En 1985, lors de la sortie de "
Behind the Realms of Madness", premier opus de Sacrilege, les britanniques avaient frappé un premier grand coup en balançant 26mn d’un mélange entre thrash et crust punk, plaçant la troupe de Birmingham aux côtés de leurs illustres compatriotes
Amebix et
Hellbastard, les précurseurs du genre.
Emmené au chant par Lynda "Tam" Simpson, le groupe ne peut empêcher la comparaison avec ses homologues partageant la particularité du chant féminin, notamment Detente ou encore
Holy Moses. Si avec ce premier disque, on peut y voir des similitudes dans la hargne déployée, quand deux ans plus tard, en 1987, sort "
Within the Prophecy", les rapprochements s’arrêtent là.
Entre-temps passé sous le label Under One Flag, Sacrilege délivre sur ce deuxième effort un thrash moins direct, plus policé et complexe, ainsi qu’aux légers accents gothiques, avec l’imagerie qui va avec (la pochette ou encore les allusions au Seigneur des Anneaux : "
Fight of the
Nazgul"). De plus, le quatuor intègre notamment quelques séquences pouvant s’apparenter au doom, présageant de la future orientation du groupe, dans des morceaux tels que "The Fear Within" ou "
Winds of
Vengeance". C’est ainsi plus vers des groupes comme
The Mist ou
Seventh Angel que la comparaison alors s’oriente.
Malgré ces réajustements, le son déployé reste incroyable de lourdeur de par ses riffs grésillant, à la façon d’un "
Strappado" de
Slaughter (bien qu’il n’en atteint jamais la puissance), et les martèlements du batteur Andrew Baker, qui d’ailleurs officiera par la suite chez
Cerebral Fix, à l’image des premières séquences de "
Winds of
Vengeance".
La production n’est pas tout à fait étrangère à cela, tant tous les pans de la musique sont équilibrés au même niveau. Ainsi, les solos se perdent dans le volume du son, s’y intégrant pour lui donner sa dimension épique plutôt que de s’y superposer, comme on peut s’en rendre compte sur "
Spirit Cry". Il va de même pour le chant de Tam, perdue dans les riffs, privilégiant l’ensemble de la musique avec un chant plus posée, comme dans "The Captive", plutôt de balancer sa hargne de l’album précédent.
En conséquence, on ressent une fausse lenteur à l’instar d’un "A Tribute to
Insanity" d’
Hexenhaus, avec des riffs moins saccadés qu’à l’accoutumé dans le thrash "classique". Les accélérations peuvent perdre un peu d’impact, et il y a risque d’une certaine confusion ou monotonie si l’écoute est distraite. Pour autant, Sacrilege aboutit à un ensemble sombre, très puissant et cohérent, finalement beaucoup plus varié en termes de nuances et de changements de rythmiques, nombreux dans "Sight of the Wise", que ce que la première impression pourrait laisser croire.
Tandis que "
Search Eternal" prodigue une monumentale synthèse de l’œuvre, on peut conclure que Sacrilege, avec ce "
Within the Prophecy", a produit là un album fort différent et personnel. Il pourra décevoir ceux qui avaient été séduits par la fougue et à la spontanéité punk de "
Behind the Realms of Madness", mais pourra subjuguer les thrashers en quête d’un son puissant et singulier.
Par la suite, la bande clôturera sa trilogie en 1989 avec "
Turn Back Trilobite", en inversant quelque peu les proportions entre doom et thrash, dans la continuité de leur évolution mais s’adressant alors à un nouveau public.
@Adrien: tu as raison, tout le monde sait que les meilleurs blagues sont les plus longues...
Un album incroyable d'originalité, qui montre le génie créatif de ce groupe. Loin du thrash hardcore in your face de l'album précédent, Sacrilège sort un disque d'une grande maitrise et à la personnalité très forte. Le son y est pour beaucoup, ainsi que la voix de sa chanteuse, du coup très atypique pour le style. Une véritable bombe (même si j'avoue avoir un sacré faible pour son prédécesseur et son influence éternelle sur toute la scène crust, y compris actuelle).
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire