le Mardi 28 Septembre 2010, Elysée Montmartre

Steelwing

Ah Paris, son quartier Pigalle, ses cars de touristes étrangers, ses magasins pour adultes… Tiens, une rue remplie de chevelus ? Mais qu'attendent-ils tous ?

C'est effectivement comme ça que le concert de Blind Guardian a débuté. En attendant. Les habitués de l'endroit me comprendront, l'Élysée Montmartre est ancrée dans la plus pure tradition française, et surtout celle d'être en retard. L'ouverture des portes est prévue pour 18h, nous rentrons aux environs de 19h. Il y a quand même deux groupes à faire jouer avant les Bardes, ça va être tendu.

En effet, les groupes suédois Enforcer et Steelwing font l'ouverture. Ou pas. Aucune information sur place, mais Enforcer ne viendra pas. Tout comme à Londres deux jours avant, et en Belgique et Hollande encore plus tôt. Personnellement j'avais eu vent de cette rumeur via les différents commentaires de nos voisins européens sur internet. Tant, pis, on est quand même venu pour un concert non ?

Tout le monde se répand dans la salle, les traditionnels attroupements autour du bar et du stand de vente se forment, puis vers 19h30, les lumières baissent, un sample heavy commence à tourner, et Steelwing arrive sur scène, les membres se parant de tenues dans le parfait style old-school début 80's, avec les collants, chaussettes montantes, bandanas et vestes de cuir cloutées. A l'image de leur musique. Ils ont beau être une formation récente, les gars de Steelwing jouent un heavy speed tout droit venu à travers le temps depuis les années 80. Montées dans les aigus, cris, soli de guitare, rythmes pour bouger les cheveux, refrains hymniques ("KILL OR BE KILLED !") tout y est. L'ambiance décolle, gentiment, comme pendant une première partie quoi. Gros point faible, on n'entend presque pas le chanteur sauf lors des passages criés très aigus, et très peu les grattes. La basse écrase tout, la batterie fait mal à la tête. Les choses s'améliorent enfin un chouilla mais le set des suédois est déjà terminé alors que l'on pouvait à peine commencer à en profiter. Dommage.

Mais, rien que l'affiche arrive à pardonner ceci. Après Steelwing, comme l'annonce très bien le chanteur, qui arrive ? Blind Guardian bien sûr !

Blind Guardian

Les lumières, après s'être augmentées pour l'entracte, baissent de nouveau. De la vapeur (fumée?) envahit la scène, on n'y voit rien, mais on entend. Et on entend la magnifique introduction de "Sacred Worlds" du dernier album, At the Edge of Time, tout de suite accompagnées des acclamations de la foule. On devine des mouvements dans cette purée de pois, les membres arrivent un par un, et vlan ! C'est parti ! Ah, d'habitude plus que discret dans ce groupe, le bassiste se fait entendre, même défaut que pour Steelwing. Dommage encore, car cela gâche un peu les superbes orchestrations du morceau et les parties de gratte, mais surtout le chant d'Hansi Kürsch, que l'on commencera à comprendre vers le milieu du morceau… L'ingé son était aux toilettes ou quoi ?

Hansi remercie la foule en délire malgré les défauts sonores, et enchaîne avec la formule désormais classique : "Welcome to the show… and welcome to ?" et là si vous ne hurlez pas "DYING !", c'est à se demander ce que vous faites ici tant les poumons de toute la salle se vident d'un bloc en un seul mot. Morceau parfait pour ouvrir et chauffer le public, une présence irréprochable des membres, et même du bassiste qui vient piquer la place centrale d'Hansi pendant les parties instrumentales.

Les classiques live du groupe s'enchaînent, entrecoupés par de longues acclamations et applaudissements après chaque chanson. Mais aussi par les interventions pas sérieuses du tout d'Hansi Kürsch, qui fera éclater de rire la salle entière plusieurs fois au cours de la soirée, salle avec laquelle il interagit à merveille. A titre d'exemple, pour juger du niveau, il commence à expliquer quelque chose du genre qu'il transpire beaucoup, et que ça l'ennuie car il comptait garder les mêmes vêtements pour les longues semaines de tournée à venir. Ni une ni deux, un "we want you naked !" fuse du public, et Hansi de répondre "everybody wants me naked."

Vous l'aurez compris, l'ambiance était parfaitement maîtrisée par le chanteur, et par sa présence incroyable, qui compense la vraie-fausse timidité des guitaristes. André Olbrich (guitariste lead) reste bien souvent en retrait de son micro destiné au chœurs, qu'il n'utilisera que très peu, trop occupé à essayer de discerner les frettes de sa pelle à travers sa chevelure. Mais c'est qu'il se débrouille bien, on lui pardonnera. Quant à Marcus Siepen (guitare rythmique), il fera plusieurs pas en arrière avec un sourire gêné lorsqu'Hansi aura le malheur de dire que c'est lui qui annoncera la chanson suivante… Tant pis !

Le son s'améliore au fil de la soirée, même s'il restera moyen jusqu'à la fin, vraiment dommage quand on sait que Blind Guardian possède un vocaliste et des musiciens de très grand talent.
Entre les classiques "Nightfall" ou encore "Valhalla", s'intercalent des surprises comme le bond dans le passé "Traveler in Time" que le chanteur fera démarrer par le public en lançant des "ohohohohoh" sur la mélodie, "A Past and a Future Secret", joué pour la première fois de la tournée, et "This Will Never End" qui sera malheureusement moins suivie que les autres titres par l'audience. Peu importe, les musiciens ont tous la banane, et Hansi ne cesse de remercier et complimenter son public dévoué qui le lui rend bien en reprenant une TRES grande partie (et j'insiste) des paroles à tue-tête au cours de la soirée.

Deuxième titre du dernier album, "A Voice in the Dark", déjà paru en single avant l'album, parfait pour un single, parfait pour la scène. Quelle énergie ! Les images de temples sud-américains du clip sont projetées sur le fond de la scène, ce qui a dû déconcentrer André qui fait une petite bourde (inversion de couplet/solo ?), mais qui se rattrape de suite sous les regards de ses compères. Et vient "Mirror Mirror" sur un fond d'araignées géantes (chanson en rapport avec le Silmarillion de Tolkien, album "Nightfall in Middle-Earth" oblige), qui se termine par les au-revoirs d'Hansi.

Le rappel est vite plié, le groupe réapparaît et Hansi demande au public combien de chansons il désire encore. "Une ? Deux ? Trois ? Quatre !" et tout en français bien sûr. Et en guise de rappel (pardonnez moi l'expression), nous nous prenons un "Punishment Divine" en pleine face ! Suivie immédiatement de l'inévitable "The Bard's Song – In the Forest" sur fond d'images de forêts justement. Le vocaliste doute des capacités de l'audience (pour faire jaser), et grand mal lui en prenne car comme toujours il peut aller se rhabiller pendant cette chanson, une fois de plus le public la chante en intégralité. Elle se termine sous les applaudissements du public, mais surtout de tout le groupe, visiblement toujours autant aux anges de voir ses fans si impliqués.

Le concert se termine par la superbe composition "Wheel of Time", malheureusement encore et toujours gâchée par ce son indigeste qui étouffe les orchestrations et le chant. Et vient la fin du concert, tout le monde est à bout… Mais il manque une chose. Pour reprendre les mots employés "I cannot leave you without this… IMAGINATIONS FROM THE OTHER SIDE !" C'est donc sur ce morceau culte, d'une rapidité et puissance hors pair que se termine le concert, pour de bon.

Le public est heureux, le groupe encore plus, applaudissements échangés entre les deux parties et le groupe s'efface.
La tension retombe peu à peu, on souffle. C'est terminé. On n'y croit pas. Le groupe allemand nous a encore une fois servi une performance exceptionnelle, avec un jeu, une présence et une interaction quasi-irréprochables, et avec le sourire ! Seul bémol, ce son qui ne se sera réellement amélioré qu'au milieu du set de Blind Guardian, mais sans pour autant être exceptionnel… Heureusement que le reste compense plus que largement !

Setlist :
1. Sacred Worlds
2. Welcome To Dying
3. Born In A Mourning Hall
4. Nightfall
5. Fly
6. Time Stands Still (At The Iron Hill)
7. Traveler In Time
8. Valhalla
9. A Past And Future Secret
10. This Will Never End
11. A Voice in the Dark
12. Mirror Mirror

Encore:
13. Punishment Divine
14. The Bard's Song - In The Forest
15. Wheel of Time
16. Imaginations From The Other Side