Si certains scarabées liverpuldiens ont su imaginé, dans ces glorieuses et insouciantes sixties, une vie facile à bord d'un sous-marin jaune, les Athéniens de Wormhog (vers de porc !!) préfèrent s'immerger totalement dans une mer de la même couleur.
Actifs depuis 2014 et la parution de leur EP "Mother Worm Father Hog", Wormhog décrit sa musique de stoner progressif, aux inspirations diverses. Multipliant les expériences scèniques, il leur faut attendre 2020 pour la sortie uniquement digitale de leur album "
Yellow Sea". Celui-ci trustant la première place du Doomcharts de décembre 2020, Il n'est pas étonnant de le voir sortir en version physique (vinyle uniquement) sur le label italien Electric Valley Records au mois d'avril 2021.
Musicalement, le groupe louvoie dans des eaux teintées des couleurs chamarées d'un stoner progressif de belle facture. D'ailleurs, "
Wormhole", titre d'ouverture, fait l'étalage des qualités du groupe : riffs puissants, lignes de basse fouillées, batterie qui joue avec brio sur des rythmes complexes. Sans oublier la belle voix de Panos, dont le timbre chaud rappelle celui du regretté Layne Staley (Alice in Chains) et qui pose ses lignes avec une légère désinvolture plaisante.
Progressif surtout dans l'agencement interne des titre, où les changements de direction sont nombreux sans toutefois perdre le cap initial. "
Beneath The
Yellow Sea" et "Planet Egg", qui avoisinent chacun les 8 minutes, imbriquent des plans grunge, doom, desert rock et même bluesy sans que cela ne devienne indigeste.
Au fil des titres, Wormhog met l'accent sur plusieurs facettes comme le hard puissant sur "Inertia", les plans plus metalliques de "
Hellmouth" et de "
Sore" ou encore la relativement plus délicate "Crystal
Gain". Cependant, les Athéniens aiment à couler les balises pour plonger l'auditeur au plus loin de leur univers musical. Si cela nécessite un peu d'effort, celui-ci est récompensé par une musique toujours chaleureuse, très bien interprétée et sans fioriture technique inutile.
L'argument thématique souligne ce souci d'originalité. Wormhog propose un concept album autour de l'émergence d'une entité extraterrestre censée représenter le groupe et qui peu à peu s'adapte par ses rencontres (surtout celle d'un capitaine de navire), tout en laissant planer sur l'humanité une menace sous-jacente. L'artwork de Kamaris Junk illustre assez fidèlement le concept.
Doté d'un écrin sonore aux petits oignons concocté intégralement par Mihail Karpathiou au Dstudios d'Athènes, "
Yellow Sea"' s'impose comme une belle réussite, dans une direction stylistique qui aurait pu vite aller droit dans le mur. À l'instar du "Ummon" des Toulousains de Slift, Wormhog offre un album qui mérite des écoutes approfondies pour profiter de sa richesse. Il est évident que la suite s'annonce des plus intéressantes.
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