Et hop, encore un ! Oui, encore un groupe qui vient allonger l’interminable liste des combos dans lesquels officie l’hyperactif Lauri Penttilä, plus connu sous le pseudonyme de Werwolf et incarnation de l’incontournable
Satanic Warmaster !
Grieve est un tout jeune duo formé par Werwolf donc et V-
Khaoz, multiinstrumentiste de la scène finlandaise, qui s’illustre notamment dans Vargrav et Sorgetid. Réunie en 2019 à peine, la paire maudite sort un premier album,
Funeral, en 2022, après un EP et un split, et la voilà déjà de retour pour un deuxième full length intitulé Wolves of the Nothern
Moon qui sort sur…
Werewolf Records (vous l’auriez deviné…) et épaulée d’un nouveau vocaliste, l’illustre Hellwind Inferion connu pour pousser la chansonnette chez les copains de
Sargeist et
Desolate Shrine.
Le savoir-faire des trois compères n’est plus à démontrer, et
Funeral était déjà un très bon album dans un style finlandais très mélodique, rapide et rentre-dedans, ceci dit, ce nouvel opus hausse encore le niveau d’un cran : c’est simple, on garde la profondeur mélodique et les atmosphères du premier album, et on y rajoute une touche de crasse et de violence histoire de monte run peu el niveau de testostérone.
C’est sur une toux sèche, un raclement de gorge bien glaireux et l’expulsion d’un molleton qu’on imagine volontiers tirant entre le vert et le jaune que démarrent les hostilités : le moins que l’on puisse dire, c’est que voilà une intro pour le moins déroutante qui annonce bien la (les ?) couleur(s) !
Et c’est parti mon kiki : un riff black n’ roll infernalement headbangant aux trémolos délicieux, un poum tchak débridé au rythme irrésistible, des vocaux particulièrement… rêches et raclés dirons-nous (bien différents de ceux de l’album précédent, pour le coup, le changement de chanteur s’entend !), et un ralentissement en milieu de morceau qui épaissit et assombrit considérablement l’ambiance, sur laquelle la basse se fait particulièrement audible, quel premier morceau jouissif !
On continue pied au plancher avec
Ancient Enemy of
Life, le bien nommé Hellwind Inferion continue à gueuler à s’en péter les cordes vocales, avec des hurlements au bord de la rupture qui, même si certains gimmicks vocaux peuvent prêter à sourire (il y a très peu d‘effets sur le chant, complètement mis à nu et piteusement humain, exhibant fièrement ses imperfections criantes), n’en débordent pas moins d’une folie écumante et rageuse qui n’est pas sans rappeler
Nattefrost. Ce chant dégueulasse et ce rythme soutenu apportent un côté cru et une bestialité inédites qui font parfois penser aux grands frères de Black
Beast, et l’exploit de ce Wolves of the Nothern
Moon (ha ha, quel nom !) est certainement de réussir à allier une profondeur atmosphérique assez incroyable avec une violence et un sentiment d’urgence qui fleurent bon le vieux punk crado (les morceaux s’achèvent sur des larsens grésillants et démarrent par des bourdonnements d’ampli). Alors oui, le tout est basique et un brin répétitif, certes, mais bougrement efficace.
Au même titre que l’excellent opener Wolves of the
Wintermoon, Deep in The Ice-
Cold Mountains est un parfait exemple de ce juste dosage entre furie, mélodies ensorcelantes et grandeur épique qui nous élève et nous emplit d’une ardeur guerrière, sur lesquels batterie aux patterns simplistes mais terriblement efficaces, basse grinçante, rafales glaciales de riffs majestueux et vocaux glaireux et arrachés fusionnent en un blizzard black metallique quasi parfait.
Si les 2,18 petites minutes débridées de
Glacier font penser à une sorte de version finlandaise et speedée de
Darkthrone,
Eternal Winter,
Eternal War est un peu moins convainquant, morceau lent, minimaliste et répétitif avec ces trois notes de clavier Bontempi un peu cheap et très burzumiennes qui s’enchaînent inlassablement, tentant d’habiller des guitares traînantes et fatiguées, ceci dit le phrasé final martelé à l’envi finit tout de même par nous rentrer insidieusement dans le crâne.
C’est d’ailleurs toute la force du groupe, qui donne allègrement dans tous les clichés et flirte volontairement avec les limites du mauvais goût et du minimalisme sans jamais se casser la gueule, parvenant à sonner foutrement authentique et à nous sortir un excellent album.
Alors oui, certes, l’ensemble est bien trop court (29 minutes à peine) et des morceaux comme
Damnation Nocturne et
Eternal Winter,
Eternal War ne sont pas inoubliables, même s’ils s’insèrent plutôt bien dans ce bloc glacial et compact, le premier creusant le côté atmosphérique du groupe et le second offrant une petite respiration mid tempo avant un dernier baroud d’honneur. Mais en l’état, on ne se plaindra pas, car si Wolves of the Nothern
Moon donne dans le bas du front, direct et méchamment rentre-dedans, il dépasse de la tête et des épaules un Aamongandr certes bon, mais un peu trop mélodique et pas assez rugueux.
Pour conclure, ce deuxième glaviot de
Grieve est une très bonne sortie qui s’inscrit parfaitement dans la tradition black metallique de
Werewolf, s’inspirant notamment des débuts plus crus de
Satanic Warmaster ; les amateurs d’un black metal rapide, agressif, et néanmoins mélodique ne s’y tromperont pas et se délecteront de cette barbarie musicale, ceux qui recherchent de la variation passeront simplement leur chemin.
Décidément, je ne sais pas ce qui se passe sous cette lune du grand nord, mais une chose est sûre, son effet est parfaitement galvanisant et semble être une source d’énergie et d’exaltation inépuisable pour notre Loup-Garou carélien…
Coïncidence la sortie de l album et ta chro arrivent alors que je viens de recevoir leur 1er full Funeral. Curieux d entendre le résultat avec un autre chanteur à la tessiture complètement à l opposé. La durée est un peu chiche, mais ton papier m a mis l eau à la bouche. Rdv dans 2 ans minimum pour mes impressions sur ce 2ème brûlot... fidèle à mes habitudes!
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