AC/DC

le Mardi 15 Juin 2010, Nice



Killing Machine (USA-1)

Après deux heures passées sous une pluie battante et un vent glacial, à rester debout sur la plage de métal recouvrant une partie de la pelouse, devant les barrières nous séparant du paradis (la pelouse or) d'ailleurs relativement vide, la première première partie (car il y en eut deux) d'AC/DC commence. Killing Machine, inconnus au bataillon de la plupart des spectateurs et dont je savais seulement que les membres passés étaient plutôt bons, s'est révélé bien en deçà de nos espérances. Son catastrophique où il était impossible de distinguer les paroles ou les notes jouées par le guitaristes et le bassiste à de rares exceptions. Mais le problème majeur n'était pas là. Le guitariste s'avère plutôt bon, dans le style bon gros metalleux bourrin qui joue vite, le bassiste avait un certain charisme et du talent (pour le peu que j'ai pu entendre avec ce son hideux) et en même temps ce n'est pas n'importe qui non plus, le batteur, quant à lui, était vraiment exceptionnel et valait le détour, mais un "incident" a fait que le son de son instrument a été baissé d'un seul coup alors qui partait dans un break plutôt dément... Ce qui a provoqué des huées de la part d'un public mécontent de perdre le principal intérêt du groupe, car le chanteur lui, était insupportable. Quand il chantait d'une voix normale, dans les graves, passe encore, mais dès qu'il se mettait à brailler en voix de tête, non seulement on ne comprenait rien, mais encore c'était faux, archi-faux, et complètement désagréable et en décalage avec la musique. Sa bonne humeur et son entrain (environ 15 "Bonsoir Nice!" en 30 minutes) n'y ont rien changé, entre chaque morceau il s'attirait des huées de la foule. Il faut dire que sa tentative de heavy metal tournait à la parodie, et que j'avais l'impression d'écouter un mec qui essayait de brailler comme un black-metalleux mais n'y arrivait pas. Bref, une première première partie à oublier, à part pour les musicos, mais qui heureusement fut courte.

Slash

Une petite demi-heure d'attente sous une pluie qui s'est bien calmée voire qui a disparu et Slash arrive, LE Slash, le mythique guitariste des Guns N'Roses, pour nous présenter son projet solo. Je ne connais pas l'album, n'ayant pas eu l'occasion de l'écouter, mais j'avais ouï dire qu'il ferait des chansons des Guns'; ne nous voilons pas la face, la moitié des spectateurs attendaient cela, moi y compris. Il commence par une chanson de l'album plutôt bien sentie et énergique et l'on s'aperçoit très vite qu'il y a du niveau, de tous les côtés : un chanteur génial qui maîtrise, lui, les aigus sans problème et qui fait le show, un deuxième guitariste, un batteur et un bassiste qui assurent complètement aussi et puis Slash, divin, qui lâche ses notes à la cool mais avec une précision et un charisme redoutables. Niveau son, c'est déjà énorme, nettement mieux que pour Killing Machine, on comprend les paroles et on sent chaque note. Et là, tout décolle, le chanteur annonce "Nightrain" des Guns', le public en délire hurle et brandis les bras, la chanson démarre, tout le monde chante, saute bouge, crie, et Slash case un de ses plus beaux soli avec une classe inénarrable, la fin du morceau est tout simplement dantesque, avec un refrain qui revient, scandé par près de 40 000 personnes enfin conquises. Suivent deux autres chansons de l'album dont une semi ballade plutôt surprenante, mais qui ne font que combler l'attente d'un public qui redemande du Guns'. Il sera vite satisfait puisque Slash et son groupe balancent un "Civil War" d'anthologie, long à souhait, déchirant et superbement interprété, qui fait encore chanteur le public et qui est à nouveau l'occasion pour Slash de nous inonder de ses notes sur un solo incroyable. "Rocket queen", plus anecdotique, enchante cependant les connaisseurs, mais c'est surtout "Sweet child o'mine" qui réveille à nouveau la foule, qui scande et re-scande son refrain et qui s'abreuve de son ébouriffant solo à rallonge. Enfin, Slash nous achève avec un "Paradise City" qui électrise complètement la foule. Tout le monde crie, chante et saute dans le plus joyeux bordel possible, je ne vois plus rien je saute comme un dingue, un début de pogo démarre autour de moi, c'est l'extase, et la fin du morceau embarque tout le monde dans son déluge destructeur de hard rock alors que la pluie a fait son retour. La première partie est fini, le public est lessivé mais heureux et le meilleur reste à venir. Majestueux Slash et très bons musiciens (mention spéciale au chanteur), qui ont su faire revivre une heure durant le meilleur des Guns N'roses.

AC-DC

La pluie est revenue, plus douce, le public, euphorique après le concert de Slash, attend fébrilement l'arrivée d'AC-DC. Ils sont annoncés pour 21h, mais pourtant, dès 20h50, tout démarre. Ayant déjà été à Marseille l'été dernier pour les voir, je connaissais show et tracklist, à la différence que j'étais cette fois-ci en pelouse et non pas sur les gradins, et que le stade Charles Ehrmann de Nice est deux fois plus petit que le Vélodrome de Marseille. Le film d'intro démarre sur les grands écrans, provoquant hurlements de joie des spectateurs et éclats de rires devant certaines scènes. La nuit tombe doucement et la locomotive traverse l'écran pour lancer "Rock'n'roll train", single de Black Ice qui entraîne d'emblée tout le public avec. l'ambiance est électrique, survoltée. Refrain hurlé par la foule et par Brian Johnson, le public saute, vague humaine qui en demande beaucoup et qui va en avoir. Côté météo, la pluie redouble peu à peu d'intensité mais tout le monde s'en fout sur le moment. J'ai su ce matin que le concert était sous haute surveillance et qu'il risquait à tout moment l'interruption. Suit un classique "Hell ain't a bad place to be", dont le riff déchaîne la foule et le refrain emplit rapidement le stade, premier grand moment du concert, on sent que le groupe est en forme et le public aussi. Tout le monde se déchaîne, et la météo catastrophique ne contribue qu'à rendre l'instant anthologique et inoubliable. Arrive alors l'immense "Back In Black" au riff si lourd et lent, et aux paroles connues du monde entier si j'ose dire. Le concert est définitivement lancé et les personnes autour de moi qui étaient aussi à Marseille l'an dernier s'accordent toutes pour dire que niveau ambiance "y a pas photo". Grand abandon collectif et mouvements de foule pour un des plus grands succès du groupe. Moment de transe exquise en somme. Côté technique et spectacle, pour l'instant à part l'entrée en matière avec film et locomotive géante accompagnée de quelques effets pyrotechniques, les caméras se contentent de filmer les membres du groupe pour les écrans géants. Le son est puissant et lourd, les musiciens ont une forme olympique, surtout Angus qui court déjà dans tous les sens. "Big jack", du dernier album, arrive alors et recueille les faveurs d'un public séduit par un refrain simple mais efficace, calibré pour les live. 40 000 personnes gueulent ensemble ce "Big jack !" en jetant les bras ou en sautant. Johnson annonce alors "une surprise" pour Nice. En fait c'est la même à chaque concert, mais ça fait partie du show. C'est donc le grand classique "Dirty deeds done dirt cheap" qui démarre, couvert par le tumulte d'un public ravi. Riff dément, public qui tape du pied en rythme, et là encore, un refrain que tout le monde connaît. La chanson s'étire pour permettre au public de grogner avec Malcolm Young le titre de la chanson. Troisième temps fort du concert, après « Back in Black » et « Hell ain't a bad place to be », « Dirty deeds » assène au public un nouveau coup de marteau d'une puissance inouïe. Arrive un nouveau classique, « Shot down in flames », qui terminait les concerts à une certaine époque. Morceau peut-être moins connu du public, il n'en a pas moins conquis l'assemblée, grâce à un riff toujours aussi efficace et un refrain qui se retient vite. Mais c'est le morceau suivant qui fait passer le concert à un stade supérieur, celui de show démentiel qui va marquer à jamais. L'intro de « Thunderstruck » résonne dans le stade et c'est la folie, l'orgie, la communion, le début de la messe. Tout le monde reprend en choeur les clameurs du morceau et la foudre du public craque des « Thunder! » en rythme martelé et avec une conviction et une violence jouissives. Angus se déchaîne, la chanson est une nouvelle fois étirée pour que tout le monde ait son mot à dire. Rien à faire, je pense que tout le 06 a dû entendre et AC-DC et son public hier soir. Après ce grand moment d'extase et d'euphorie, l'ambiance retombe un poil avec un choix osé et surprenant de la setlist. Jouer « Black ice » n'est pas une mauvaise idée en soi, mais juste après « Thunderstruck » c'est un peu maladroit. La chanson, excellente, ne semble pas vraiment faite pour un live de cette ampleur. En effet son rythme changeant, insaisissable, en font un moment de désarroi relatif pour une partie du public. Cependant le morceau demeure terriblement original pour du AC-DC et produit un effet certain. Pas transcendant mais pourtant très bon. Voici venu le moment de l'eucharistie, la deuxième partie de la grande messe (noire) qui se déroula hier à Nice. Nouveau moment d'anthologie pour l'incontournable « The Jack », annoncée par un petit discours de Brian Johnson, sur cet « evil woman ». Version conforme à celle jouée d'ordinaire en live, avec un texte différent du morceau studio. Ce fut un délire incroyable d'environ dix minutes, où une partie du public scandait « She's got the jack! » en permanence, même hors refrain, et où de toutes manières, nous fûmes tous invités à en faire autant pendant deux ou trois passages entre les soli d'Angus, décidément en forme. Le morceau fut également le prétexte pour lui de nous exhiber son magnifique caleçon AC-DC au final d'un strip-tease survolté et terriblement drôle. Le show incluait aussi de montrer quelques-unes des femmes les plus amènes du public, qui en profitèrent pour dévoiler tout ou partie de leur anatomie supérieure, au grand bonheur des milliers d'hommes présents dans le public, qui redoublaient de hurlements de joie à chaque nouvelle candidate. Vient ensuite « Hells Bells », annoncé par la descente de cloche, grand moment de spectacle. Lentement, auréolée de bleu, l'imposante cloche de fonte prend place, et Brian Johnson s'élance et saute se suspendre à la corde. « Dooong », quatre ou cinq fois avant que le riff salvateur ne vienne apaiser une foule survoltée. Je sais plus trop où on peut en être, ni qui je suis et où je suis, j'ai oublié qu'il pleut, je suis juste une paire d'oreilles, de bras et de jambes qui se déchaînent sur la très bonne musique, au milieu de 40 000 de mes semblables. Orgiaque, à nouveau. Pour continuer sur la lancée, ils enchaînent avec « Shoot to Thrill », morceau décidément sidérant en live. Le public, galvanisé, a complètement décollé, c'est la folie de partout, on saute, on chante, on crie... Et ce n'est pas le pourtant plus modeste « War Machine » qui va apaiser la situation, le public est trop à fond pour cela. Refrain accrocheur s'il en est, il permet à la foule de scander en choeur une fois de plus. De jolis effets de lumière sur le morceau viennent éclairer le public, ce qui produit quelques instants de magie pure, où l'on voit les trombes d'eau qui nous tombent dessus éclairées par des spots. Comme quoi, le temps capricieux a du bon. Sur mon visage, sueur et pluie se mêlent, mes cheveux dégoulinent, mes fringues aussi, et pourtant je n'ai ni froid ni trop chaud, je ne pense même pas à ces détails, je participe au délire collectif. Cependant cette météo capricieuse a eu des effets, passés inaperçus dans l'instant mais pourtant bien là. Deux morceaux sont supprimés de la setlist après « Shoot to thrill » : Nice ne verra pas le dantesque « Dog eat dog », et échappera au niais « Anything Goes », un mal pour un bien en somme. Il reste six morceaux et presque une heure de concert. « You shook me all night long » contente un public plutôt âgé, et continue à entretenir l'euphorie ambiante. Les femmes du public défilent sur les écrans, y compris une grand mère qui fait rire et applaudir 40 000 personnes. Personnellement, n'aimant pas la chanson, j'en ai profité pour reprendre mon souffle avant la suite, que je savais énorme. Et ça enchaîne avec du lourd : « T.N.T » et son riff dévastateur provoque les premiers gros pogos en pelouse. On tombe, on pousse, on s'éclate et on se donne à fond, et bien sûr, pour le refrain, on hurle avec Brian les paroles. Un nouveau paroxysme est atteint. Arrive alors « Whole lotta Rosie », sa poupée gonflable géante aux seins démesurés et son tempo à deux cents à l'heure. Déchaînement incontrôlable du public, marée humaine qui bouge dans tous les sens, j'ai l'impression de voler. Quelques mecs se risques à slammer, dont un qui se vautre à côté de moi dans l'indifférence générale, provoquant tout au plus un début de pogo. Et pourtant le groupe ne laisse pas au public le temps de se reposer et envoie les vingt minutes de la machine Angus Young pour un « Let There be Rock » extraordinaire. Le morceau, déjà rapide, est joué à toute vitesse, déchaînant l'énergie résiduelle du public. Angus court partout, les lumières et les cris du public viennent agrémenter les effets du texte. Puis démarre le solo. Angus rejoint l'esplanade établie au milieu de la pelouse, sous une pluie battante, mais sort quand même de sa guitare un solo long et vibrant, presque punk tellement le volume sonore empêche d'en distinguer toutes les notes. Après dix minutes de folie furieuse du public et du génial guitariste qui se roule par terre, il revient sur scène et entame son solo sans groupe derrière. Et là on entend son génie, note par note, et on le voit en gros plan sur les écrans géants trifouiller les cordes à toutes vitesse. Après le divin Slash, on aura donc eu le terrible Angus, qui fait hurler le public par ses silences, s'en joue, et fait de la musique aussi bien avec une guitare électrique qu'avec nos cordes vocales. Le stade rugit, Nice tremble. Le tout s'achève dans un vacarme incroyable. Fin du concert ? Non, juste une pause de quelques minutes avant le rappel. Et quel rappel. Toujours le même évidemment, mais comment s'en passer ? Le public demande l'enfer, il en a eu un aperçu par une messe hard rock qui culmina sur « Let there be rock » aux accents bibliques si bien sentis. Voilà donc « Highway to hell », qui provoque l'extase la plus assourdissante que Nice ait peut-être entendu depuis longtemps. 40 000 personnes épuisées mais qui continuent de sauter dans tous les sens, de scander l'hymne hard rock par excellence. Et c'est l'heure du final, avec le monumental « For those about to Rock (We salute you) ». Si les couplets ne sont pas forcément excellents, le refrain est imparable, et parfait pour conclure un concert. Tout le monde hurle, les canons tirent, le stade respire au rythme de la chanson, la fièvre nous emporte une dernière fois. Final grandiose, à l'accélération finale imparable, qui se conclut dans un immense choeur, vacarme de canons, de flammes, de guitares et de batterie, couronnés par un feu d'artifice superbe et relativement inattendu au vu des intempéries. Un peu moins de deux heures de concert, deux morceaux en moins, mais un plaisir nettement plus grand et durable qu'un an plus tôt à Marseille. Un grand moment de musique live, qui restera dans les mémoires de ceux qui l'ont vécu, ce premier concert d'AC-DC à Nice depuis 30 ans !

3 Commentaires

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choahardoc - 17 Juin 2010: Report complet et agréable à lire. Géant! Vu à bercy le 2ème soir et au Vélodrome,à mon avis le meilleur des trois. Etant à la bourre, j'ai raté Killing Machine puis suis rentré pépère (quelle veine d'être en pelouse or) Slash n'a pas fait de détails avec son excellent groupe. Tu as raison de dire que le 06 a entendu; en tout cas j'habite à plus de 20 km de Nice et tout mon voisinage a bien morflé ah ah ah! La rage, l'envie, la persévérance montrées par les boys ce mardi me fait espérer qu'ils ne s'agissent pas d'une informelle tournée d'adieux. Malcom, surtout, a pris un bon coup de vieux mais le boulot est fait avec une ardeur irréprochable. We salute you AC/DC...
Dango - 16 Août 2010: J'y etait, C'etait tout simplement Enorme. Ils etait tous au Taket, et ils nous ont donné un Fabuleux spectacle avec tous les decors qui vont avec. Ils tienent vachement bien et on Grave la peche pour leur public. Vive Angus <3.

Comme il y avait ecrit sur la Banderolles derrier moi en Tribune d'honeur " AC/DC our Republic and Angus Young our President "
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