Mechanical Poet. Sous ce titre de groupe limite ronflant se cache un album concept comme on les aime, pas kantiens mais suffisamment intéressants pour que l’on prenne la peine de se pencher dessus et nous fasse changer des thématiques sur la mort putride, les corps étripés aussi jouissives soit-elles.
Tout d’abord, le groupe joue une sorte de métal-prog très puissant, le son est explosif, très "heavy" les guitares font plus dans la saturation, les nombreux passages gras ne vont pas sans rappeler certaines touches à la limite du trash avec utilisation de la double grosse-caisse souvent en syncope. Musicalement, le groupe surprend par ces pointes de sonorité grasses qui se marient à des éléments typiquement progressifs : des solos alambiqués limites démonstratifs, cependant peu présents sur le disque (ouf !), un chant clair bien lyrique et des louches de claviers symphoniques et gothiques sont nombreuses.
Mais bon, revenons au concept de ce disque. Quand on ouvre le livret, on tombe sur une sorte de bande-dessinée très dans la veine comic-book américain. C’est sur ces plusieurs planches que se trouvent les paroles de chaque chanson se transformant plutôt en une sorte de voyage onirique dans un monde à la fois féerique (et bédéphile) et pour le moins étrange où se côtoient personnages à la Tim Burton et créatures autant grotesques qu’attachantes. Ainsi se cotoient dans cette galette trolls avares, gnomes, harpies hargneuses, fantômes poètes, sylphes, zombie sympathique, créatures de laves et même un Père-noël désabusé !!).
La musique du groupe est donc le guide sonore de ce voyage complètement surréaliste. Et pour ça, on peut dire que les deux médiums collent à merveille sur cette galette. Les claviers font très penser aux films de Burton (« L’étrange noël de monsieur
Jack », « Beetlejuice » ou encore « Edward aux mains d’argent ») aussi beaux que d’une inquiétude larvée et bizarrement les musiciens font tout pour. Chaque note et passage, chaque voix transposent parfaitement l’ambiance des titres. La voix change quand un personnage prend la parole (instaurant vraiment une logique de dialogue entre personnages et auditeur), la structure musicale se fait par chaque tableau ou case du comic-book donnant à ce disque une histoire ainsi qu’une temporalité.
Toujours surprenant, le groupe mijote des parties introductives indus, même de courts blasts font leurs apparitions et l’on a en cadeau un titre fendard, très
Finntroll racontant les déboires, sous fond de "pouet, pouet" sonores de deux trolls (logique) se bagarrant pour une pièce d’argent gigantesque. Ce monde de contes de fées absurde et par moments complètement grotesque (certaines voix sont hallucinantes) ne va pas sans penser à une parabole de notre réalité, mais d’une manière enlevée, mélancolique (on est loin du consensuel mou d’un Disney, malgré quelques accents détournés adroitement) qui finalement se présente en une signification assez positive, là c’est sûr, ça change un max. !!!
Élu par mes soins comme l’OVNI de l’année 2004, tout style confondu et pour une fois que ce style, où je suis, en grande majorité peu attiré, m’introduis dans un univers autant comique qu’un voyage dans un monde de rêve. "
Woodland Prattlers" fait donc partie de ces disques que l’on n’attend pas et qui surprennent par leurs qualités musicales autant que thématiques inédites.
Curieux, rigolard et musicalement excellent (ne prêtez pas d’attention à la pochette), cet album de
Mechanical Poet est la pièce parfaite pour ceux qui sont en recherche d’évasion et qui peuvent se coltiner des mélanges hybrides et intelligents.
J'ai par contre écouté le petit dernier en date, Eidoline, que j'ai trouvé beaucoup moins intéressant.
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