Il y a deux types de bonnes idées. Celle qui sont exploitées jusqu’au bout et parviennent à créer quelque chose, à aboutir à un résultat viable et une utilité incontestable. Puis il y a les bonnes idées qui ne trouvent pas d’achèvement, qui sont incapables de terminer leur action et qui, finalement, se transforment en échec pour la simple raison que le résultat ne fut pas à la hauteur des attentes.
Ce constat s’applique tout autant à la création artistique que matérielle, et
United Mind Club vient probablement d’en faire l’amère expérience sur son premier opus full-lenght, "World
Blood History" (inspiré par
Slayer ?).
Toujours est-il que, sur le papier, le groupe russe regorge de créativité et que ce premier véritable album, après un ep paru voici quatre ans, risque fort de défoncer les portes ouvertes à grand coup de mandales par les succès récents de la scène industrielle. Imaginé
Rammstein,
Eisbrecher, Marylin Manson ou
The Kovenant qui copulerait férocement avec la scène black symphonique occulte de
Limbonic Art ou
Emperor, l’ensemble avec une vision cinématographique et torturé que l’on pourrait allouer au fameux "Cult Movie" de
Punish Yourself. Il est certain que l’ouverture d’esprit et l’éclectisme musical sera essentiel pour adhérer à l’œuvre mais cela n’annonce que du bon…et pourtant…
D’un point de vue sonore, malgré une production peu extraordinaire, le résultat s’avère très correct, puissant et carré. Techniquement, une nouvelle fois (indus’ oblige), le niveau n’est pas forcément très élevé mais cela ne forme pas la moelle épinière du style.
Mais concernant les idées ? Et bien c’est justement ici que le bât blesse…
Le quatuor russe, dont l’imagerie se veut légèrement douteuse (entre les photos de groupes ridicules et l’artwork proprement hideux et son logo communiste, on se pose des questions…), essaie mais vainement, sans réussir ce qu’il entreprend, se montrant cruellement maladroit dans le placement de ses idées ou encore dans ses atmosphères ne s’imbriquant pas les unes dans les autres.
Clairement, "Dreams of
Luther" représente l’un des pics de mauvais goûts du disque. S’ouvrant sur un riff thrashisant, apparait ensuite petit à petit des interventions de claviers hors-propos, un riff mécanique et répétitif aussi varié que le son d’une tronçonneuse et surtout…surtout…des beuglements incompréhensifs et insupportables entre des parties vocales vaguement scandées et tout autant lassantes une fois passé la première phrase. Dans ce melting pot, l’on discerne parfois quelques envolées lyriques, des plans à la Cradle of
Filth (dans sa période la moins enthousiasmante) ou des relents nauséabonds de
Rob Zombie.
Heureusement, l’ensemble n’est pas de ce « niveau » et Dmitry Zimin se reprend parfois dans son chant, quelque fois même totalement convaincant. Après l’introduction électronique et glaciale de "When you were
Still Alive", débarque un très catchy "B.B.B.P" qui, si on lui ôtait son départ foireux, s’avère presque convaincant dans sa nervosité et son utilisation des samples. On reconnaitra évidemment une grande faiblesse dans les riffs, peu inspirés et répétitifs à outrance, mais on ne peut renier les idées et la volonté qui anime le combo de tenter de proposer quelque chose de personnel. Malheureusement, nous sommes visiblement dans la partie des « fausses bonnes idées » ici. L’intégration d’un passage arabisant en plein milieu de ce délire historico-moderne en est le meilleur exemple.
Il y aura bien le plus réussi "Interview with the
Beast", à la mélodie maladive et torturé, très proche du Manson de la grande heure, ponctué de sonorités en tous genres et de vocaux susurrés et malsain. Cependant, il faut toujours que les guitaristes tentent de partir sur des terrains qu’ils ne maitrisent pas, c’est-à-dire plus puissant et vindicatif, entre thrash et black, et c’est souvent dans ces contrées que le désastre débute, car le manque de technique s’y révèle flagrant. On se retrouve dès lors avec un groupe de quinzième zone, vraiment trop juste pour qu’on puisse s’y intéresser sur un album entier. "For Nobody but Me" débute lui aussi de la meilleure des façons, dans une ambiance militariste et dirigiste, avec une volonté de représenté les chœurs de l’Armée Rouge et d’ensuite dépeindre un malaise de chaque instant. L’aspect extrême est ici mieux maitrisé, les riffs plus percutants et le semblant de blast beat, malgré sa technicité sommaire, est réussie dans le fond. La boite à rythme apporte beaucoup à l’ambiance, malgré une fois de plus (comme s’ils ne pouvaient s’en empêcher), un élément viendra briser l’atmosphère, que l’on trouvera cette fois en la présence d’un solo complètement hors-propos.
"World
Blood History" est bien trop immature et déséquilibré, manquant de force et de conviction dans ses idées, malgré une envie évidente de bien faire.
United Mind Club doit murir et se forger une identité propre qui lui ressemble, et non pas tenter d’expérimenter à outrance pour obtenir ce résultat abjecte et finalement poisseux qu’il nous livre aujourd’hui.
La porte n’est pas complètement fermée car le groupe dispose d’une personnalité évidente. A eux désormais de la façonner de manière cohérente et harmonieuse.
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