Liste des groupes Folk Pagan Sjuk Wolf Is Coming

Le stade des premiers pas d’une formation est toujours compliqué. Harassant si en plus on ne dispose que de peu de moyens. Le très modeste projet parisien « Sjuk », dont le nom signifie en suédois « malade », ne fait pas office d’exception à la règle. Ses tous débuts vont donc se révéler difficiles, voir très difficiles si on en vient à l‘écoute de sa première démo sorti en 2009, soit deux ans après la fondation du projet. Cette démo « Wolf Is Coming » nous révèlerait un folk growlé en pleine expérimentation, encore exploré et pas abouti. Les temps sont durs, le loup affamé ne parvient pas encore à tracer sa première proie.

Cela s’annoncerait charmeur si on en croit « Frojd’s Booze », mais on se rendra vite compte du long chemin à parcourir pour « Sjuk » lorsque vient le hurdy gurdy. On aurait une musique folk moyenâgeuse assez maladroite. La guitare électrique intervient à son tour, grésillante. Le morceau prend alors du poil de la bête, mais nous regagnerons nos appréhensions mesurées, quand vient le tour du chant ou plus exactement des chants. Un chant growlé et un autre sensé être black, tous deux assez laids. Le growl seul agirait sur « On the Sea », mais ne s’en ressent guère mieux. En état de souffrance et peu viril. Le titre s’apprécierait plus pour ses sonorités délicates à la lyre, aussi pour son jeu plutôt bien structuré et prenant. Mais diable, que la production est mauvaise. Cela n’aide pas en tout cas les instruments à s’épanouir dans plus de liberté.

On aurait une image de l’opus plus poétique sur « Intro-Freyja Part 1 ». Normal que le titre consacré à la déesse scandinave de la beauté et de l’amour paraisse aussi le plus beau. C’est la flûte qui emboîte le pas, jouant de sa mélodie si apaisante. Tout ne serait ici que délicatesse et fraîcheur. La guitare et la batterie seraient au contraire là pour propager le chaos, et plus exactement pour donner du volume à un morceau qui sonnerait assez artificiellement. En abordant les sonorités artificielles, on en viendra à « Einherjer in the Valholl » et à son entame, qui se laisserait croire en provenance d’un synthétiseur casio bon marché. La suite, accordant une petite place à l’accordéon et à un growl étouffé, se révèlerait tout aussi inélégante. Statique, franchement désagréable.

Nous aurions pu en faire une soupe à la grimace de cette démo. Un véritable brouillon, avec pas mal de ratures comme il fallait s‘en douter. On percevrait des éléments vagabonds retenant notre intérêt et laissant profiler de meilleurs horizons à « Sjuk ». Ceux-ci nageraient cependant au beau milieu des crispations sonores, d’un growl amateur et de la production de faible qualité. Oui, aussitôt né, notre petit loup a faim et attend impatiemment le ventre creux que sa louve de mère lui apporte à manger. En cet instant, il attend, il gémit. Que la nature peut être sans pitié.

08/20