Writhes in the Murk

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
15/20
Nom du groupe Aevangelist
Nom de l'album Writhes in the Murk
Type Album
Date de parution 12 Septembre 2014
Style MusicalBlack Death
Membres possèdant cet album12

Tracklist

1.
 Hosanna
 07:39
2.
 The Only Grave
 08:23
3.
 Præternigma
 08:40
4.
 Disquiet
 04:18
5.
 Ælixir
 08:14
6.
 Harken to the Flesh
 05:54
7.
 Halo of Lamented Glory
 06:48
8.
 Writhes in the Murk
 09:26

Durée totale : 59:22

Acheter cet album

 $19.73  12,64 €  14,99 €  £13.52  $35.42  14,03 €  12,64 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Aevangelist


Chronique @ Icare

11 Septembre 2014

A réserver aux fans d’Imperial Triumphant, Portal, Abruptum, bref, à tous ceux qui aiment l'anti musique

Avant tout, permettez-moi de rire un bon coup. Oui, permettez-moi de rire de tous ces soi-disant metalleux de l’extrême qui pensent avoir exploré les méandres les plus abjects et dérangés de la musique, qui sont persuadés d’avoir expérimenté la folie sonore sous ses formes les plus malsaines et qui s’enorgueillissent en affirmant qu’un album de metal ne pourra plus jamais leur faire peur. Laissez-moi rire, et laissez-moi pleurer de terreur, de dégoût et de dépit en même temps. Car il y a Ævangelist et son Writhes in the Murk.
L’entité maudite Ævangelist ne mériterait pas de présentation. L’entité maudite Ævangelist mériterait de retourner directement d’où elle vient, dans les profondeurs abyssales de l’Enfer, et d’y pourrir à jamais, oubliée des hommes. En fait, l’entité maudite Ævangelist n’aurait simplement jamais dû voir la lumière du jour. Mais parfois, la vie est cruelle, et parfois, l’homme est masochiste, et c’est sans doute un terrible coup du sort qui poussa ce duo malade à se former en 2010 dans l’Illinois, afin de créer un art musical dérangé, noir et dissonant à l’extrême. Comme la peste, la contamination sonore se propage rapidement puisque De Masticatione Mortuorum in Tumulis et Omen Ex Simulacra sortent respectivement en 2012 et 2013, et que voici déjà la nouvelle Bête infâme de la paire damnée, j’ai nommé Writhes in the Murk . Pour notre plus grand malheur, soyez-en certains.

A priori, Ævangelist jouerait du black death. Encore une fois, laissez-moi rire : Ævangelist, c’est surtout un insoutenable charnier sonore, un chaos total et indéfinissable, une entité destructrice dont l’unique objectif est d’annihiler toute forme de vie, d’amour et de chaleur. Dès les premières secondes de Hosanna, on ne comprend rien, on subit un mur de guitares compactes et dégueulasses qui forment des couches abrasives et incandescentes, des vocaux démentiels qui nous agressent de toutes parts, une sorte de cacophonie infernale qui s’incarne en un coulis bourdonnant extrêmement grave et chaotique, un peu comme si Portal copulait avec Imperial Triumphant. Tout n’est que magma bouillonnant, donnant l’impression que le morceau se crée de lui-même au fur et à mesure que la piste évolue - se désintègre ! -, au gré de ces battements sourds et étouffés, de ces hurlements proprement effrayants et de ces lignes de guitare fantômes.

La voix n’est qu’un borborygme ininterrompu directement échappé des Enfers, un aboiement gras et rauque qui se noie dans cet océan désolé de saturation pestilentielle, la batterie résonne en un écho lugubre, imprimant un faux rythme lobotomisant, semblant vous donner un repère fallacieux dans le seul but de mieux vous anéantir avec vos frêles espérances, et les guitares sont effroyablement lourdes et abrasives. Vous êtes perdus, tâtonnant dans des ténèbres nauséabondes, errant dans un labyrinthe suffocant, noir et désenchanté au milieu d’un Golgotha sonore hanté par les souffrances de milliers d’âmes en perdition, d’où s’échappent des hurlements déments et des plaintes stridentes de douleur et de désespoir (le terrifiant Hosanna, la fin glaçante de PÆrternigma, bande son idéale d’une aliénation totale). Aucune lumière ne filtre, et au fur et à mesure que vous subissez ces 8 pistes maudites, vous assistez impuissants à votre propre damnation.

Le tout semble presque irréel, sorte d’invocation auditive maladive dont on ne demande qu’à sortir et trop abjecte pour être vraie, mais pétrifie sur place (le début de The Only Grave tétanisant et sa lourdeur hébétée) et habite l’auditeur d’un sentiment de malaise tenace. Ævangelist tue la mélodie, annihile le rythme, démolit les structures, vomissant un pus noir et innommable qui coule des enceintes et accouchant d’une hydre aux innombrables visages tous plus insoutenables les uns que les autres: dissonances affreuses, riffs nauséeux, voix démoniaques proprement inhumaines, sifflements stridents, disharmonies insidieuses s’incarnant sous forme de mille notes vibrantes tombant comme une pluie acide qui vient ronger la peau jusqu’à l’os, explosions bruitistes à la limite du soutenable, ambiant maladif et désincarné, l’écoute de ces 59minutes est réellement éprouvante.

Ælixir, extrêmement grinçant, dissonant et agressif dans ses sonorités malmenées et anxiogènes, dérangeant à l’extrême avec ces vocaux arrachés, cette charpie de rythme et ces stridences inaudibles qui écorchent littéralement l’oreille, joue avec nos nerfs et notre santé mentale, renvoyant Blut aus Nord jouer aux billes : en milieu de morceau, on entend même un saxophone fêlé expirer son requiem sous les ondes d’un ambiant glacial, avant que des percussions mortifères ne viennent conférer un rythme à peu près discernable à cette symphonie tristement macabre et que le pus des guitares et le mucus du growl, épais et méphitiques, reviennent nous inonder de leur fluide nauséabond pour mieux engluer notre âme. Parfois, les Américains sont capables de montrer un visage presque humain, dévoilant une facette plus « classique » dans une sorte de black death particulièrement pestilentiel et effroyable avec ces riffs rampants, ces vocaux caverneux et ces rythmes plombés (Hallo of Lamented Glory ), mais la plupart du temps, l’ignominie qui nous viole les oreilles ne peut être décrite avec de simples mots.

Et ce ne sont pas les arpèges tordus et le riff obsédant du titre éponyme clôturant l’opus qui viendront nous apaiser, baignant toujours dans ce halo d’ambiant bruitiste et inquiétant où cordes, basses et sons diffus tapis dans les ténèbres en une toile de fond cauchemardesque s’entrelacent, esquissant une danse macabre et décomposée. Façon faussement paisible d’entamer ce morceau de clôture, et d’autant plus perverse qu’on sent bien que la Bête cache encore quelque abomination larvée qui ne demandera qu’à nous exploser à la gueule. Cela ne manque pas sur les trois dernières minutes du titre, où des guitares abrasives à la Dolorian et des vocaux étouffés et déments, à peine audibles, lancent leurs assauts sournois contre ce qui nous reste de raison.

Voilà, tout est dit, on vient de subir 59 minutes d’horreur, d’agression et d’aliénation et on se relève en titubant. Writhes in the Murk est une expérience sonore extrême à la limite de la folie, très éprouvante, qui ne laissera personne indemne et qui risque de traumatiser même les plus téméraires d’entre vous. Certains tomberont à genoux devant cette nouvelle icône noire, d’autres, peut-être plus sensés, préserveront leurs oreilles et leur raison et prendront leurs jambes à leur cou devant ce blasphème hideux. Quoi qu’il en soit, on a ici une ode nihiliste et bruitiste particulièrement dérangeante qui vient pousser l’auditeur dans ses derniers retranchements. A réserver aux fans d’Imperial Triumphant, Portal, Abruptum et autres joyeusetés du genre, bref, à tous ceux qui aiment l’anti-musique.


8 Commentaires

7 J'aime

Partager

MrSD - 11 Septembre 2014: Après avoir lu les premières lignes je me suis empressé d'aller écouter ce méfait, car moi aussi je pensais avoir tout entendu à vrai dire. C'est plutôt dingue, sale mais fun et jouissif d'un autre côté... Je ne vais probablement pas y retourner mais je n'oublierais pas l’expérience.
Krypt - 13 Septembre 2014: Voilà un groupe que j'aimerais bien voir à l'occasion d'une soirée/tournée aux côtés d'un Portal, d'un Teitanblood, voir d'un Mitochondrion
Doomouton - 14 Septembre 2014: Je me demande ce que ca donnerait aussi en concert. Surement une expérience. Moi je vois bien Aevangelist / Portal / Amputator pour bien se faire plaisir.
Nacht - 19 Mars 2017: Excellent chronique pour un groupe qui me fascine beaucoup.

Matron Thorn a sortit en fin d'année dernière un album pour un de ses projet parallèle, dans le registre black metal, une sacrée claque mis a part le nom de groupe haha (Death Fetishist).

Révélation 2016 pour ma part.
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire