Cernunnos Pagan Fest 8

le Dimanche 22 Fevrier 2015, La Machine du Moulin Rouge (ex-La Locomotive)



Lutece

C'est une queue longue comme un jour sans disque à écouter qui se tient devant ce qui était autrefois la Loco. hasard plus ou moins funeste du calendrier autant que du lieu, la queue en question ne contient pas que des chevelus : en effet, au même moment mais sur l'entrée plus touristique d'à coté, va avoir lieu la première de la journée pour le spectacle du moulin rouge, et c'est donc des files de touristes autant que d'amateurs de Metal qui se mélangent... A la grande peur de certains :

" - Euh... c'est pour un concert que vous êtes déguisés ?
- Ah ben non, Madame : nous aussi on vient voir le spectacle des danseuses !!"

Ambiance.

Ce sont les parisiens de Lutece qui ont donc la lourde tâche d'ouvrir les hostilités sur la grande scène. Servis par un son surpuissant mais parfois un poil brouillon, le combo s'en tire avec les honneurs au niveau de l'interprétation. Seulement voilà : son Black carré et brutal, porté par une batterie bien triggée et un chanteur bien hargneux, n'est pas vraiment ce que le public est venu voir. Sans aller jusqu'à dire que le public les ignore, il plane quand même sur la salle un léger parfum d'indifférence. Ou alors c'est le mien que je sens, étant notoirement peu client de ce style particulier de Black. Ayant toutefois déjà eu l'occasion de voir Lutece sur d'autres scènes, force est quand même d'avouer qu'il s'agit pour l'instant de la prestation que j'ai trouvé la plus convaincante parmi les trois auxquelles il m'a été donné d'assister jusqu'à présent pour ce groupe. A voir dans d'autres circonstances : le groupe a un potentiel certain, mais n'était pas vraiment à sa place sur l'affiche.

Drenaï

Gagnants du tremplin organisé le 18 Janvier 2015, les normands débarquent donc à sept (!!) sur scène pour rendre hommage à l'univers de l'anglais David Gemmel. Et c'est peu dire que je trouve que c'est une bonne idée, Gemmel étant l'un de mes auteurs favoris de Fantasy mais aussi l'un de ceux le plus Metal... Et, curieusement, son oeuvre est peu utilisée comme thématique par les nombreux groupes épiques que comptent notre planète. J'attendais donc de voir ce que Drenaï avait dans le ventre, et le résultat fût assez mitigé. En premier lieu par la faute d'un son aux limites de l'exécrable : la salle du bas, voutée et basse de plafond, fait une chambre d'écho magnifique et dès que l'on dépasse la formation de base d'un groupe, le son rebondit partout pour revenir sous la forme d'une bouillie sonore dont émerge quand même parfois une mélodie. En second lieu parce que Drenaï joue la facilité au niveau des costumes comme de la musique, et c'est bien dommage : l'univers de Gemmel est suffisamment riche pour permettre de nombreuses variations sur les thèmes musicaux (utiliser du chant de gorge ou des instruments typiques de Mongolie pour les chansons traitant des Nadirs, par exemple), et ici nous avons un Pagan/Celtic/Viking/Black très bien troussé mais qui malheureusement ne sort pas de la masse. Que l'on s'y trompe pas : musicalement, Drenaï maîtrise son sujet de bout en bout et a livré une prestation fort plaisante. Mais ils auraient pu tout aussi bien parler de dieux celtes ou du Ragnarök et je n'y aurais vu que du feu. Malgré le son, les normands ont quand même bien tenus leur scène et ont reçu un bon soutien de la part du public, au point que je serais curieux de les revoir dans de meilleures conditions.

Furor Gallico

C'est au tour des italiens du jour de prendre place sur la grande scène. Furor Gallico, voilà typiquement le genre de groupes dont je n'attendais pas grand chose : que voulez-vous, des romains qui parlent de gaulois, moi j'ai du mal (oui je sais je schématise, il y avait plus que des romains dans l'Italie antique et pré-antique, mais c'est juste pour dire...). On rajoute à çà un look qui à par moments l'air de sortir d'une Gay Pride de l'âge du Bronze ("est-ce que tu aimes les films de gladiateurs ?") et un line-up qui semble conjurer les pires clichés du Folk Metal ("oh ben y a une harpiste et un flutiau dites donc"), et ça semblait mal parti avant même de commencer.

Preuve qu'il ne faut JAMAIS juger un livre simplement à sa couverture, Furor Gallico m'ont mis un aller/retour en travers de la gueule comme peu de groupes du genre avaient eu l'honneur de le faire. Parce que même s'ils jouent tous torse poil pour qu'on se demande s'ils aèrent leur bijoux de famille sous leurs tartans, les musiciens de Furor Gallico maîtrise parfaitement le mélange Folk endiablé et Metal plus ou moins extrême qui tâche très fort. Epique, puissant, alternant à merveilles passages plus calmes et débauche sonore, les italiens ont retournés le public comme un gant et se sont mis direct l'assistance dans la poche avec une maestria peu commune. Au point que c'en est quand même assez dommage que les albums ne soient pas au niveau de leurs prestations scéniques. En tout cas, les 45 minutes furent remplies jusqu'à la gueule et c'est à ce moment que l'on a pu se dire que le festival venait réellement de démarrer.

Cerevisia

Autant dire qu'après la branlée que venait de mettre Furor Gallico, ça allait être très dur pour les marseillais de Cerevisia. Bon d'accord, ils partent avec un point positif parce qu'on sait bien que les chevelus ont tous un point faible pour les groupes qui font référence d'une manière ou d'une autre à la bière (ici, la levure utilisé dans la fermentation haute de la bière, mais aussi du vin et autres boissons alcoolisées antiques). Malheureusement, le style de Melodeath Pagan que joue le groupe sent beaucoup trop le réchauffé des maitres du genre que sont Amon Amarth. Sans démériter (le groupe est à fond, et joue bien), la musique de Cerevisia n'arrive pourtant pas à m'intéresser plus que çà et je finis par totalement me déconnecter de leur show au bout de 4 chansons pour aller voir à la taverne si j'y suis.

Bonne nouvelle, j'y étais.

Cerevisia est un groupe pas inintéressant, mais qui joue dans un style où ils seront obligatoirement comparés à Amon Amarth. On sent à chaque riff que c'est leur influence principale, au point que parfois ça lorgne limite vers le tribute band. Il va falloir plus bosser les compos pour se trouver une personnalité bien à eux. Franchement, je les aurais plus vu échanger leur place avec Drenaï sur l'ordre de passage. 

Stille Volk

Après une pause pendant laquelle nous avons eu droit à diverses animations (tir à la corde et autres), il est temps de me placer bien devant pour profiter pleinement de l'un des deux groupes pour lesquels j'avais spécifiquement fait le déplacement : les trobadors occitans de Stille Volk. Groupe pour lequel j'ai une affinité particulière, car originaire du même coin de France que ma pomme et ayant la même culture campagno-montagnarde. Mais je disgresse.

le quatuor se devait de faire oublier leur prestation à Limoges l'an dernier (de l'aveu même du groupe, très mauvaise) et autant dire que la tension était visible sur le visage de chacun des musiciens. c'est donc en démarrage par une version survitaminée de "Le Roi Des Animaux" que le groupe va entamer son set, et il va alors se passer des choses que l'on avait pas encore vu de la journée : le public saute partout, danse, slamme même et bien entendu reprends les refrains en choeur. Le groupe est concentré sur son set, et ne serait-ce les instruments, on croirait presque avoir affaire à un concert de pur Metal. C'est carré, d'un puissance tellurique rare compte tenu du fait qu'il n'y a pas d'instruments électriques classiques et le public répond présent. La setlist fait la part belle aux titres les plus entrainants ("Le Réveil de Pan"et un version au taquet de "Ai Vis Lo Lop"), avec quelques surprises ("Le Satyre Cornu" ou l'arrivée surprise de Keith Fay de Cruachan pour une interprétation pleine de noirceur de "Maudat") et bien entendu des titres plus récents ("Dementis Maudiçon", "La Forêt Gorgone"). Le final se conclut, comme d'habitude, sur "Banquet", devenu au fil des ans le grand classique du groupe. Le public, en transe et sur les genoux, fait un triomphe au groupe et en réclame plus : ce sera un rappel sur une "Danse de la Corne" orgasmique.

Pari gagné, Stille Volk ont fait oublier Limoges et livré l'une des prestations les plus intenses de la journée.

Ithilien

Après un concert aussi intense que celui que viennent de donner Stille Volk, il me faut un peu de repos. Passage donc au stand de merchandising où je retrouve les musiciens occitans pour un debriefing à froid de leur performance, et il est temps de redescendre dans la petite salle pour assister au concert des belges d'Ithilien. Un des rares groupes de Pagan Metal à être signé chez les danois de Mighty Music (avec Vanir, des danois eux aussi), Ithilien s'était fait remarquer avec un premier album plein de potentiel mais encore un peu immature; lequel ne les a pas empêché d'aller tourner au Japon en première partie d'Eluveitie. Est-ce la fatigue qui commence à se faire sentir ou le fait que je sors d'un concert particulièrement réussi, mais la prestation des belges me laisse complètement de marbre. Le Pagan/Black d'Ithilien tient la route, mais n'apporte rien de plus au genre. Les passages Black me rappellent Mithotyn, les passages mélodiques me rappellent Falconer et le résultat, sans être déplaisant, ne me laisse aucun souvenir réellement marquant. A revoir dans d'autres circonstances, ou quand les musiciens auront un peu plus de poil au menton : pour l'instant, c'est correct sans plus.

Svartsot

On reste dans le nord de l'Europe, au Danemark pour être plus précis, avec Svartsot qui attaque la scène principale. Si là aussi je trouve le style assez bateau (du pagan bourrin avec une cornemuse), le public est par contre beaucoup plus réactif et livre un accueil très chaleureux au groupe. Finalement, Svartsot se révèle avoir quelques points communs avec Lutece (c'est carré, puissant et la batterie est triggée jusqu'aux oreilles) mais se révèle quand même beaucoup plus entrainant (ça doit être la cornemuse). La prestation, quoique peu à mon goût car manquant d'une certaine atmosphère épique, se révèle quand même efficace et charme une foule déjà bien chauffée qui est enfin rentrée dans l'ambiance. Il est temps d'aller se poser les fesses en bas pour se préparer au groupe suivant.

Cruachan

Avant l'arrivée des irlandais sur scène, je vais en bas me payer une bonne tranche de chanson médiévale avec les Compagnons du Gras Jambon. Unique groupe de la journée à avoir une discographie inexistante (mais un premier album est annoncé pour courant Avril 2015), les Compagnons vont pourtant rapidement se mettre un public très nombreux (on a du mal à accéder à la fosse tellement les gens sont serrés) à coup de refrains entrainants et de bonne humeur communicative. n'hésitant pas une seconde à faire participer à fond le public pour reprendre des refrains, des chansons entières ou même faire participer en canon sur une mélodie différente suivant que vous êtes un homme ou une femme, les Compagnons livreront une prestation mémorable qui déclenchera autant de rires que de danses. Un concert de qualité qui méritait amplement la place qui était la sienne aussi haut sur l'affiche. N'hésitez pas à aller les applaudir s'ils passent dans une fête médiévale près de chez vous, vous ne le regretterez pas.

C'est donc ensuite à l'une des trois têtes d'affiche de la soirée de monter sur la grande scène, et qui mieux que Cruachan pour rendre hommage à Cernunnos ? l'un des plus anciens groupes du genres, et créateur du Celtic Metal, Cruachan ne vont décevoir à aucun moment. Centré autour s'une setlist particulièrement bien choisie, qui pioche avec bonheur dans toutes les périodes du groupe, le concert va être un de ces moments magiques où l'on se dit qu'il fallait être présent. Une impressionnante présence scénique, une interprétation sans faille (magnifique version de  "The Sea Queen Of Connaught", qui a renvoyé d'un coup tous les groupes de 'Pirate Metal' à la poubelle) et un public chauffé à blanc : il n'en fallait pas plus pour que la prestation des irlandais se hisse sans problèmes dans mon palmarès personnel du festival.

The Moon And The Nightspirit

Dans la salle du bas, on assiste à un curieux specatcle : le public est assis par terre. Que ce soit suite à la fatigue qui commence à se faire ressentir ou parce qu'ils savent que le groupe qui arrive s'apprécie mieux dans une ambiance plus calme, toujours est-il que même ainsi les places sont vite prises pour assister à l'un des rares concerts de The Moon And The Nightspirit. Pour leur deuxième passage au Cernunnos Pagan Fest (ils étaient déja venu en 2009), le quatuor hongrois va livrer une prestation toute en finesse et subtilité. Axée principalement autour d'un chant féminin soutenu par un violon, une guitare acoustique et des tambours, The Moon and The Nightspirit va jouer pendant plus de temps que prévû, à la grande joie d'un public qui ne sera pas avare d'applaudissements. Délicieux moment de calme au milieu des nombreux orages sonores qui auront animés la journée, ce concert se classera aisément parmi les bonnes surprises de la journée. Le public ne s'y trompera pas, faisant une standing ovation au groupe qui se fendra d'un coup de deux rappels et d'un salut au public en final.

SETLIST THE MOON AND THE NIGHTSPIRIT

Mohaszentély
Égnyitó
Alkonyvarázs
Álomszövo
Ég Felé
Örökké
Zöldparázs

Magban Alvó
Regõ Rejtem
Tücskök Az Avarban
Bolyongó
Éjköszöntõ
Tüzben Születö (Rappel 1)
Tavaszhozó (Rappel 2)

Moonsorrow

Le final du festival se fait avec Moonsorrow, probablement le meilleur groupe finlandais du genre. Le problème avec Moonsorrow, c'est que le groupe est tellement rodé que l'on sait qu'il y a peu de chances d'être déçu. Comparativement à la précédente fois où je les avais vu (lors de leur tournée avec Tyr il y a 3 ans), les finlandais ont choisi d'axer leur set sur leurs morceaux les plus épiques. On y perds en atmosphère mais on y gagne en puissance, et le public ne s'y trompe pas en réservant un accueil guerrier à chaque annonce de titre. Moonsorrow connaissent leur travail, et ils livrent une prestation dévastatrice qui achève de terrasser ceux qui avaient survécus toute la journée jusque là. Malheureusement beaucoup trop fatigué pour aller me jeter dans la foule, je me contente d'assister au concert assis sur des marches d'escalier. Dommage, car l'interprétation sans faille des finlandais  générait une ambiance guerrière qui se propagea dans de nombreuses parties de la fosse et servit de final parfait à cette huitième édition du festival.

Une bonne organisation, une affiche de qualité, de très bonnes animations : lentement mais sûrement, le Cernunnos Pagan Fest s'impose comme l'un des rendez-vous incontournable de la vie Metal parisienne. Souhaitons lui encore de nombreuses années de réussite, surtout s'il continue à nous proposer un aussi beau plateau.

7 Commentaires

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Luthor - 30 Mars 2015: @ Mario : oui c'est fort probable, mais la qualité sonore de la salle fait que je n'ai aussi peut être tout simplement pas clairement entendu. Ce n'est donc pas 'pas très pro' de n'indiquer que ce que j'ai entendu ;) Au contraire, ce qui ne serait pas pro serait de faire comme si je l'avais entendu alors que ce n'est pas le cas, tu ne crois pas ? ;)
 
mariosmash - 30 Mars 2015: je n'en sais rien ^^ Ce qui est sûr c'est que les tambours le didgeridoo les chants de gorges étaient difficiles à louper pendant les 4 premières minutes du SET ou ils étaient seuls, les habituelles guitares arrivant après. Mais c'est sans importance, le repport est agréable à lire ;)
Luthor - 31 Mars 2015: Moralité : faudra que je sois plus rapide et/ou attentif la prochaine fois pour ne pas rater les 4 premières minutes^^
 
mariosmash - 31 Mars 2015: La prochaine fois, tu te jette dans les escaliers au risque de te tauler et/ou te faire écraser par tout le monde. xD
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