Liste des groupes Black Brutal Endzeit (FIN) Years of Hunger

Si vous cherchez Endzeit sur la toile, il ya de fortes chance qu’une grande majorité des liens sur lesquels vous tombiez vous renvoie vers le titre d’Heaven Shall Burn plutôt que vers le groupe dont il est question ici, et pour cause : le combo qui nous intéresse se forme en Finlande en 2012 et ce Hunger Times est son premier EP auto-produit qui sort donc de façon plus que confidentielle.
Le groupe se décrit comme un groupe de raw black et base les 22 minutes de ce premier jet sur la description d’un monde post apocalyptique s’inspirant largement de la décadence urbaine de Detroit, qui porte les stigmates d’un capitalisme sauvage et déjà moribond.


Après une intro aux guitares larvées et lancinantes montant lentement en intensité sur cette batterie militaire, Hunger débarque violemment sur un riff speed typiquement black, et une batterie frénétique, et l’évidence saute immédiatement aux oreilles : les Finlandais aiment certainement Dark Funeral. Mêmes rythmiques ultra rapides, même mur sonore compact avec ces allers retours de guitares à fond les ballons et ces mélodies prenantes en fond qui viennent se caser dans un coin de notre cervelle tétanisée, même la voix de Schwarz ressemble étrangement à celle de Lord Ahriman. Au milieu du morceau, les choses se calment un peu avec ce mid tempo qui fait la part belle à la double et aux secousses grondantes de la basse. On a même le droit à une belle mélodie de guitare qui nous permet de souffler un peu dès 2,56 minutes dans ce déferlement de brutalité pure.
Ce premier véritable titre dévoile d’emblée les forces et les faiblesses du combo : une musique carrée et parfaitement exécutée (mention spéciale au batteur, infatigable et impressionnant de vitesse) mais qui manque cruellement d’identité et qui se contente d’appliquer une recette certes efficace mais maintes fois éprouvée depuis le milieu des années 90.


Le rythme est rapide sur l’ensemble des titres, les riffs très saccadés, mettant en avant des parties en trémolo picking et des harmonies insidieuses typiques du style, et la voix, puissante et rauque, fait bien son taff, même si elle manque cruellement de variations.
On distinguera tout de même le titre Life ? qui tire son épingle du jeu, moins direct mais plus sombre, avec ces riffs tranchants et froids avec une ambiance malsaine qui sert plus subtilement le concept post apocalyptique du groupe et qui rappelle pas mal Seth : cet enchevêtrement de riffs complexes et ces chœurs déshumanisés qui reviennent comme un leitmotiv implacable et maudit, entonnant une sorte de polyphonie litanique, évoquent les images funestes d’un champ de ruines fumantes et d’une humanité à l’agonie. Sur ce titre, le jeu clinique des musiciens prend plus de sens, la basse très en avant nous remuant les tripes et nous inspirant une sorte d’angoisse nauséeuse. L’EP se termine sur No More Dawn Rises, qui n’est autre qu’une reprise de Dark Funeral (tiens donc…), et si le morceau est parfaitement exécuté, on constatera avec une certaine amertume que finalement, le passage le plus intense de ces 22 minutes n’est autre que le refrain de cette cover, avec ce riff extrêmement accrocheur et captivant…


Alors certes, oui, objectivement, Hunger Times reste une réalisation plus qu’honnête jouée par des musiciens habiles et proposant un black rapide et agressif qui devrait satisfaire sans trop de problème les aficionados du genre. Mais en ce qui me concerne, je trouve la musique des Finlandais trop lisse et encore trop quelconque pour réellement sortir de la masse, la violence du propos étant ici émoussée par un son trop clinique, et une prestation presque trop carrée et mécanique où tout semble calculé et rien ne dépasse. Un EP plus que correct et accrocheur, mais qui manque encore d’âme et de personnalité pour subjuguer réellement l’auditeur. Un potentiel certain à exploiter sur un premier full length !