Des fois on se dit qu’il y a des jours comme ça où il aurait mieux fallu rester couché, où il aurait mieux fallu n’avoir jamais eu à écouter certains albums de formations qui paraissaient pourtant prometteuses. Le combo nord-irlandais «
Stormzone » fait parti de celles-là. Nous ayant laissé, un peu plus d’un an plus tôt, avec un «
Death Dealer » on ne peut plus convenable, ré-explorant la NWOBHM de la grande époque, la bande de John Harbinson fait une 3ème sortie discographique avec un «
Zero to
Rage » qui met notre curiosité en éveil. Entre temps le guitariste Chris Polin est remplacé par Steve Moore qui signera également la production de ce nouvel album. Un album qui passé les premières écoutes ira indubitablement rejoindre un endroit sombre et clos pour une peine incompressible.
Le groupe était amené dans un premier temps sur « Where We Belong » à nous brouiller les pistes, par son entame envoutante et atmosphérique, nous mettant dans l’expectative la plus totale. On se dit alors que «
Stormzone » va probablement chercher à s’investir, à révolutionner sa musique. Le heavy metal tant attendu fait alors surface par palpitations, en prenant du volume. Puis c’est la déception quand vient le chant, très redondant et vraiment pas assuré. Ce serait comme avoir Biff Byford sortant d’un lendemain de cuite. Une prestation bancale qui ne fera néanmoins pas le poids devant la platitude de la batterie. Il faudra donc se contenter du jeu des guitares, peu élaboré, mais partant joyeusement dans la mélodie sur les soli. La formation aurait vraisemblablement modernisé sa musique, on ne retrouve pratiquement plus ce NWOBHM perceptible dans ses précédents opus. Il y aurait bien l‘éponyme «
Zero to
Rage », qui semblerait perdurer cette tradition, mais le titre n’est pas à retenir pour autant. Affreusement linéaire, avec un John Harbinson bien décidé à nous gâcher l’écoute. Le point noir tout désigné de la galette sans la moindre hésitation. Comment peut-on se prétendre chanteur et leader d’une formation, certes modeste, mais signée chez un gros label après aussi piètre performance?
« This Is Our
Victory » perdure le style NWOBHM avec une certaine prise de volume, éloquente sur l’entame, n’offrant par contre que peu de perspective dès l’arrivée du chant. Un chant de nouveau très approximatif, qui a pour mauvais effet de cacher les efforts fournis par les guitares. Le titre n’en restera pas moins répétitif et réchauffé. Tout comme «
Monsters » nouant pourtant avec un léger surplus de mélodie. Le morceau se base sur une rythmique sèche et salvée. En dehors tout semblerait s’inspirer du «
Saxon » des années 90. Et cela serait d ‘ailleurs particulièrement frappant sur le refrain et pré-refrain. On croise également des influences à la formation britannique de Biff Byford sur «
Jester’s Laugher » dans un tempo lourd, massif et régulier. Le présent titre se révèlera longuet, n’apportant que peu d’attraits à l’auditeur. Le problème était récurrent aussi pour les autres albums du groupe. «
Stormzone » propose trop souvent des titres dans une formule simple, qui s’étalent dans la longueur. Il est courant d’avoir des morceaux avoisinants les 6 ou 7 minutes. Une durée, à l’évidence, excessive pour le heavy metal des nord-irlandais. Étonnement et contrairement à cette idée, ce sera le titre le plus long de l’album qui marquera les esprits. Ainsi « Last Man Fehling » propose un riffing entrainant et une voix plus appliquée, plus sereine. Le travail parait déjà beaucoup plus soigné, et malgré une certaine redondance, le résultat produit fait directement mouche.
« Fear Hotel » serait l’autre bonne surprise de l’album. Pleine de caractère, abrasive. Celle-ci prendrait sa source dans un heavy rock solide et inébranlable. Ce que l’on retiendra de plus appréciable sera certainement les lignes offensives de guitares sur la seconde partie de piste. Même engagement, même rigidité pour «
Empire of fear ». Seulement, on nous met exagérément en attente, il faudra patienter jusqu’à la deuxième moitié de piste pour rencontrer une musique un brin pétillante. Autre morceau heavy rock, «
Hail the
Brave » brille également pour son manque d’originalité, d’inventivité. Ne se singularisant pas du lot pour sa redondance, il y aura toutefois les soli qui comme à chaque fois, qui casseront quelque peu la monotonie ambiante. Ce n’est pas faute d’explorer différentes sortes de musiques, pour tenter ainsi de valoriser la richesse de l’album. Sur « Cuchulainn Story », retraçant les aventures du mythique héros de la mythologie irlandaise, il sera aisé de remarquer un riffing vigoureux emprunté au «
Ozzy Osbourne » avec
Zakk Wylde. « Uprising » ira titiller le power mélo, mais cela s’avérera tout aussi creux. Il y avait beaucoup d’espoir pour «
Voice Inside My
Heart » qui s’essaye lui au FM. Il souffrira malheureusement des tares qui entachent tout l’album, à savoir une répétition abusive, un manque flagrant d’inspiration et une lassitude guettant dès la première minute du déroulement.
Avec «
Zero to
Rage » on serait bien tenté de s’essayer à de mauvais jeux de mots. Deux membres sont clairement en souffrance dans la formation, et à tout saigneur, tout horreur, le premier à retenir est le leader lui-même. Massacrant les pistes d’une voix qu’il peine à maîtriser, dont le ton pris se révèle quasi insupportable à l’écoute. Le second luron est le batteur Davy Bates, offrant un jeu poussif, peu construit. C’est vrai que l’on aurait pu attendre mieux, sinon équivalent à leur précédente œuvre «
Death Dealer », qui s’était aussi illustrée par son manque d’originalité. Ici, on irait plus loin. C’est à la fois peu original et complètement brouillon. Des chansons banales, une musique ne ressortant pas la moindre envie chez les membres. Une mauvaise passe qui risquerait de causer des difficultés pour la formation dans les années à venir. Quoiqu’il en soit «
Zero to
Rage » est à oublier et à enfermer à double tour.
09/20
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