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Biographie : Cannibal Corpse

Si le Death Metal possède son lot de noms bien encrés dans sa légende (Morbid Angel, Entombed, Bolt Thrower et consorts), certains restent des valeurs sûres au fil du temps. Cannibal Corpse fait partie de ses groupes, oh combien respectés et souvent cités parmi les maîtres du genre. Pourtant la bande à Corpsegrinder commence à connaître le refrain qui l'a rendu célèbre: le Death Metal c'est bien, mais le Gore c'est encore mieux. En effet quoi de plus identifiable que l'esthétique propre au groupe. De Eaten Back to Life en 1990 au dernier né Torture datant de 2012, l'imagerie du groupe, assurée par les pochettes de Vince Locke, donne à Cannibal Corpse un aspect série Z soutenu par l'aspect organique du son du quintette. Cette provocation engendra de nombreuses censures. Jusqu'en 2006 les trois premiers albums: Eaten Back to Life (1990), Butchered at Birth (1991) et Tomb of the Mutilated (1992) furent interdits en Allemagne, plusieurs pays interdisent leurs ventes et plusieurs politiques, dont Al Gore, se sont attaqués au groupe pour "perversion de la jeunesse".


Mais revenons au début. Créé en 1988, la bande rassemble les membres de plusieurs formations Death Metal du moment: Alex Webster et Jack Owen proviennent de Beyond Death, Bob Rusay et Mazurkiewicz sortent tout droit de Tirant Sin ainsi que leur collègue Chris Barnes, également chanteur au sein de Leviathan. Après avoir sorti la démo éponyme, souvent appelée Skull of Maggots, le 2 Mai 1989, 10 jours avant le grand classique Altars of Madness de Morbid Angel, le groupe signe avec Metal Blade Records pour la sortie de leur premier album: Eaten Back to Life en 1990. Si la production maigrelette de Scott Burns pénalise les compositions, cet album pose les bases du genre. Entre rythmiques tumultueuses de Paul Mazurkiewicz, ponctuées d'accélérations, soutenues par un Alex Webster comme toujours impérial, aux idées bien foutues et un Chris Barnes tout simplement sorti tout droit du cimetière. Parmis les 11 compositions, Born in a Casket, Shredded Humans et le grand classique A Skull Full of Maggots assurent à ce premier méfait un qualité certes pas parfaite mais fortement encourageante, un espoir qui n'est que le commencement.

En Juillet 1991, le groupe revient sur le devant de la scène avec son deuxième album: Butchered at Birth. Afin de limiter les risques d'interdiction à la vente, mais également en malicieuse stratégie marketing, Metal Blade Records impose que l'illustration de Vince Locke se trouve à l'intérieur: Deux zombis éventrant une femme enceinte, tout un programme. Si le principe reste le même, mais évolue sensiblement. Les guitares s'épaississent et l'ambiance devient plus poisseuse, la batterie devient plus précise. Les morceaux cultes s'enchaînent: Meat Hook Sodomy pour lancer le tout, Under the Rotted Flesh et Rancid Amputation assurent au groupe d'amplifier son statut d’immanquable et de devenir la proue du Brutal Death Metal. Cependant, il manque un véritable hymne pour Cannibal Corpse, le morceau et l'album permettant l'éternelle reconnaissance. Cette situation arrivera dans un premier temps en Septembre 1992 et s'intitule Tomb of the Mutilated. Chris Barnes, toujours aussi charismatique pousse la provocation toujours plus loin et décide d'aborder des sujets toujours plus violents. I Cum Blood, Addicted to Vaginal Skin, Necropedophile ou encore Post Mortal Ejaculation reflètent l'essence même de Cannibal Corpse: une violence outrancière assurée par la surpuissance du duo Owen/Rusay nuançant très sensiblement le rythme par la présence de passages plus calmes ou encore par des lignes de basses percutantes comme le prouve le morceau phare: Hammer Smashed Face. Toujours enregistré au Morrisound Studios avec Scott Burns aux manettes, les parties guitares sont cependant gérées par Owen, mettant Rusay sur la touche. Ce dernier quittera le groupe dans des conditions toujours aussi mystérieuses de nos jours, il sera remplacé par le très bon Rob Barrett, bourreau chez Malevolent Creation, référence du Death à l'américaine.

Après une sortie tous les ans pour les 3 premiers albums, le groupe, toujours mené par l'insatiable Chris Barnes ralentit la cadence et attend un an et demi, soit Avril 1994 afin de sortir le 4ème opus: The Bleeding. L'arrivée de Barrett dans le groupe va permettre une radicalisation de la musique comme le prouve Fucked With a Knife, Stripped, Raped and Strangled ou bien encore le morceau titre. Si l'album en lui même n'apporte pas de grands changements dans l'état d'esprit du Death Metal propre au groupe, il aura une grande importance sur l'avenir de la bande. Effectivement, peu après, en 1995, alors que le groupe prépare sa nouvelle offrande, le tortueux Vile qui sortira en 1996, Chris Barnes, mythique frontman quitte le groupe pour rejoindre son nouveau projet Six Feet Under. Pour le remplacer, le gang de Buffalo va devoir trouver le membre suffisamment charismatique pour éclipser Barnes mais également assez bon pour égaler Chris et même le surpasser. Pour cela, ils vont contacter George Fisher de chez Monstrosity. Surnommé Corpsegrinder, le bonhomme se distingue radicalement de Barnes par une voix plus organique et compréhensible mais peut se montrer également criard. Ce changement brutal scindera les fans en trois parties: les pro Barnes, les pro Corpsegrinder et ceux qui s'en cognent.

Après un Vile on ne peut plus direct, Cannibal Corpse continuera sur sa lancée destructrice en tentant vainement de donner un ton ambiancé à ses compositions sur l'un de ses albums phare: Gallery of Suicide. Cependant, la recette un brin rébarbative du style empêchera le groupe de se différencier de la masse grouillante de groupes de Death au début des années 2000. Même si, en 1999, Bloodthrist combinera avec efficacité l'oppression de Gallery of Suicide avec la virulence de Vile, comme le prouve le morceau Unleashing the Bloodthirsty, l'album suivant Gore Obsessed se veut quant à lui très standard. Aucune réelle surprise à son écoute, avec la présence de bons morceaux tels que Pit of Zombies ou bien No Remorse, belle reprise du morceau des Four Horsemen en 1983. Le retour de la vigueur propre au groupe viendra avec le bon The Wretched Spawn en 2004. Les incroyables Frantic Disembowelment, Cyanide Assassin, et le brutal They Deserve to Die propulsent l'album parmi les meilleurs albums du groupe à l'époque. Mais entre temps Barrett est parti pour retourner chez Malevolent Creation et a été remplacé par le très bon Pat O'Brien. En 2004, le membre fondateur Jack Owen quitte le navire pour rejoindre le tumultueux Deicide en 2005. Pour le remplacer, Barrett revient une deuxième fois au sein du groupe.

Nous voici donc en 2006. La bande à Fisher est désormais prête pour remettre de l'ordre et la situation se résumera d'une manière très simple: KILL! Véritable obus destiné à dynamiter la concurrence, Cannibal Corpse revient sur le devant de la scène par la grande porte. Puissant, accrocheur, technique et imparable, le groupe revient plus fort que jamais de ses nouveaux membres. Produit par Erik Rutan, ancien guitariste chez Morbid Angel et ami de longue date du groupe, l'album possède un son tranchant et puissant permettant de profiter pleinement des morceaux malgré une basse en retrait. Time to Kill is Now, Make Them Suffer, Fie Nails Through the Neck ou bien encore Purification by Fire prouvent l'étendue du talent émanent du groupe. Et après une tournée glorieuse aux quatre coins du monde, il fallait poursuivre cette lancée. 2009, Evisceration Plague débarque et redistribue la même sauce, tout en dopant sensiblement le son global en mettant Alex Webster, bassiste tentaculaire, plus en avant pour assurer des rythmiques tortueuses et massacrantes. De nouveaux classiques sortent: Scaldin' Hail, le culte Priest of Sodom, Shatter Their Bones et la groovy Unnatural, accueillant un Erik Rutan motivé comme jamais pour le solo.

Puis 2013, Torture débarque. Les premiers morceaux lâchés (Demented Aggression et Scourge of Iron) permettent de deviner une production léchée mais cependant sensiblement plus crasseuse que la production du précédent volume. Le groupe distribue de nouveau les pains un par un et nous propose toujours plus de titres surpuissant à l'image de Followed Home Then Killed, du furieux Encased in Concrete, du terrible As Depp As the Knife Will Go et enfin pour conclure un disque très bien foutu, d'un Torn Though oh combien ravageur.

Le Death Metal c'est bien, mais le Gore c'est encore mieux. Nous attendons "A Skeletal Domain" pour septembre 2014...


Necromantix.