sur laquelle toute la salle se démonte les cervicales. Le pari est gagné d'avance pour le groupe, pourtant encore à l'échauffement, notamment au niveau de la voix : on sent que Tom ne pousse pas encore, bien qu'il assure comme une bête. Ses problèmes de santé - Tom a été opéré à de nombreuses reprises de ses cordes vocales ces dernières années - l'obligent certainement à ménager sa voix, ce qui expliquerait cette ballade prématurée. Je suis d'ailleurs frappé par son visage exsangue, ce côté blafard - ressortant encore plus avec ses fringues noires - n'étant certainement pas entièrement dû au fond de teint.

Le show va vraiment démarrer et exploser au morceau suivant : Tom revient sur scène avec une Les Paul Flame 1959 et un gibus, petit clin d'œil à un autre grand Monsieur du circuit, et nous balance à la gueule un assourdissant "Night Songs" d'anthologie, qui, s'il était besoin, justifierait à lui seul le déplacement. Énorme. Sur tous les titres suivants, Tom va se lâcher et tout nous donner, alternant les morceaux Rock avec les chansons mi-pop dont Cinderella a le secret, comme "Coming Home " ou "Gypsy Road" et que personnellement j'adore pour leur côté "Kiss old school" [Je ne me l'explique pas vraiment mais j'aurais bien vu Peter Criss interpréter ces deux titres] La séquence émotion - sans ironie aucune - le doublé "Don't Know What You Got (Till It's Gone)" couplé à "Nobody's Fool" va tenir toutes ses promesses : Keifer, habité, met tout le monde à genoux avec ces deux ballades sublimes.

Si Jeff et Eric, franchement bons et loin d'être statiques, ne font pas le poids sur scène face au charisme du quinquagénaire Keifer, Fred Coury, bien en vue sur une estrade, se sera fait remarquer tout le show durant avec un jeu de batterie particulièrement puissant, une façon tout à fait personnelle d'attaquer ses cymbales et sa ride, et un côté visuel qui a magnifié cet excellent concert. Bref, un vrai batteur de Hard US. On comprend mieux en le voyant pourquoi les Guns l'avaient choisi pour remplacer Steven Adler blessé en 1988.

C'est déjà l'heure du rappel, et Cinderella va nous assommer avec une terrible interprétation du blues "Long Cold Winter", suivi d'un "Shelter Me" poignant, durant lequel Tom se tient le dos lorsqu'il pousse sa voix - heureusement c'est la fin-, avant de nous gratifier d'un solo de saxo vivifiant.

Un gig vraiment émouvant donc, même si le groupe a certainement connu une meilleure forme physique durant ses grandes années. Le concert a dû durer 1h20, peut-être 1h30, et on en reprendrait bien, mais on sent un Tom fragile qui se ménage, et qui veut par dessus tout être là, sur scène. Et si on est certain de quelque chose à la fin de ce show, c'est bien que ces gars, ensemble depuis 1986, ne sont pas là pour cachetonner mais pour la Musique. Tout comme nous. Respect. Et pur sentiment de bonheur d'avoir assisté à cette soirée.

La nuit est jeune. A la sortie de l'O2 Empire, nous rentrons dans le premier pub jouxtant la salle. Nous entendons en commandant nos Guinness une série de notes caractéristiques : un groupe local est en train de faire une reprise béton de "Sweet Child O' Mine", le guitariste se payant le luxe de sortir le solo note pour note, et avec un sacré feeling, sa gratte derrière la tête à la Hendrix. Pour couronner le tout, une trentaine de nanas, ivres et peu couvertes, reprennent en chœur le refrain en se trémoussant sur le dancefloor. J'hallucine. C'est clair, nous sommes à Londres, ville paradisiaque où l'herbe est verte et les filles sublimes... Nous resterons jusqu'au bout de leur set pour reprendre en chœur "Under The Bridge" et autres "Don't Look Back In Anger", superbement interprétés, avant de reprendre le dernier métro, programmé bien tôt, à 00h30, peut-être une des seules chose qu'on peut reprocher à Big Smoke.

Setlist :
1. Once Around the Ride
2. Shake Me
3. Heartbreak Station
4. Somebody Save Me
5. Night Songs
6. The More Things Change
7. Coming Home
8. Second Wind
9. Don't Know What You Got (Till It's Gone)
10. Nobody's Fool
11. Gypsy Road

Rappel :
12. Long Cold Winter
13. Shelter Me


15 Commentaires

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rambo53 - 14 Août 2011: En effet on a vraiment l'impression d'être avec les filles et toi aux concert aspergé de bières...
Il faudrait que je réécoute mon album de Cinderella car jusqu'ici je n'ai point trop accroché, qui sait peut être celle là sera la bonne...
MrDamage57 - 15 Août 2011: J'ai découvert Cinderella grâce à Arthron. J'aurais aimé y être.
MarkoFromMars - 22 Mai 2013: Je ne l'avais pas lu celui-là.
Il n'est jamais trop tard et comme à ton habitude, tu nous nous embarques avec ta passion et ta plume inspirée.
Il ne manque plus que les odeurs. A quand les live-report en odorama?
samolice - 02 Septembre 2020:

Salop !!!!!!! :-)

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