Lorsqu’un leader, un créateur et un (ancien) visionnaire, déjà maitre à bord indéboulonnable et légitime de son propre navire, annonce un projet solo, cela peut toujours paraitre déconcertant.
A quoi bon faire un album solo lorsque l’on est déjà principal compositeur, parolier, chanteur et guitariste de son groupe ? De plus lorsque l’on s’appelle Kai Hansen, que l’on a fondé
Helloween, que
Gamma Ray existe depuis vingt-cinq ans (avec quelques baisses de régime dernièrement) et que l’on possède en plus
Unisonic avec
Michael Kiske en guise de récréation ? Les grands esprits restent insondables…
Et si c’était simplement pour se faire plaisir et faire une grande fête avec des amis ?
C’est tout du moins ce à quoi ressemble l’album que nous livre le père fondateur du speed metal avec “
XXX-Three Decades of
Metal”. Entourés de multiples amis (
Michael Kiske évidemment, le lutin Tobias Sammet avec qui il a collaboré pour
Avantasia,
Ralf Scheepers,
Dee Snider, Hansi Kursch…) et de “jeunes” musiciens confirmés (Eike Freese de
Dark Age, Richard Sjunnesson de
Sonic Syndicate, Alew Dietz de
Heaven Shall Burn) ainsi que de Daniel Wilding (
Carcass) à la batterie, le casting s’avère alléchant.
S’il est évident que Kai Hansen a perdu de sa superbe avec le temps, que le si prometteur
Unisonic n’a finalement pas grand chose de flamboyant et que
Gamma Ray n’est plus aussi majestueux que par le passé (malgré un excellent “
Empire of the Undead sorti il y a deux ans), l’allemand est l’un de ces artistes sympathiques a qui l’on excuse beaucoup de choses tant il est à fond dans ce qu’il fait et respire l’enthousiasme. Si le casting est alléchant, on peut à l’inverse craindre des titres balancés par dessus la jambe, se reposant uniquement sur les guests et ce n’est pas le premier extrait, “
Born Free”, titre optimiste mais sans relief (évoquant la période “
Land of the Free pt II” en général et “Into the Storm” en particulier) qui va forcément nous rassurer. Kai n’est plus dans la forme de sa vie vocalement et hurle plus souvent pour masquer un manque de souffle mélodique. Néanmoins, le reste nous emmènera de surprise en surprise pour finalement faire de “
XXX-Three Decades of
Metal” (non mais ce titre d’album digne d’une compilation !) l’une des bonnes surprises heavy metal de la rentrée (avec le nouveau
Serious Black) !
Que dire d’un morceau comme “
Stranger in Time” si ce n’est qu’il s’agit typiquement du genre de chanson que nous attendons du teuton ? Kai donne le ton avec Kiske, secondé par Franck Beck et appuyé par les choeurs et l’intervention de Tobias Sammet. Il y a pire comme brochette vocale. Un morceau débutant lentement pour monter en puissance sur un refrain majestueux qui entre en tête pour difficilement en sortir.
Roland Grapow vient signer un solo très “Helloweenien” pour faire de “
Stranger in Time” un titre que nous avons déjà envie d’entendre en live. Il faut aussi évoquer le génial “
Fire and ice”, long de huit minutes, initialement en duo avec Clémentine Delauney (
Visions of Atlantis,
Serenity) qui vire rapidement dans un metal bien plus moderne (revigorant pour Hansen) où les interventions growl de Richard Sjunnesson apportent une couleur extrême fortement bienvenue, véritable appel au headbanging. La fin du morceau use de riffs syncopés et d’une batterie à la double pédale surprenante pour Kai mais qui fera clairement un malheur sur scène.
Sans faire le tour de chacun des titres, l’album possède peut-être les meilleurs pépites de l’allemand depuis “
Majestic” (ou “No World Order” pour les nombreux ne supportant pour l’album de 2005…assez nombreux d’ailleurs malgré la qualité de l’opus). “Follow the Sun” est l’un des titres speed les plus réussis du père Hansen depuis des années, magnifiquement secondé par Hansi de
Blind Guardian pour un refrain dantesque et une fin d’album complètement débridée où quelques growls de Marcus Bischoff (
Heaven Shall Burn) rendent l’ensemble encore plus puissant. “
Burning Bridges” de son côté possède une introduction en clean guitar très proche du dernier opus en date de
Dark Age (“A Matter of
Trust”) et Eike Freese est bien évidemment au micro sur le titre, chantant majoritairement en clair pour une ambiance très mélodique et et classieuse. “All or
Nothing” est également une autre proposition heavy mélodique au refrain très accessible, en duo avec Clémentine où le chant de la demoiselle parvient à contrebalancer le timbre acidulé de Kai.
Impossible également de passer sous silence le plombé et lourd “Enemies of Fun”, avec
Ralf Scheepers et Piet Sielck, qui pendant sept minutes s’aventure dans un heavy très lourd et étouffant où les chanteurs se montrent sombres et solennels sur un riff simple mais écrasant. “Making Headlines” signe un sympathique duo avec Tobias Sammet même si la chanson est en soi un peu plus faible, speed metal traditionnel sans surprise où Tobias est déjà apparu sous une meilleure facette.
Dans son ensemble, “
XXX-Three Decades of
Metal” est non seulement une excellente surprise mais aussi un regain de vitalité et de jeunesse pour un vieux briscard qui, même s’il n’a plus rien à prouver à personne, s’enfonçait tout de même dans une démarche routinière. Cet album donne le sourire et donne avant tout envie de taper du pied, de chanter et de secouer la tête avec lui s’il souhaite faire des concerts avec ce nouveau line-up. Trente années fièrement fêtées. Rendez-vous dans dix ans !
C'est pourtant le disque le plus raffraichissant de Kai depuis pas mal de temps....je pense que les invités et les collaborations avec des musiciens extérieurs au heavy lui a fait du bien et pourra être bénéfique pour le prochain Gamma Ray :)
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