Les années 2000 ont été propices au développement du black symphonique russe. Si on s’intéresse un peu à la scène, on se rend compte qu’actuellement, la plupart des nouvelles sorties du genre viennent de Russie. Pourtant, fut un temps où c’était la Scandinavie qui avait le monopole mais comme on dit toujours, les temps changent. La Russie domine cette sphère d’une main de maître, et c’était déjà le cas lors de l’arrivée de
Devil May Care. Il ne faut absolument pas se fier à ce nom plus que clichesque, ces Russes là ont plus de potentiel qu’ils n’en ont l’air. Ils officient dans un style de black symphonique pas très réputé ni courant, à savoir un black sympho alternant chant extrême et chant lyrique féminin.
Cette formule avait déjà été plus ou moins exploitée par
Covenant avec son «
Nexus Polaris » ou par Cradle of
Filth. Il y a une petite dizaine d’année, c’était
Draconic qui avait expérimenté de cette manière avec son « Conflux », avant de s’orienter pour de bon vers du modern metal.
Plus récemment encore,
Arcane Grail,
Blackthorn et
Vintergata (Russes, eux aussi) ont montré qu’il était possible de mélanger les deux sans tomber dans le kitsch, en mettant en valeur le côté théâtral et puissant.
Devil May Care semble en être l’origine.
Son second album, «
Wrong Life Philosophy » est sorti en 2007, prêt de quatre ans après le premier « Awe ».
Devil May Care semble être un groupe aux multiples influences si l’on en croit le premier titre « Biblical Bloody Testimonies ». Le chant lyrique féminin apparaît comme un élément clé dans la musique du groupe, mais il se mélange particulièrement bien aux influences
Dimmu Borgir (pour l’ambiance et les effets de voix),
Sycronomica (pour les vocaux black possédés et le côté mélodique des guitares) et
Dominia (pour l’emploi des claviers et du violon). Ceci dit, on sent que les musiciens ont de la bouteille. Malgré des inspirations évidentes, le mélange est homogène et particulièrement bien réalisé, puissant aussi. Les titres sont plutôt longs mais passent comme une lettre à la poste grâce à leur dynamisme.
Pas de temps morts,
Devil May Care ne laisse rien au hasard puisque chaque élément a sa place. Les claviers sont catchy, les riffs véloces et tranchants (bien que parfois sous mixés) et le chant black a une force qui lui est propre.
On retiendra le côté théâtral comme sur «
The One Who Saves Me » avec son alternance de chant, les changements soudains de parties et l’insistance sur les claviers. Mais il faut dire qu’en 2007, c’est
Dimmu Borgir qui marque les esprits (de nos jours, il s’agit plutôt de
Carach Angren ou de
Fleshgod Apocalypse) et on tombe souvent sur des morceaux inspirés par les Norvégiens comme «
Requiem for Ideals » qui rappelle la période «
Spiritual Black Dimensions » / « Puritanical Euphoric Misanthropia », le chant féminin en plus. Le piano est pile poil dans l’esprit ainsi que l’ambiance et la mélodie. De même pour «
Distorted Reflection ot Consciousness ». Il y a en tout une bonne puissance de feu et une exécution dans les riffs rappelant le black suédois sans problème.
Devil May Care s’essaie aussi aux expérimentations avec « Implicit
Faith » avec ses effets électroniques, ses sonorités étranges et son côté un peu bordélique. De même pour «
Triumph of
Sinner » qui part un peu dans tous les sens, le chant lyrique devient même assez agaçant. En tout cas, ce second jet, «
Wrong Life Philosophy », est passé pratiquement inaperçu alors qu’il est sorti sur un label important en Russie (Molot Records). Le manque de diffusion aura eu raison de lui et le groupe ne semble même plus réellement actif, un comble, car cet album ne mérite pas d’être boudé. Malgré ses défauts, il passe très bien et a de l’énergie à revendre.
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